La Nation Bénin...
Le Conseil des droits de l'homme de l’Onu a conclu sa 36e session spéciale sur le Soudan, en adoptant, de justesse, une résolution visant à renforcer la surveillance de la situation, alors que le pays est au bord de la guerre civile. Désormais, le mandat de l'expert indépendant inclut le suivi détaillé et la documentation de toutes les allégations de violations des droits de l'homme et d'abus depuis le 25 octobre 2021. Aucun État africain n'avait signé la lettre demandant la tenue de cette réunion d’urgence.
Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, basé à Genève (Suisse), a tenu une session d'urgence sur le Soudan, jeudi 11 mai. Dans son discours d’ouverture, par vidéo, le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, l’Autrichien Volker Türk, a exhorté « tous les États ayant une influence dans la région à encourager, par tous les moyens possibles, la résolution de cette crise ». Il a aussi fermement condamné « la violence gratuite, dans laquelle les deux parties ont bafoué le droit humanitaire international, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution ».
La décision de tenir une Session Spéciale sur le Soudan fait suite à une demande conjointe des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la Norvège. Dans une lettre adressée le 5 mai au président du Conseil, le Tchèque Václav Bálek, les quatre États affirment qu'«une session extraordinaire est nécessaire en raison de l'urgence de la situation des droits de l'homme au Soudan à la suite des hostilités qui se poursuivent dans le pays depuis le 15 avril 2023 ». La demande, qui devait être soutenue par 16 des 47 membres du Conseil pour être acceptée, a été appuyée par 19 d'entre eux. On a également pu noter le soutien de 32 États observateurs.
Elargissement du mandat de l’expert sur le Soudan
Adoptée par 18 voix pour, 15 voix contre, et 14 abstentions, la résolution propose de renforcer le mandat de l'expert indépendant des Nations unies sur le Soudan, Radhouane Nouicer, qui a été nommé en décembre 2022 pour poursuivre le travail du Conseil afin de superviser la situation des droits de l'homme depuis le coup d'État militaire de 2021. La résolution élargit les pouvoirs de l’expert pour surveiller et documenter les violations des droits commises dans le cadre du conflit en cours. L'ancien diplomate tunisien s'est rendu au Soudan pour la première fois en février et a rencontré les deux dirigeants aujourd'hui opposés, le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan et son adjoint Mohamed Hamdan Daglo. Il avait appelé à des réformes des services de sécurité et à l'obligation de rendre des comptes pour ceux qui ont abusé du pouvoir.
Rapport demandé
sur les violations
Le texte demande également au commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, Volker Türk, de présenter un rapport sur les violations des droits de l'homme au Conseil lors de sa 55e session en février 2024, ainsi que toute mise à jour et tout rapport supplémentaire qu'il pourrait juger approprié en fonction de l'évolution de la situation. Il invite les fonctionnaires des Nations unies chargés des droits de l'homme à collaborer avec des organismes locaux tels que l'Union africaine et la Ligue des États Arabes.
Réaction du Soudan
Le Représentant Permanent de la République du Soudan auprès de l’Onu à Genève, l’Ambassadeur Hassan Hamid Hassan, a déclaré que la priorité de son pays était de parvenir à un cessez-le-feu et de sauver des vies. Il a rappelé que des efforts régionaux étaient en cours pour parvenir à un cessez-le-feu et à une trêve, notamment les négociations menées à Djedda à l'initiative de l'Arabie saoudite et des États-Unis, ainsi qu'une initiative de l'Autorité intergouvernementale pour le développement.
S'exprimant au nom des pays africains, le Représentant permanent adjoint de la Côte d'Ivoire, Allou Lambert Yao, a souligné l'importance de respecter la souveraineté du Soudan et de trouver des « solutions africaines aux problèmes africains ». Le Soudan a reçu le soutien de plusieurs pays, dont ceux de la Chine et des pays arabes.
Situation humanitaire
Selon le ministre soudanais de la Santé, plus de 500 personnes ont été tuées et près de 5 000 ont été blessées depuis que de violents combats ont éclaté dans la capitale soudanaise, Khartoum, entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (Fsr) du général Mohamed Hamdane Daglo. Les organisations humanitaires ont été contraintes d'interrompre leurs opérations dans le pays dès les premiers jours des combats. Des milliers de personnes ont fui vers les pays voisins en quête de sécurité, mais beaucoup sont encore piégées avec peu d'accès à l'eau, à la nourriture et aux fournitures médicales. Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) le Dr Tedros Adhanom Ghebreysues a dit que plusieurs épidémies avaient été constatées. Selon l'Onu, environ 900.000 personnes ont quitté leurs maisons vers des zones épargnées par les combats. Plus de 177 000 sont réfugiées dans les pays voisins, tandis que le nombre de déplacés internes dépassait les 700 000 en début de semaine.