La Nation Bénin...

Editorial de Paul AMOUSSOU: Conjoncture

Chroniques
Paul AMOUSSOU Paul AMOUSSOU

La question du pouvoir d’achat est devenue un véritable souci mondial. L’impact de l’exportation massive de certaines céréales dont le maïs, base alimentaire des Béninois, sur le pouvoir d’achat de ces derniers, leur a fait davantage toucher du doigt le problème. Ainsi, de nombreux Béninois tirent le diable par la queue, et ont des difficultés à joindre les deux bouts.

Le gouvernement a-t-il oeuvré de sorte à juguler cette fragilité qui a un marquage social fort aujourd’hui ? Oui, à en juger par le taux d’inflation sous maîtrise alors qu’il se situe dans des proportions astronomiques un peu partout dans le monde.

Mais à l’évidence, les mesures prises par le gouvernement béninois ne sont pas arrivées à bout du mal. Le contrôle, par exemple, du taux d’inflation, censé refléter cette belle donne de l’action gouvernementale, montre un taux de croissance économique qui n’impacte pas directement les ménages et les couches vulnérables. La revalorisation salariale, censée relever le pouvoir d’achat, mesure importante soit-elle, ne touche en définitive qu’une infime proportion de la population. Encore qu’une partie des agents du secteur public demeure non encore impactée par cette mesure. Et surtout, ajouté à cela, le secteur privé qui ne suit pas la dynamique de revalorisation malgré l’exhortation du chef de l’État à cette fin.

Cependant, le coût de vie renchérit, le pouvoir d’achat s’amenuise. Équation cornélienne, sous l’effet conjugué de phénomènes exogènes : guerre en Ukraine, surtension à Gaza, appel (soutenu) d’air venant du Niger qui siphonne de nombreuses denrées alimentaires, hausse du prix des hydrocarbures...

Autant de déterminants d’une crise sociale face à laquelle tous les gouvernements peinent, y compris celui béninois ! Que peuvent-ils d’ailleurs, sachant que la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a, et que l’État providence, sous le consensus établi (au Bénin lors de la Conférence nationale, avec l’adoption du libéralisme économique), est en quasi-mort cérébrale? Les ressources étatiques n’étant du reste pas inépuisables, dans un pays comme le nôtre où tout est impératif, il va sans dire que tout gouvernement ne peut que définir des priorités et opérer des choix non périlleux pour la pondeuse, c’est-à-dire le Trésor public.

Mais qui, pour faire entendre cela à des ventres affamés ? C’est de cette interrogation qu’il faut puiser le sens des velléités manifestées par les syndicalistes qui ont battu le macadam. Un macadam qui, à Cotonou, samedi dernier, a résonné au son strident de leurs revendications. Mais ce n’est pas tout de marcher. Reste à résoudre la quadrature de cette conjoncture, appelée à durer au regard de la géopolitique actuelle. Car, ce n’est pas affabulatoire de soutenir que la crise entre Israéliens et Palestiniens par exemple impacte le panier de la ménagère au Bénin, parce que le grand détour fait par les navires a une réelle incidence sur le fret maritime ! Du reste, aucun gouvernement au monde ne dispose des moyens pour agir sensiblement et épargner à ses administrés les désagréments liés à une conjoncture économique latente et dont les ressorts sont extérieurs...

Par   Paul AMOUSSOU, le 13 mai 2024 à 06h40 Durée 3 min.
#éditorial de Paul Amoussou