La Nation Bénin...
Un
acteur politique membre d’un parti d’opposition a tenu des propos jugés faux au
sujet des taux d’exécution physique et financière du chantier du nouveau siège
de l’Assemblée nationale, de l’attribution de marchés publics en lien avec le
coût des routes au kilomètre au Bénin et autres. Face aux polémiques, Jacques
Ayadji, ministre conseiller aux Infrastructures, était face aux professionnels des
médias, ce mardi 3 juin 2025, pour apporter des éclaircissements.
C’est
une conférence de presse tenue à l’attention du peuple béninois. Jacques
Ayadji, ministre conseiller aux Infrastructures, dit ne pas s’adresser aux
auteurs des contrevérités lancées sur les réseaux sociaux, mais plutôt aux
populations pour éclairer leur lanterne.
Quatre
sujets étaient à l’ordre du jour de son exercice de déconstruction. Les
chiffres réels des taux d’exécution physique et financière du chantier de
l’Assemblée nationale, la question des infrastructures de contre-mobilité sur
les pistes frontalières non autorisées, le mécanisme de passation des marchés
en lien avec le coût des routes au kilomètre et la polémique sur les 1200
milliards qu’auraient laissés le régime défunt avant son départ en 2016.
Sur
le premier point relatif au nouveau siège de l'Assemblée nationale, Jacques
Ayadji a expliqué que tous les marchés n’ont pas été attribués au même moment
contrairement à la pratique d’avant 2016. Ce qui justifie les différents taux
d’exécution physique et financière annoncés lors des visites du chantier. « Ce
projet de l'Assemblée nationale n'a pas coûté 78 milliards comme on a eu à
l’entendre. Jusqu'à date, le montant engagé est de 59 milliards de francs Cfa.
Et il ne reste que le mobilier, la sonorisation, l'éclairage qui fera l'objet
d'un autre marché public», explique Jacques Ayadji. Il assure que le régime du
président Talon a adopté une approche différente en exécutant le projet phase
par phase. « La première phase a été celle de la construction du gros œuvre et
c'est ce point qui avait été fait en 2023. Et les gros œuvres sont finis avec
l'entreprise Csce pour un montant de 27 milliards francs Cfa. Le second marché
qui a été confié à une autre entreprise pour un montant de 29 milliards est en
cours et c'est ce projet qui a affiché les derniers taux qui ont été
malencontreusement présentés comme étant le taux relatif au lot de gros œuvre
pour créer cette polémique », a-t-il déploré.
Le
2e point est relatif aux infrastructures de contre-mobilité sur les pistes
frontalières non autorisées. « Nous avons jugé bon de déconstruire
l'information selon laquelle ce sont les populations qui sont habilitées à
connecter notre pays aux pays voisins. Ce n'est pas le cas. C'est un domaine
régalien. C'est l'État qui décide des frontières. Et le décret encore en
vigueur date de 2001 et toutes les pistes qui sont utilisées frauduleusement
pour rallier les pays voisins sont fermées parce que pour ouvrir une frontière,
il y a des conditions à respecter ». Jacques Ayadji dément ainsi les propos
tenus par un élu de l’opposition, relatif à une piste de connexion avec le
Nigeria.
Coût de route au kilomètre
Le
troisième sujet au sein de l’opinion publique nationale est relatif au mode de
passation des marchés publics au Bénin en lien avec le coût des routes au
kilomètre. Là aussi, le ministre conseiller a estimé qu’il y a contrevérité. «
Le gouvernement a expérimenté les deux modes. L'appel d'offres ouvert et les ententes
directes. Les appels d'offres ouverts sont chronophages. Vous pouvez démarrer
une procédure et c'est des années après que vous retenez l'entreprise. Et ce
n'est même pas sûr que les entreprises que vous retenez soient des entreprises
performantes (…). Le gouvernement a fait l'option d'offrir des ententes
directes pour aller vite parce que s'il doit passer plus de trois ans pour
conclure un marché, je ne sais pas si tout ce que nous sommes en train de faire
aujourd'hui en termes d'infrastructures routières, nous pourrions réussir à le
faire. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne s'adresse qu'à une seule entreprise.
On challenge plusieurs entreprises en capacité de faire le travail et on prend
la meilleure parmi elles. C'est ce que nous faisons », détaille Jacques Ayadji.
Sur le coût des routes, le ministre conseiller dit avoir entendu parler de 6
milliards francs Cfa par kilomètre construit. Ce qui n’est pas vrai,
assure-t-il. En effet, « le coût au kilomètre n'est pas une donnée pertinente
», estime Jacques Ayadji. Le ministre conseiller sort un échantillon de projets
et tente un calcul du coût au kilomètre. « Nous constatons que les 6 milliards
dont on parle, ne se retrouvent nulle part », déplore-t-il. Il saisit
l’occasion pour montrer au public la structure des chaussées, telle que exigée
par le gouvernement du président Talon.
Le dernier sujet évoqué porte sur les supposés 1200 milliards qu’aurait hérités le régime Talon en 2016. « Il est dit partout que le gouvernement défunt a laissé 1200 milliards. Il n'y a pas de 1200 milliards laissés par l’ancien régime. J'ai longuement expliqué que c'était un processus qui a été lancé pour construire des routes... Il n'y a pas eu de 1200 milliards laissés par un régime que quelqu'un a utilisés après. Même le régime défunt, en lançant le processus, avait dit n’avoir pas d'argent et a appelé à l’aider à mobiliser l'argent en s’engageant à donner une garantie pour cela. Mais la garantie n'a même pas été donnée. Cet argent n'a jamais été mobilisé ! », a clarifié une fois encore Jacques Ayadji.