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Conservation de la faune sauvage: Progrès et enjeux de sauvegarde des espèces menacées

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Le Bénin met en œuvre un plan d’actions pour les translocations d’espèces dans les parcs nationaux du W et de la Pendjari. Ce programme ambitieux de conservation de la biodiversité, appuyé par African Parks Network, vise à renforcer les populations animales menacées et à réintroduire des espèces disparues, tout en restaurant l’intégrité écologique de cet écosystème unique.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 10 oct. 2024 à 09h02 Durée 3 min.
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Les efforts déployés par le Bénin dans la gestion de la composante béninoise du complexe W-Arly-Pendjari (Wap) portent leurs fruits. En témoigne la situation des groupes de reproducteurs dans l’enclos de conservation ex-situ (Boma) de 600 hectares pour les espèces menacées, mis en place dans le parc de la Pendjari, dans le cadre du Plan général d’actions pour les translocations d’espèces dans le Wap-Bénin, lancé en 2023. Cet enclos vise à favoriser la reproduction des individus avant leur réintroduction pour restaurer les populations animales menacées, indique Aurlus Ouindéyama, responsable conservation à l’Apn Pendjari.

Selon un point présenté début octobre lors d’un atelier à Cotonou, par l’Ong African Parks Network (Apn), le nombre de damalisques est passé de 10 reproducteurs à 14, et celui des babales a doublé, passant de 6 à 12. L’évolution est encore plus remarquable pour les cobes de Buffon, dont le nombre est passé de 23 à 70.

Au-delà de ce site, les actions engagées depuis 2017 avec l’appui d’African Parks ont permis une stabilisation relative des parcs nationaux de la Pendjari et du W. De plus, dans le cadre de leur réhabilitation, il est prévu des réintroductions d’espèces localement éteintes dans les composantes béninoises du Wap. L’objectif à long terme est d’améliorer l’intégrité de l’écosystème de ces aires protégées, voire de l’ensemble du complexe. Les efforts de suivi écologique, couplés aux données existantes, ont mis en lumière la situation critique de certaines espèces clés pour lesquelles des mesures spécifiques devront être prises, justifie Ouindéyama.

Plan d’actions ambitieux

Le Plan général d’actions pour les translocations d’espèces dans le Wap-Bénin s’inscrit dans une stratégie globale de conservation visant à restaurer la biodiversité et à renforcer les populations animales dans le complexe W-Arly-Pendjari, l’une des plus vastes zones protégées d’Afrique de l’Ouest avec 35 000 km². Ce plan est crucial pour la protection de ce vaste écosystème transfrontalier partagé entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, selon Eric S. Hermann, représentant pays d’African Parks au Bénin.

Ce plan de conservation inclut des opérations spécifiques pour chaque espèce menacée, avec des objectifs de renforcement des populations existantes ou de réintroduction d’espèces disparues dans la région. Le programme de translocation vise à améliorer la viabilité des populations en augmentant leur taille et en améliorant la diversité génétique. Cet objectif concerne notamment le damalisque (sous-espèce korrigum), le cobe de Buffon (au W-Bénin et à Chinko en République Centrafricaine), le guépard pour le Wap, le cobe defassa et l’hippopotame au W-Bénin. Il s’agit aussi de rétablir des populations viables d’espèces cibles dans leur aire de répartition indigène afin d’accroître leur résilience face à l’extinction, à l’échelle régionale ou continentale.

Cet objectif s’applique également au rhinocéros noir (Diceros bicornis), à la girafe (Giraffa camelopardalis), à l’éland de Derby (Taurotragus derbianus), au potamochère roux (Potamochoerus porcus), au lycaon (Lycaon pictus), et à l’autruche à cou rouge (Struthio camelus camelus), explique Aurlus Ouindéyama. Des études préliminaires ont confirmé que les conditions dans la Pendjari sont favorables, bien que l’instabilité sécuritaire retarde ces opérations.

