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Corridor Cotonou – Niamey: Surmonter les défis pour rester compétitif

Economie
Des dispositions sont nécessaires pour éliminer les goulots d’étranglement qui  ralentissent les échanges le long du corridor Des dispositions sont nécessaires pour éliminer les goulots d’étranglement qui ralentissent les échanges le long du corridor

Bien avant la brouille diplomatique qui a conduit à la fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger, le corridor Cotonou – Niamey faisait face à de nombreux défis limitant son efficacité. Une étude réalisée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), entre 2022 et 2023, dresse un bilan actualisé des facteurs contraignants sur cet axe routier. Publiée récemment, l’étude identifie des pistes de solutions pour améliorer le fonctionnement du corridor, dans l’espoir d’un apaisement des tensions entre le Bénin et le Niger.

Par   Bernard Kpocheme (Stag), le 17 avr. 2025 à 07h31 Durée 3 min.
#Corridor Cotonou – Niamey

Avant la fermeture des frontières, le corridor Cotonou – Niamey constituait l’un des principaux axes commerciaux pour l’acheminement des marchandises vers le Niger qui, par sa situation géographique, dépendait fortement du Port autonome de Cotonou pour ses importations et exportations. Toutefois, bien avant la crise diplomatique ayant conduit à la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin, plusieurs dysfonctionnements affectaient déjà l’efficacité dudit corridor, impactant notamment les délais de transit et les coûts logistiques.

Dans son rapport intitulé « Enquête d’évaluation du corridor Cotonou – Niamey », publié le 21 février 2025, la Cnuced fait le point sur la situation de cet axe routier sur la période 2022 – 2023 et sur les principales difficultés rencontrées par les usagers du corridor. Ce rapport, loin d’être un portrait définitif, se veut un outil d’analyse apportant des indications précieuses qui permettront aux autorités décisionnaires de prendre les dispositions nécessaires pour éliminer les goulots d’étranglement qui ralentissent les échanges le long du corridor. « Cette étude n’a pas la prétention de donner une image définitive des performances du corridor. Elle ne permet pas de généraliser les conclusions de façon définitive, mais elle donne des indications pertinentes et vérifiées sur la période d’enquête et sur les transports pris en compte », clarifie le document. 

Plusieurs insuffisances 

Concrètement, le rapport de la Cnuced révèle que six paramètres ont été pris en compte pour l’évaluation des performances du corridor Cotonou – Niamey par rapport aux autres corridors de la sous-région. Il s’agit : du Port autonome de Cotonou, des postes de péage et de pesage, des arrêts en route, des tracasseries routières, des postes de contrôle juxtaposés ainsi que de la documentation et des procédures administratives. À la lumière de ces éléments, l’étude indique que malgré les efforts entrepris par les autorités pour fluidifier le passage des marchandises en transit, plusieurs insuffisances persistent et fragilisent le corridor Cotonou – Niamey.

Évoquant la situation au Port autonome de Cotonou, le rapport mentionne que le temps passé par les camions dans ledit port « varie considérablement, allant de 4 heures à près de 5 jours, avec une moyenne de 23 heures et 30 minutes ». Cette estimation prend en compte le temps depuis l’entrée au port, à travers le parking d’attente jusqu’à la sortie effective du port.

En ce qui concerne les postes de pesage-péage, l’enquête révèle qu’en plus du pesage réalisé au port, « il existe trois stations de pesage sur le corridor, avec une quatrième prévue en construction ». Le document précise aussi « pour le trajet du port de Cotonou à Malanville, les coûts aux trois postes de péage s’élèvent à 30 000 F Cfa par péage pour les véhicules d’environ 40 tonnes ». Le rapport ne s’arrête pas là puisqu’il aborde aussi la question de la surcharge des camions qui entraîne une « usure accélérée des véhicules » ainsi qu’une « détérioration rapide des routes ». 

Rectifier le cap

Face aux différentes défaillances susmentionnées, le rapport de la Cnuced avance plusieurs idées pour les éliminer et préserver l’attractivité du corridor Cotonou – Niamey. La correction de ces défauts est nécessaire, d’autant plus que cet axe routier est aujourd’hui concurrencé par d’autres corridors qui menacent de lui ravir son titre de corridor « le plus fluide de la sous-région », comme l’indique le rapport.

En ce qui concerne la question des pesées multiples le long du corridor, le rapport suggère « que pour les véhicules ou conteneurs plombés soumis à une surveillance par balise, une fois pesés au départ, ils ne subissent plus de pesage jusqu’à leur destination finale ». Cette mesure permettrait de réduire les frais élevés et souvent redondants supportés par les transporteurs.

Quant à la surcharge, le rapport préconise de procéder à des contrôles pour assurer le respect de la règlementation en vigueur et de ne pas laisser les véhicules en surcharge sortir du port ou se mettre en route.

Alors que la fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger a fortement impacté les relations économiques entre ces deux pays, ces pistes de solutions restent pertinentes pour préparer l’avenir et envisager une reprise efficace des échanges commerciaux une fois la tension diplomatique apaisée.