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Intégration africaine: Les corridors régionaux, facteurs de l’essor économique

Economie

La question des corridors régionaux sera au cœur des Assemblées annuelles 2025 de la Bad prévues pour fin mai à Abidjan. Ces infrastructures stratégiques, essentielles à l’intégration économique, soulèvent des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’Afrique, entre ambitions politiques et défis logistiques.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 08 mai 2025 à 08h22 Durée 3 min.
#Intégration africaine

Du 26 au 30 mai, Abidjan accueillera les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) sous le thème : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». A cette occasion, les corridors régionaux, instruments clés de l’intégration économique africaine, seront au centre des discussions, notamment en lien avec la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Véritables artères économiques, les corridors transforment les infrastructures routières, ferroviaires et logistiques en outils pour désenclaver les zones rurales et valoriser les ressources naturelles et agricoles. Ces infrastructures soutenues par des investissements massifs facilitent les échanges commerciaux transfrontaliers. Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Bad, souligne: « Ce n’est qu’à travers les corridors régionaux que nous pourrons circuler facilement les biens et services sur le continent, réduire les coûts de transport, promouvoir l’intégration et parvenir à un développement économique efficace ». Il ajoute: « Notre destin collectif est lié à l’élimination des barrières qui nous séparent. »

Depuis une décennie, plus de 50 milliards de dollars ont été investis dans les infrastructures de transport en Afrique par la Banque, faisant d’elle le principal bailleur de fonds multilatéral du continent dans ce domaine. 

Projets majeurs

En 2022, la Bad a financé 25 corridors de transport, construit 18 000 kilomètres de routes, 27 postes-frontières et 16 ponts, pour un investissement total de 13,5 milliards de dollars.

Parmi les projets emblématiques, l’autoroute Transsaharienne, reliant Alger à Lagos sur 9 400 kilomètres, est en phase finale entre Alger et Niamey. L’autoroute Abidjan-Lagos, prévue pour 2026, connectera cinq pays d’Afrique de l’Ouest dont le Bénin, avec un investissement de 15,6 milliards de dollars.

Le pont Sénégambie, achevé en 2019, a transformé la mobilité entre le Sénégal et la Gambie. Le pont de Rosso, entre le Sénégal et la Mauritanie, devrait être opérationnel en 2026.

Le corridor de Lobito, destiné à dynamiser le commerce des minerais et des ressources agricoles entre la République démocratique du Congo, la Zambie et le port de Lobito en Angola, est financé à hauteur de 500 millions de dollars par la Banque.

Enfin, le corridor ferroviaire Tabora-Kigoma, projet de 2,3 milliards de dollars, reliera l’océan Indien aux pays d’Afrique de l’Est et centrale.

Ces corridors régionaux sont des leviers essentiels pour l’intégration du continent. Ils sont devenus des symboles d’une Afrique en mouvement, témoignant d’une vision commune portée par la Bad pour un développement inclusif et durable.

La Zlecaf comme catalyseur

Lancée en 2021, la Zlecaf ambitionne de créer un marché commun de 1,5 milliard de consommateurs et un produit intérieur brut (Pib) combiné de 3 400 milliards de dollars. Les corridors régionaux en sont des piliers essentiels. En améliorant la connectivité et en réduisant les coûts liés aux barrières tarifaires et non tarifaires, ils devraient augmenter de 13,7 % en 2022 (selon la Commission économique pour l’Afrique - Cea) à 52 % les échanges intra-africains d’ici 2035.

La Bad a déjà facilité plus de 3 000 transactions commerciales, mobilisant 12 milliards de dollars pour soutenir le commerce intra-africain. Lors des Assemblées générales, l’Africa Investment Forum, organisé par la Banque, consacrera une salle spéciale aux corridors pour mobiliser davantage de financements. De plus, l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique (Agia), créée en 2022, vise à attirer 10 milliards de dollars supplémentaires pour des infrastructures durables, consolidant les corridors comme leviers de transformation.