La Nation Bénin...
Avec
un parcours exemplaire entre lutte contre le racisme et dévouement social, Jean-Grégoire Zacharie
Sagbo, premier élu noir de Russie, s’est éteint le 27 décembre 2024, laissant
derrière lui l’héritage d’un engagement sans faille pour sa communauté. Il sera
inhumé le 21 janvier prochain à Savi, au Bénin, son pays natal.
Figure
de l’engagement citoyen en Russie, Jean-Grégoire Zacharie Sagbo s’est éteint,
le 27 décembre dernier, laissant un héritage de dévouement et de résilience.
Premier élu noir de Russie, il sera inhumé le 21 janvier prochain à Savi, au
Bénin, son pays d’origine. A cette occasion, sa famille, ses proches et la
communauté béninoise de Russie vont lui
rendre un ultime hommage à l’arrivée de sa dépouille, lundi 20 décembre
prochain. Né le 10 mai 1959,
Jean-Grégoire Sagbo quitte le Bénin en 1982 pour poursuivre ses études en
économie à Moscou, en Union soviétique. Engagé dans des mouvements
progressistes, il s’installe en 1989 à Novozavidovo, une petite ville de 10 000
habitants, où il fonde une famille avec son épouse russe. Dans un contexte
marqué par le racisme, il s’impose progressivement par son engagement communautaire.
Pendant près de dix ans avant son élection en 2010 comme conseiller municipal,
il organise des collectes de déchets et plante des fleurs pour embellir la
ville. Sa détermination à améliorer les conditions de vie de ses concitoyens
lui vaut le respect de tous.
Jean-Grégoire
Sagbo refuse d’être comparé à Barack Obama, bien que surnommé « l’Obama russe».
« Il est Noir et je suis Noir, mais la situation est complètement différente »,
précisait-il. Pour Vyacheslav Arakelov, maire de Novozavidovo, M. Sagbo était
avant tout un véritable Russe : « Sa peau est noire, mais c’est un Russe à
l’intérieur. Seul un Russe pourrait se préoccuper de cette ville comme il le
fait ». Sa carrière politique a été marquée par des actions concrètes telles
que la lutte contre les drogues, la dépollution d’un lac et le développement du
chauffage domestique.
Son
amour pour son pays natal et pour la solidarité humaine lui vient de son
éducation. Sa mère, catholique fervente, a adopté huit enfants en plus de lui
et de son petit frère, leur inculquant des valeurs profondes de partage et
d’entraide. Jean-Grégoire Zacharie Sagbo n’a jamais oublié ces principes : «
Celui qui a un peu plus doit toujours aider les autres. C’est cela qui sauve
les pays africains», affirmait-il.
Malgré les difficultés, notamment son arrestation lors d’un retour au Bénin dans les années 80 en raison de ses convictions politiques, il est resté fidèle à ses idéaux. La mobilisation des autorités russes pour obtenir sa libération à l’époque témoigne de l’estime qu’il avait suscitée. Jean-Grégoire Zacharie Sagbo laisse derrière lui le souvenir d’un homme intègre, dévoué et porteur d’espoir. Sa disparition est une perte immense pour les communautés béninoise et russe. Le 21 janvier prochain, Savi, son village et le Bénin entier vont rendre un hommage mérité à celui qui a su transcender les frontières et les préjugés pour servir les autres.