La Nation Bénin...
Vingt tonnes de déchets
biomédicaux produits par mois. Le Centre national hospitalier universitaire de
Cotonou (Cnhu-Hkm) s’active à en faire une meilleure gestion grâce à un
incinérateur moderne multi-fonctions.
La gestion des déchets
biomédicaux repond à plusieurs exigences. Au Centre national hospitalier
universitaire (Cnhu-Hkm) de Cotonou où sont produits 70 tonnes de déchets de ce
type, la Commission hygiène et sécurité présidée par Dr Cyriaque Dégbey s’emploie
à les réduire en cendres. Ce travail sera facilité par la mise en service, les
prochains jours, d’un incinérateur moderne en pleine installation grâce à une
dotation du gouvernement, dans le cadre du Projet régional pour le renforcement
des systèmes de surveillance des maladies au Bénin (Redisse). Ceci augure de
lendemains meilleurs pour le traitement de ces déchets d’activités de soins à
risque infectieux. « Nous sommes dans un hôpital de référence qui dispose d’un
service d’hygiène hospitalière, qui veille à la qualité des soins, et quand on
parle de la qualité des soins, on ne peut pas occulter le volet gestion des
déchets. Nous disposons désormais d’un incinérateur de qualité, très
écologique, le premier dans la sous-région. Redisse a fait un effort pour
accompagner notre système de santé », explique Dr Cyriaque Dégbey, président de
la Commission hygiène et sécurité du Centre national hospitalier et
universitaire avant d’éclairer sur le processus de collecte, de transport et de
traitement desdits déchets. D’abord, explique-t-il, il y a l’étape de la
pré-collecte au niveau des lieux de production des déchets. Le professionnel de
la santé devrait savoir en produisant les déchets, dans quel contenant les
mettre. Eviter de les mettre par terre. Ensuite, il y a le tri, c’est-à-dire la
séparation. L’emballage de la seringue est jetée dans une poubelle noire. Le
tampon coton qui a servi à désinfecter est déposé dans une poubelle jaune et
l’aiguille avec la seringue dans une boite de sécurité.
Ecologique
« Après le tri, nous avons
la phase du pré-entreposage, qui est le choix des couleurs des poubelles. Il
faut savoir quelle est la poubelle adaptée pour le type de déchets produits.
Cette étape passée, il faut un transport interne, parce qu’il faut enlever les
déchets des services médico-techniques vers un entrepôt intermédiaire avant que
les agents n’aillent les chercher pour les convoyer vers le site d’entreposage
», a indiqué le président de la Commission hygiène et sécurité du Cnhu. Ainsi,
le tri est effectué par tous les professionnels donnant des soins au niveau de
l’hôpital. A cette étape du processus, les déchets solides sont évacués vers le
site d’incinération situé à quelques mètres de la sortie piéton où ils sont
traités par l’incinérateur. «On ne peut que faire le traitement avec
l’incinérateur parce que les déchets produits à l’hôpital ne doivent pas sortir
de cet hôpital. Ils doivent être traités in situ », fait savoir Dr Cyriaque
Dégbey. Ce nouvel incinérateur dont dispose le Cnhu, qui est capable de traiter
les déchets biomédicaux de l’Atlantique et du Littoral, comporte trois grands
compartiments. Le premier reçoit les déchets qui sont convoyés vers le deuxième
compartiment où se produira la combustion complète, avant qu’ils ne soient
renvoyés vers le troisième compartiment. « A ce niveau, on règle la température
selon la nature du déchet. Pour des incinérateurs du genre, la température
varie de 800 jusqu’à 1200 degrés. L’incinération faite, la fumée sort par la
cheminée et c’est la fin du processus. Nous obtenons de la cendre comme produit
final. C’est un incinérateur très écologique parce que doté d’un filtre qui
permet d’arrêter tout ce qui est substance, particule, qui se retrouverait dans
la fumée. Aucun risque pour l’environnement », clarifie Dr Cyriaque Dégbey. «
Nous avons une balance pour peser les déchets. Lorsque la cendre atteint une
certaine quantité, on va l’enfouir dans une fosse à cendres. Mais dans le cas
du nouvel incinérateur, nous allons stocker les cendres dans un compartiment,
et après les libérer pour les enfouir quelque part. Cela ne posera aucun
problème de santé, parce qu’il n’y aura plus de microorganismes», ajoute-t-il.
Il faut noter que la gestion des déchets assimilables aux ordures ménagères,
qui sont déposés dans des poubelles noires, n’est pas du ressort de ce site
d’incinération. Elle est confiée à la surveillance générale de l’hôpital et à
la Société nationale de gestion des déchets du Grand Nokoué. « Le risque de ces
déchets est moindre par rapport aux déchets biomédicaux issus d’activités de
soins à risque infectieux », selon Dr Cyriaque Dégbey. En attendant la mise en
service du nouvel incinérateur qui va révolutionner la gestion des déchets
biomédicaux dans cet hôpital de référence, l’ancien incinérateur peu moderne
qui ne fait qu’un traitement en deux phases, et d’une capacité de 800 à 1000
degrés, assurera le service. «Si nous sommes formés par les spécialistes, le
nouvel incinérateur pourrait servir à la crémation. Aujourd’hui, quand il y a
un décès, on va enterrer, or si c’est ancré dans nos cultures, nous pouvons
faire la crémation et in fine recevoir la cendre avec le nouvel incinérateur »,
soutient le président de la Commission hygiène et sécurité du Cnhu. Autant de
perspectives avec ce progrès qui prend corps au Centre national hospitalier
universitaire de Cotonou.