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Mobilisation des ressources domestiques: Le G20 Compact with Africa réunit les pays africains à Cotonou

Economie
G20 Compact with Africa (CwA) 2025 G20 Compact with Africa (CwA) 2025

Cotonou abrite, depuis ce jeudi 22 mai, un atelier de haut niveau autour de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA). Organisé sur trois jours, cet événement vise à renforcer la mobilisation des ressources intérieures dans les pays africains signataires du Pacte. L’initiative, soutenue par le Centre africain pour la transformation économique (Acet), le gouvernement béninois, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (Bad) et d’autres partenaires, constitue une plateforme d’échange d’expériences, de bonnes pratiques et de stratégies concrètes en matière de financement du développement local.

Par   Isidore Gozo, le 23 mai 2025 à 07h23 Durée 3 min.
#Banque africaine de développement (Bad) #économie

Sept ans après la conférence d’Accra, les pays d’Afrique subsaharienne, en particulier ceux de l’Afrique centrale, continuent de faire face à des défis récurrents dans la gestion des finances publiques :  systèmes fiscaux inefficaces, mise en œuvre fragmentaire des politiques, et coordination limitée entre acteurs nationaux et internationaux. Le rendez-vous de Cotonou se veut une réponse collective et proactive à ces enjeux structurels. Il s’agit d’évaluer les progrès réalisés depuis les engagements pris en 2018, notamment dans la gestion des risques de catastrophes, mais surtout d’identifier les défis actuels et les opportunités pour améliorer la résilience économique à travers une meilleure mobilisation des ressources intérieures. L’objectif est de réduire la dépendance des pays africains aux financements extérieurs et renforcer leur autonomie budgétaire.

Mamadou Tanou Balde, représentant de la Banque mondiale au Bénin, salue les réformes entreprises par le Bénin depuis 2016. Il note qu’à travers la modernisation de l’administration fiscale, la digitalisation et la simplification des procédures, le pays a su inverser une tendance inquiétante. De 11,1 % du Pib en 2016, les recettes fiscales ont atteint environ 15 % en 2024, malgré une baisse progressive de l’aide publique au développement (passée de 0,8 % à 0,4 % du Pib). Ces résultats, à l’en croire, ont permis au Bénin de faire face aux chocs externes majeurs comme la pandémie de Covid-19, la flambée des prix en 2022 et les tensions sécuritaires régionales.

Par ailleurs, le taux de croissance économique du pays reste l’un des plus élevés de la région sur la période 2020-2024. Toutefois, le représentant de la Banque mondiale a souligné que des efforts restent à fournir pour atteindre la moyenne africaine (15 %) et viser à terme un taux de mobilisation de 20 % du Pib. Il a aussi insisté sur la nécessité d’élargir la base fiscale en luttant contre l’informalité et en mobilisant davantage l’épargne nationale.

Andreas Beckermann, chef de la Coopération allemande au Bénin, a rappelé les fondements du Compact with Africa, lancé en 2017 par l’Allemagne et l’Afrique du Sud. Ce pacte repose sur deux piliers à savoir : la mobilisation des ressources domestiques et la promotion de l’investissement privé. Il note que l’Allemagne privilégie un soutien indirect via des partenariats avec des institutions internationales comme la Société financière internationale (Ifc) et les banques de développement. L’objectif est de créer un environnement de confiance, propice aux investissements durables. « Elle intervient notamment au Bénin à travers la Giz et le programme "Réforme", avec un accent mis sur les priorités définies par l’administration béninoise elle-même », fait-il savoir. Ce soutien, d’après lui, s’inscrit aussi dans une vision régionale. La coopération inter-étatique à travers des plateformes comme l’Afritac (appuyée par le Fmi) est encouragée afin de mutualiser les expériences et les bonnes pratiques en matière de politique économique et fiscale.

Un appel à l’innovation

Au nom du ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances du Bénin, la ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Assouman, met l’accent sur   l’importance d’une mobilisation accrue des ressources domestiques dans le contexte actuel. Pour elle, les défis auxquels les pays africains sont confrontés, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux, imposent des réponses coordonnées, novatrices et audacieuses. Elle souligne que l’un des grands enjeux est de créer un système fiscal plus équitable et plus performant. Cela passe par le renforcement des capacités administratives, la lutte contre l’évasion fiscale, et l’implication accrue du secteur privé. Les partenariats public-privé, l’ouverture à l’épargne nationale et les innovations financières sont autant de pistes à explorer. La ministre a exhorté les participants à saisir cette opportunité d’échanges pour s’inspirer des expériences de leurs homologues et adapter des solutions concrètes à leurs contextes nationaux. Elle a également exprimé sa gratitude envers les pays du G20 et les partenaires techniques et financiers pour leur soutien constant.

L’atelier de Cotonou ne se limite pas à un simple partage d’expériences. Il s’inscrit dans une dynamique stratégique plus large qui est celle de construire, avec les pays africains, des économies résilientes, souveraines et capables de financer leur propre développement. La Banque mondiale, à travers son nouveau cadre de partenariat en cours de finalisation, promet un accompagnement sur dix ans, avec un accent particulier sur la mobilisation des ressources, l’implication du secteur privé, et la promotion de politiques publiques durables. Cette vision est également partagée par les autres partenaires techniques et financiers présents. Le G20 Compact with Africa est désormais bien plus qu’une initiative multilatérale. Il devient une plateforme concrète d’actions et de réformes pour un continent en quête d’autonomie économique, de stabilité budgétaire et de croissance inclusive.