Défis et perspectives

« Les projets de translocation envisagés ont fait l’objet d’études de faisabilité et ne pourront être mis en œuvre qu’une fois les prérequis en place, notamment en matière de sécurité.  », confie Eric Hermann. Le caractère transfrontalier du complexe Wap et la crise sécuritaire dans les régions voisines restent des obstacles majeurs à la mise en œuvre complète du plan.

Le braconnage, l’empiètement des cultures, la pollution des eaux, de l’air et des sols par l’utilisation abusive des pesticides, le pâturage illégal, le changement climatique, l’abattage anarchique des arbres, sont également des menaces pour les ressources naturelles des parcs. « Si l’on n’y prend garde, même le lion pourrait disparaitre de nos parcs: sur une population estimée à plus de 20 millions de lions sur le continent, il y a moins de 350 en Afrique de l’Ouest », alerte Aurlus Ouindéyama. Cependant, les initiatives menées par African Parks, en partenariat avec le gouvernement du Bénin, les communautés locales et les partenaires techniques et financiers, ouvrent la voie à une conservation durable des espèces, en particulier pour celles en danger d’extinction, espère-t-il.

Conformément à l’accord tripartite de gestion harmonisée du complexe signé en mai 2019, il est nécessaire de procéder à un partage transparent d’information et d’adopter une vision commune autour de ces projets pour faciliter leur mise en œuvre, souligne M. Hermann. C’est dans ce cadre qu’African Parks, en attendant la validation du nouveau plan de réintroduction des espèces dans la composante béninoise du Wap par le gouvernement, a organisé les 3 et 4 octobre 2024 à Cotonou un atelier régional pour impliquer les États-parties (Bénin, Burkina Faso et Niger) dans la définition et la mise en œuvre du plan.

Les participants ont réitéré leur engagement à œuvrer ensemble pour les translocations et réintroductions des espèces ciblées, après avoir évalué les risques et défini une feuille de route harmonisée pour la mise en œuvre. La mise en œuvre des recommandations des acteurs du complexe Wap et des experts en conservation des ressources naturelles permettrait d’atteindre les objectifs fixés■

Etat des lieux préoccupant

Le damalisque (Damaliscus lunatus korrigum), autrefois répandu en Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui en danger critique d’extinction, avec ses dernières populations concentrées dans le complexe Wap. Les principales menaces pour cette espèce sont la perte d’habitat et la concurrence avec le bétail, explique Aurlus Ouindéyama.

Pour le cobe de Buffon (Kobus ellipsiprymnus), bien que classé en préoccupation mineure par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (Uicn), sa population est fragile dans certaines parties du parc. En 2019, seuls 111 individus ont été recensés dans le parc national du W-Bénin sur un total de 1606 individus dans les deux parcs nationaux, ce qui expose cette population à un risque d'extinction locale.

Le guépard (Acinonyx jubatus) est classé en danger critique d’extinction au Bénin, avec seulement une vingtaine d’individus dans toute la Pendjari, représentant 66 % de la population totale dans le Wap, signale M.

Ouindéyama. En dehors des aspects de conservation, le guépard a une valeur symbolique, étant la mascotte de l’équipe nationale de football du Bénin.

Le cobe defassa (Kobus ellipsiprymnus defassa) et l’hippopotame (Hippopotamus amphibius) sont également ciblés pour un renforcement au parc national du W-Bénin dans les projets de restauration de l’écosystème et de renforcement de l’attrait touristique du Bénin. En 2019, seulement 17 cobes defassa et 12 hippopotames y ont été recensés, ce qui place ces populations à un risque élevé d’extinction locale, selon les données de l’Apn.

Les projets de réintroduction concernent plusieurs espèces disparues de la région, notamment le lycaon, le rhinocéros noir et la girafe, mais des études complémentaires sont encore nécessaires. En ce qui concerne le lycaon, il a disparu du Wap en 2002, mais sa réintroduction est envisagée après l’établissement de populations viables de proies comme les cobes■