Comptes extérieurs du Bénin: Analyse d'une année sous pression

Depuis plusieurs années, le Bénin s’efforce de renforcer sa compétitivité économique et d’améliorer ses échanges extérieurs. La journée de diffusion des comptes extérieurs, organisée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), a permis d’examiner la balance des paiements du pays pour l’année 2023 et d’identifier les défis et opportunités à venir.

En effet, les échanges extérieurs du Bénin en 2023 ont évolué dans un contexte mondial marqué par la guerre en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient et le resserrement des conditions financières internationales. Conséquence, la croissance de l'économie mondiale s'est établie à 3,3 % en 2023, après 3,6 % en 2022 et 6,6 % en 2021. Dans ce contexte, la balance des paiements du Bénin a affiché un déficit global de 405,3 milliards de Fcfa, principalement en raison d'un déficit des transactions courantes supérieur aux mobilisations de ressources internationales. L'augmentation du déficit courant extérieur est largement attribuée au démarrage de la politique d’industrialisation du pays et aux investissements dans les infrastructures socio-économiques. Ces initiatives ont entraîné une hausse des importations de biens d’équipement et de services spécialisés en ingénierie, santé et éducation.

Toutefois, les exportations de biens ont progressé de 6,1 %, atteignant 2 457,0 milliards de Fcfa, portées par la forte croissance des expéditions de noix de cajou (+229,6 %) et de soja (+890,0 %), en grande partie grâce aux investissements réalisés dans la zone économique spéciale de Glo-Djigbé. Parallèlement, les importations ont augmenté de 3,9 %, atteignant 2 820,3 milliards de Fcfa.

En ce qui concerne la position extérieure globale du Bénin, elle a dégagé un passif financier net de 5 247,0 milliards de Fcfa à fin décembre 2023, contre 4 366,4 milliards de Fcfa un an plus tôt. Les actifs financiers détenus par les résidents béninois se présentent sous la forme d’investissements de portefeuille, de crédits commerciaux et de prêts, principalement auprès des non-résidents situés dans la zone Uemoa et hors Zone Euro. Quant aux passifs financiers, ils concernent des emprunts, des investissements directs et des investissements de portefeuille contractés auprès d’acteurs non résidents en Amérique du Nord, en Asie, dans l’Uemoa et dans la Zone Euro.

Renforcer l’économie

Afin de corriger le déficit structurel du compte courant et de consolider les entrées de capitaux, plusieurs recommandations ont été formulées à l’intention des principaux acteurs économiques. A l’endroit du gouvernement, il est recommandé de poursuivre le programme d’industrialisation, notamment en renforçant la transformation des produits agricoles et la production d’emballages, tout en poursuivant les réformes destinées à améliorer l’environnement des affaires. Il devra également intensifier l’appui de l’Agence de développement des petites et moyennes entreprises (Adpme) aux entreprises offrant des services spécialisés tels que l’informatique, la télécommunication et la maintenance.

Par ailleurs, la promotion des industries culturelles et touristiques devra être renforcée en améliorant l’attractivité des sites et la qualité des œuvres artistiques et culturelles.

Enfin, une gestion plus efficiente de la dette publique est recommandée, en mettant l’accent sur la réduction des coûts et la minimisation des risques de change.

Le secteur privé, pour sa part, doit tirer profit des opportunités offertes par le gouvernement en investissant davantage dans la Zone industrielle spéciale de Glo-Djigbé. Il lui est également demandé de respecter les réglementations en vigueur en matière de rapatriement des recettes d’exportation, afin d’assurer une meilleure stabilité financière du pays.

La Bceao, quant à elle, est appelée à intensifier ses efforts pour garantir le rapatriement intégral des recettes d’exportation et à collaborer avec les acteurs nationaux pour améliorer l’efficacité de son dispositif de financement des Pme et Pmi. À l’horizon, la mise en œuvre des recommandations formulées lors de cette journée sera déterminante pour améliorer la balance des paiements et renforcer la résilience économique du Bénin face aux défis mondiaux.