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Droits de douane américains sur les exportations: L’Afrique donne de la voix

Economie
africains pour des partenariats économiques équitables et la levée des barrières  douanières qui freinent le potentiel du continent africains pour des partenariats économiques équitables et la levée des barrières douanières qui freinent le potentiel du continent

Les chefs d’État africains ont lancé un appel fort à l’administration américaine pour revoir les droits de douane jugés pénalisants sur les exportations africaines. Réunis à Luanda le 23 juin lors du Sommet des affaires États-Unis–Afrique, ils ont dénoncé une politique commerciale unilatérale qui freine leur intégration aux chaînes de valeur mondiales.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 27 juin 2025 à 09h26 Durée 3 min.
#Droits de douane américains #Donald Trump

Depuis quelques mois, les relations commerciales entre l’Afrique et les États-Unis traversent une zone de turbulence. Plusieurs pays africains, dont le Bénin, ont vu leurs exportations pénalisées par des barrières tarifaires américaines rétablies sous divers prétextes, souvent liés à des différends commerciaux, à la sécurité ou à des accusations de pratiques commerciales jugées non conformes. Le régime de l’African growth and opportunity act (Agoa), qui permettait un accès préférentiel au marché américain pour de nombreux produits africains, a été érodé par ces décisions unilatérales. Certains pays en ont été suspendus, et les taxes sur des produits comme le textile, les fruits transformés ou certains produits agricoles ont été relevées. Le rés ultat est que l’accès au marché américain est devenu plus coûteux et moins compétitif pour plusieurs exportateurs africains. Face à la situation, les dirigeants africains ont enfin réagi, appelant à transformer la relation économique avec Washington en un véritable partenariat équitable et durable. « Il est temps de remplacer la logique de l’aide par celle de l’investissement et du commerce », a déclaré le président angolais João Lourenço lors de ce sommet. Il appelle les États-Unis à revoir leur approche et a exhorté les entreprises américaines à ne plus se limiter aux secteurs extractifs comme le pétrole ou les minerais, mais à investir dans l’industrie, l’agroalimentaire, le tourisme ou la production locale d’acier et de ciment. Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a plaidé pour la fin des droits de douane qu’il qualifie de punitifs et des restrictions de visa. « Avec 1,3 milliard d’habitants et une richesse naturelle abondante, l’Afrique est l’un des plus grands potentiels économiques inexploités au monde », a-t-il rappelé, invitant les États-Unis à faire de l’Afrique un partenaire stratégique et non un terrain d’expérimentation.

 

Partenariat économique transformateur

Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), a insisté sur une intensification des échanges commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis. « Nous devons revoir les droits de douane élevés imposés aux pays africains. Ce qu’il faut, c’est accroître les échanges commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis, et non les réduire », a-t-il déclaré. Pour illustrer son propos, il a mis en avant le corridor de Lobito, un projet stratégique soutenu par les États-Unis, visant à faciliter le transport des minerais de la République démocratique du Congo et de la Zambie jusqu’au port angolais de Lobito. Ce corridor, a-t-il expliqué, constitue un exemple concret d’investissement à fort impact susceptible de transformer les économies locales. À ce titre, la Bad mobilise plus de 1,5 milliard de dollars pour financer ce projet et les infrastructures connexes (routes, énergie, chaînes de valeur agricoles). Dans le même esprit, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a été saluée comme un levier essentiel d’intégration économique. Son succès, ont rappelé les intervenants, dépendra largement du soutien des partenaires internationaux pour accompagner l’Afrique dans sa transformation industrielle et commerciale. Les chefs d’État présents ont souligné la nécessité d’ouvrir davantage les marchés, d’appuyer l’industrialisation locale et de réduire les coûts d’accès aux débouchés internationaux. Du côté américain, les réactions ont été prudentes mais réceptives. Troy Fitrell, haut responsable du Département d’État, a reconnu que les entreprises américaines sous-estiment encore les véritables opportunités qu’offre le continent africain. Il s’est engagé à travailler à changer les perceptions et à connecter les investisseurs américains aux réalités et aux potentiels économiques de l’Afrique. Les dirigeants africains ont exhorté les États-Unis à agir en fonction des données et non des perceptions. Ils appellent à des investissements massifs dans les secteurs stratégiques tels que les infrastructures, l’agriculture, les minerais et les marchés financiers, afin de bâtir une coopération économique fondée sur la réciprocité et le long terme.