La Nation Bénin...
Bien
avant la brouille diplomatique qui a conduit à la fermeture des frontières
entre le Bénin et le Niger, le corridor Cotonou – Niamey faisait face à de
nombreux défis limitant son efficacité. Une étude réalisée par la Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), entre 2022 et
2023, dresse un bilan actualisé des facteurs contraignants sur cet axe routier.
Publiée récemment, l’étude identifie des pistes de solutions pour améliorer le
fonctionnement du corridor, dans l’espoir d’un apaisement des tensions entre le
Bénin et le Niger.
Avant
la fermeture des frontières, le corridor Cotonou – Niamey constituait l’un des
principaux axes commerciaux pour l’acheminement des marchandises vers le Niger
qui, par sa situation géographique, dépendait fortement du Port autonome de
Cotonou pour ses importations et exportations. Toutefois, bien avant la crise
diplomatique ayant conduit à la fermeture des frontières entre le Niger et le
Bénin, plusieurs dysfonctionnements affectaient déjà l’efficacité dudit
corridor, impactant notamment les délais de transit et les coûts logistiques.
Dans
son rapport intitulé « Enquête d’évaluation du corridor Cotonou – Niamey »,
publié le 21 février 2025, la Cnuced fait le point sur la situation de cet axe
routier sur la période 2022 – 2023 et sur les principales difficultés
rencontrées par les usagers du corridor. Ce rapport, loin d’être un portrait
définitif, se veut un outil d’analyse apportant des indications précieuses qui
permettront aux autorités décisionnaires de prendre les dispositions
nécessaires pour éliminer les goulots d’étranglement qui ralentissent les
échanges le long du corridor. « Cette étude n’a pas la prétention de donner une
image définitive des performances du corridor. Elle ne permet pas de
généraliser les conclusions de façon définitive, mais elle donne des
indications pertinentes et vérifiées sur la période d’enquête et sur les transports
pris en compte », clarifie le document.
Plusieurs insuffisances
Concrètement,
le rapport de la Cnuced révèle que six paramètres ont été pris en compte pour
l’évaluation des performances du corridor Cotonou – Niamey par rapport aux
autres corridors de la sous-région. Il s’agit : du Port autonome de Cotonou,
des postes de péage et de pesage, des arrêts en route, des tracasseries
routières, des postes de contrôle juxtaposés ainsi que de la documentation et
des procédures administratives. À la lumière de ces éléments, l’étude indique
que malgré les efforts entrepris par les autorités pour fluidifier le passage
des marchandises en transit, plusieurs insuffisances persistent et fragilisent
le corridor Cotonou – Niamey.
Évoquant
la situation au Port autonome de Cotonou, le rapport mentionne que le temps
passé par les camions dans ledit port « varie considérablement, allant de 4
heures à près de 5 jours, avec une moyenne de 23 heures et 30 minutes ». Cette
estimation prend en compte le temps depuis l’entrée au port, à travers le
parking d’attente jusqu’à la sortie effective du port.
En
ce qui concerne les postes de pesage-péage, l’enquête révèle qu’en plus du
pesage réalisé au port, « il existe trois stations de pesage sur le corridor,
avec une quatrième prévue en construction ». Le document précise aussi « pour
le trajet du port de Cotonou à Malanville, les coûts aux trois postes de péage
s’élèvent à 30 000 F Cfa par péage pour les véhicules d’environ 40 tonnes ». Le
rapport ne s’arrête pas là puisqu’il aborde aussi la question de la surcharge
des camions qui entraîne une « usure accélérée des véhicules » ainsi qu’une
« détérioration rapide des routes ».
Rectifier le cap
Face
aux différentes défaillances susmentionnées, le rapport de la Cnuced avance
plusieurs idées pour les éliminer et préserver l’attractivité du corridor
Cotonou – Niamey. La correction de ces défauts est nécessaire, d’autant plus
que cet axe routier est aujourd’hui concurrencé par d’autres corridors qui
menacent de lui ravir son titre de corridor « le plus fluide de la
sous-région », comme l’indique le rapport.
En
ce qui concerne la question des pesées multiples le long du corridor, le
rapport suggère « que pour les véhicules ou conteneurs plombés soumis à une
surveillance par balise, une fois pesés au départ, ils ne subissent plus de
pesage jusqu’à leur destination finale ». Cette mesure permettrait de réduire
les frais élevés et souvent redondants supportés par les transporteurs.
Quant
à la surcharge, le rapport préconise de procéder à des contrôles pour assurer
le respect de la règlementation en vigueur et de ne pas laisser les véhicules
en surcharge sortir du port ou se mettre en route.
Alors que la fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger a fortement impacté les relations économiques entre ces deux pays, ces pistes de solutions restent pertinentes pour préparer l’avenir et envisager une reprise efficace des échanges commerciaux une fois la tension diplomatique apaisée.