La Nation Bénin...
La
question du pouvoir d’achat est devenue un véritable souci mondial. L’impact de
l’exportation massive de certaines céréales dont le maïs, base alimentaire des
Béninois, sur le pouvoir d’achat de ces derniers, leur a fait davantage toucher
du doigt le problème. Ainsi, de nombreux Béninois tirent le diable par la
queue, et ont des difficultés à joindre les deux bouts.
Le
gouvernement a-t-il oeuvré de sorte à juguler cette fragilité qui a un marquage
social fort aujourd’hui ? Oui, à en juger par le taux d’inflation sous maîtrise
alors qu’il se situe dans des proportions astronomiques un peu partout dans le
monde.
Mais
à l’évidence, les mesures prises par le gouvernement béninois ne sont pas
arrivées à bout du mal. Le contrôle, par exemple, du taux d’inflation, censé
refléter cette belle donne de l’action gouvernementale, montre un taux de
croissance économique qui n’impacte pas directement les ménages et les couches
vulnérables. La revalorisation salariale, censée relever le pouvoir d’achat,
mesure importante soit-elle, ne touche en définitive qu’une infime proportion
de la population. Encore qu’une partie des agents du secteur public demeure non
encore impactée par cette mesure. Et surtout, ajouté à cela, le secteur privé
qui ne suit pas la dynamique de revalorisation malgré l’exhortation du chef de
l’État à cette fin.
Cependant,
le coût de vie renchérit, le pouvoir d’achat s’amenuise. Équation cornélienne,
sous l’effet conjugué de phénomènes exogènes : guerre en Ukraine, surtension à
Gaza, appel (soutenu) d’air venant du Niger qui siphonne de nombreuses denrées
alimentaires, hausse du prix des hydrocarbures...
Autant
de déterminants d’une crise sociale face à laquelle tous les gouvernements
peinent, y compris celui béninois ! Que peuvent-ils d’ailleurs, sachant que la
plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a, et que l’État providence,
sous le consensus établi (au Bénin lors de la Conférence nationale, avec
l’adoption du libéralisme économique), est en quasi-mort cérébrale? Les
ressources étatiques n’étant du reste pas inépuisables, dans un pays comme le
nôtre où tout est impératif, il va sans dire que tout gouvernement ne peut que
définir des priorités et opérer des choix non périlleux pour la pondeuse,
c’est-à-dire le Trésor public.
Mais
qui, pour faire entendre cela à des ventres affamés ? C’est de cette
interrogation qu’il faut puiser le sens des velléités manifestées par les
syndicalistes qui ont battu le macadam. Un macadam qui, à Cotonou, samedi
dernier, a résonné au son strident de leurs revendications. Mais ce n’est pas
tout de marcher. Reste à résoudre la quadrature de cette conjoncture, appelée à
durer au regard de la géopolitique actuelle. Car, ce n’est pas affabulatoire de
soutenir que la crise entre Israéliens et Palestiniens par exemple impacte le
panier de la ménagère au Bénin, parce que le grand détour fait par les navires
a une réelle incidence sur le fret maritime ! Du reste, aucun gouvernement au
monde ne dispose des moyens pour agir sensiblement et épargner à ses administrés
les désagréments liés à une conjoncture économique latente et dont les ressorts
sont extérieurs...