La Nation Bénin...
L’aéroport
international Bernardin Cardinal Gantin de Cadjèhoun (Cotonou) éprouve son
dispositif sécuritaire et les réactions des acteurs appelés à la prise de
décision en cas de situation d’urgence et de crise. L’exercice de simulation
réalisé, jeudi 24 octobre dernier, a permis de jauger les performances du plan
et d’en déceler les failles.
Les
passagers qui empruntent l’aéroport de Cotonou peuvent être sereins et
continuer en toute tranquillité par l’exploiter. En cas de soucis, un
dispositif, des hommes, des moyens et des entités sont en place pour réagir
promptement et parer au plus pressé. Pour s’en assurer, les responsables en
charge de la sureté et de la sécurité aéroportuaires, appuyés par des experts
de l’aviation civile internationale, ont mis à l’épreuve le Plan d’urgence de
gestion de crise de l’aéroport de Cotonou, à travers l'exercice de simulation « Agojié
2024 ».
L’exercice
a porté sur la prise en otage d’un aéronef sur le tarmac de l’aéroport. Alors
que toutes les formalités d’enregistrement et d’embarquement ont été
accomplies, l’équipage installé, le Tango Charly 101 n’a pas pu partir de
l’aéroport de Cotonou. A l’heure du décollage, trois individus armés non
identifiés, qui ont réussi à se dissimuler parmi les passagers, ont fait
irruption, armes au poing pour bloquer l’aéronef. Le commandant de bord a été
prié de céder son poste tandis que les passagers, le copilote et les hôtesses
de l’air ont été maitrisés par le reste du groupe. La brutalité et les menaces
des ravisseurs ont très tôt dissipé les ardeurs des passagers qui, dès les
premières minutes, ont voulu s’opposer à leurs bourreaux. Finalement, tous s’en
remettent à Dieu. Invocations, chants d’adoration, prières intenses,
supplications à l’Eternel… Chacun y allait de son énergie et dans sa langue.
Mais cela n’a en rien atténué l’ardeur des ravisseurs qui ont réussi, par la
violence, à faire taire les invocateurs. Entre-temps, le commandant de bord
informe la tour de contrôle de la situation à bord.
Dans
un premier temps, les ravisseurs ont réussi à dépouiller les passagers de tout
ce qu’ils avaient : biens matériels, liquidités, téléphones… Tout leur a
été dérobé par ces hommes dont l’intention était de mobiliser ; selon
leurs dires, deux milliards de la monnaie locale. Ils avaient également pour
revendication, la création en urgence d’une entité pour prendre en compte la
situation des pauvres dans le pays. « Nous sommes là, nous autres,
dans la faim et le dénuement et vous dilapidez les ressources du pays. C’en est
assez », ne cessaient-ils de clamer. A mesure que passaient les minutes,
leurs revendications vont varier. C’est ainsi qu’ils passeront à l’exigence de
libération d’un des leurs, leur leader, du nom de « pioun-pioun ».
Ils exigeaient aussi la mobilisation d’une cagnotte de cinq cents millions à
déposer sur un compte bancaire, sinon l’exécution des otages allait démarrer.
Les premières tentatives de négociation avec la cellule de crise et la tour de contrôle n’ont pas prospéré. Pendant ce temps, excédés de voir leur agenda basculer et leurs vies en otage, certains passagers ont tenté des coups de force contre les ravisseurs. Il en découle des blessés dont un grave. Aux commandes désormais de l’aéronef, Logozo, l’un des ravisseurs, menace de faire décoller l’appareil si leurs revendications ne trouvaient pas satisfaction. Ses cinq cents millions, il les voulait un peu plus vite, tout en ordonnant la cessation de tout mouvement autour de l’avion. Les négociateurs, sereins, mais très exigeants et préoccupés par la sécurité des passagers vont réussir à faire libérer le blessé qui se vidait de son sang, puis quatre autres passagers ainsi que les trois corps sans vie à bord. Il faut mettre en exergue l’expérience et le tact du pilote qui lui aussi, tout au long des trois heures qu’ont duré les tractations, a réussi à la fois à apaiser les passagers, son équipage, mais aussi à entretenir de saines discussions avec les assaillants à bord■