La Nation Bénin...
Le
Forum africain des transports 2024, tenu la semaine dernière à Abidjan, a posé
les fondations d’un avenir interconnecté pour l’intégration économique sur le
continent.
Avec
une population du continent prévue pour atteindre 2,5 milliards d’habitants
d’ici 2050, la nécessité d’infrastructures résilientes et durables est plus
pressante que jamais. Les recommandations de la deuxième édition du Forum
africain des transports (Atf 2024), qui s'est tenue du 18 au 20 septembre à
Abidjan, définissent la trajectoire des transports africains pour les années à
venir, afin de favoriser une intégration économique plus profonde et une prospérité
partagée.
Organisé
par la Banque africaine de développement (Bad) sur le thème « L’Afrique en
mouvement - Accélérer la connectivité des transports et la logistique durables
», cet événement a réuni ministres, experts et acteurs du secteur privé, tous
mobilisés pour relever les défis liés à l’infrastructure et à la logistique en
Afrique.
Les
discussions ont révélé un consensus fort : pour que l’Afrique atteigne son
plein potentiel, elle doit surmonter les obstacles à la connectivité. Le
déficit de financement, le manque de capital humain et les lacunes en matière
de technologies numériques ont été largement évoqués, notamment par Robert
Lisinge de la Commission économique pour l’Afrique, qui a souligné les
opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine
(Zlecaf).
Les
intervenants ont convenu que l’intégration des technologies numériques et de
l’intelligence artificielle dans les systèmes de transport est indispensable.
La collecte de données fiables, y compris par satellite, doit être renforcée
pour permettre des décisions éclairées.
Les échanges ont également porté sur la nécessité d’harmoniser les réglementations et de faciliter le commerce à travers des postes de contrôle uniques.
À
l’ouverture du forum, Solomon Quaynor, vice-président du Groupe de la Bad, a
souligné l’urgence de moderniser les infrastructures de transport sur le
continent. « La connectivité doit être le moteur de la croissance inclusive et
de la création d’emplois », a-t-il déclaré, mettant en avant les efforts de la
Bad à travers le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique
(Pida). Ce programme vise à renforcer les infrastructures transfrontalières
dans les secteurs de l’énergie, des transports et des technologies de
l’information.
Les
ministres des Transports ont appelé à une coopération accrue pour développer
des corridors transfrontaliers essentiels. Luc Sorgho, ministre de
l’Infrastructure et du Désenclavement du Burkina Faso, a insisté sur la nécessité
de créer des synergies pour fluidifier le transit des marchandises via des
infrastructures modernes.
Matar
Ceesay, secrétaire permanent du ministère des Transports, des Travaux et des
Infrastructures de la Gambie, a également plaidé pour l’avancement des projets
autoroutiers comme Abidjan-Lagos et Abidjan-Bamako-Dakar, la suppression des
barrières et le renforcement de l’intégration.
Les participants ont également discuté du transport ferroviaire. Lubinda Sakanga, directeur technique et des opérations de l’Association des chemins de fer d'Afrique australe (Sara), a appelé à abandonner une «vision coloniale des transports ferroviaires basée sur l’extraction et le transport des matières brutes vers les ports africains». Selon lui, « Le ferroviaire doit d’abord connecter les pays et les espaces régionaux africains ».
Dieudonné
Ndayikunda Dukundane, ministre des Infrastructures, de l’Équipement et de
l’Habitat social du Burundi, a également plaidé pour la création d’une «
facilité pour les corridors ferroviaires » afin d’accroître le volume des
échanges par voie ferrée. « Le chemin de fer est le seul moyen de changer la
donne, surtout dans le cadre de la Zlecaf. Cependant, il est essentiel
d’adopter une approche multimodale des transports pour tirer parti des
opportunités offertes par chaque système: route, rail, voies navigables, etc.»,
estime-t-il.
Concernant
le transport aérien, Abderrahmane Berthé, secrétaire général de l’Association
des compagnies aériennes africaines (Afraa), a souligné que « la connectivité
aérienne est vitale pour le commerce, le développement, les affaires et le
tourisme ». Il a plaidé pour l’amélioration des infrastructures aériennes,
souvent entravée par des problèmes de taxation et de coopération entre les
compagnies.
Sur
le front maritime, Paul Adalikwu, secrétaire général de l’Organisation maritime
de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a évoqué le potentiel des voies
navigables intérieures, comme le Nil et les Grands Lacs, pour soutenir le
transport durable et interconnecté.
L’engagement
de la Banque africaine de développement à soutenir ces initiatives est crucial,
alors que le continent aspire à devenir la plus grande zone de libre-échange du
monde. Les échanges constructifs entre ministres et experts laissent entrevoir
une dynamique positive, essentielle pour atteindre les objectifs de
développement durable en Afrique■