La Nation Bénin...
Le
phénomène du déplacement interne continue de s’amplifier à l’échelle mondiale,
touchant un nombre croissant de personnes. Actuellement, plus de 58,5 millions
de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers tout en restant dans leur
pays d’origine. Cette augmentation alarmante s’explique par une combinaison de
facteurs, notamment les conflits armés, les violences intercommunautaires et
les catastrophes naturelles liées au changement climatique. Soixante pour cent
de ces personnes préféreraient rester sur place plutôt que de retourner dans
leur communauté d’origine, selon les conclusions récemment publiées de la
deuxième édition du rapport de Progress.
Le
rapport Progress, fruit d’une collaboration entre l’Organisation Internationale
pour les Migrations (Oim) et l’Université de Georgetown, apporte un éclairage
nouveau sur les préférences des personnes déplacées. Cette tendance est encore
plus marquée chez les personnes déplacées par des catastrophes depuis plus de
cinq ans, dont 96 % souhaitent rester où elles sont, remettant en cause l’idée
reçue selon laquelle le retour dans la région d’origine est toujours
préférable.
La sécurité apparaît comme le facteur déterminant dans le choix de vouloir rester sur place pour 71 % des personnes. Les opportunités économiques jouent également un rôle crucial, en particulier pour les déplacements de longue durée. L’analyse s’appuie sur des données provenant de 15 pays distincts, dans le but de fournir des informations centrées sur les personnes et pertinentes sur le plan opérationnel pour éclairer la prise de décision en matière de soutien aux personnes déplacées internes tout au long de leur parcours vers des solutions durables.
Le
Soudan du Sud illustre la complexité des situations de déplacement interne.
Malgré un accord de paix signé en 2018, le pays reste confronté à des défis
majeurs, avec des violences localisées persistantes et une dépendance accrue à
l’aide humanitaire. Plus des deux tiers de la population sud-soudanaise, soit
environ 8 millions de personnes, dépendent de cette aide pour survivre.
Au
Nigeria, la crise de déplacement interne, principalement due à l’insurrection
de Boko Haram dans le nord-est du pays, continue d’affecter des millions de
personnes. En 2015, l’Oim rapportait déjà plus de 1,4 million de personnes
déplacées dans six États du nord-est, avec une majorité de femmes et d’enfants
parmi les déplacés.
Vers des solutions durables
Face
à ces défis, la communauté internationale intensifie ses efforts. L’initiative
Progress vise à équiper les acteurs humanitaires et du développement pour mieux
prévenir, résoudre et faire face aux déplacements internes. La collecte de
données précises et actualisées est cruciale pour cibler efficacement les
interventions humanitaires.
Alors
que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays continue
d’augmenter, d’après le rapport, il est impératif de repenser les approches
traditionnelles et de se concentrer sur des solutions durables qui prennent en
compte les préférences et les besoins réels des personnes déplacées. Seule une
action concertée et soutenue de la communauté internationale pourra permettre
de relever ce défi humanitaire majeur du 21e siècle.
Catherine Fiankan-Bokonga