La Nation Bénin...
Officiellement lancé en septembre 2011, le Financement basé sur les résultats (FBR), l’une des composantes du Programme de renforcement de performance du système de santé au Bénin, a contribué au mieux à l’amélioration de la santé des populations d’une part, et des conditions de travail des agents de santé d’autre part. Le directeur départemental de la Santé du Zou-Collines, François Kossouho présente ici les nombreux résultats issus de la mise en œuvre de cette stratégie en santé.
La Nation : Le FBR est en train de rentrer dans sa deuxième phase de mise en œuvre au Bénin. Pourriez vous nous rappeler ce qu’il est, et sa raison d’être dans l’amélioration du système sanitaire béninois ?
François Kossouho : Le Financement basé sur les résultats (FBR) est une stratégie dans l’amélioration de la qualité des soins. Il vise fondamentalement la qualité des soins et des services, ainsi que la motivation du personnel. La performance se mesure non seulement en termes de quantité de services, mais aussi de la qualité des prestations. La quantité est fonction des prestations de services, comme par exemple le nombre de visites de dépistage et conseils volontaires du VIH effectuées dans une structure sanitaire ou le nombre d’accouchement. La qualité des prestations est évaluée grâce à des indicateurs qui sont objectivement vérifiables et tangibles à l’aide de visites de supervision et de check-list. La mesure de la performance est un système hybride du paiement à l’acte assorti de conditions sur la qualité générale des services. Le FBR est un outil puissant d’amélioration de la qualité et de la quantité des services de soins de santé qui offre aux prestataires des mesures incitatives pour améliorer la performance et obtenir des résultats. Il peut améliorer l’accès et la qualité des services de soins de santé, stabiliser ou diminuer leurs coûts, favoriser l’utilisation efficace des ressources limitées et améliorer la motivation et le moral du personnel, en somme un stimulant efficace de maintien des effectifs.
Il est nécessaire de vérifier objectivement les conditions des prestations de soins de qualité et la véritable qualité des soins fournis, avec un solide impact sur les paiements de performance. Ce processus de validation peut-être appliqué à une fréquence trimestrielle au début de la mise en place du programme. Une fois qu’il est bien compris comme une partie intégrante du programme, il devient un élément de motivation que les managers utilisent comme système de surveillance et moteur créateur de qualité au sein du système ou du réseau.
Les résultats peuvent faire état des progrès réalisés vers les cibles à atteindre. Leur obtention peut signifier un « impact » sur l’état de santé ou être enregistrée comme une contribution intermédiaire sur le chemin qui conduit vers lui.
Ils sont le témoignage de la quantité et de la qualité des systèmes de santé. Les bailleurs comme les gouvernements insistent sur ceux basés sur des preuves lorsqu’ils décident de dépenser leur argent. Les résultats sont indispensables à la fois pour la quantité et la qualité pour documenter les changements positifs attribuables à l’application du FBR. En ce sens, ils doivent être diffusés régulièrement pour tenir les parties prenantes informées des progrès réalisés.
Dans un centre de santé où les travailleurs atteignent des résultats concrets et visibles, ces résultats sont achetés par la stratégie du FBR grâce à l’appui du Fonds mondial et de la Banque mondiale. Ces dernières années, la motivation des ressources humaines en santé afin de garantir leur disponibilité et d’optimiser leurs résultats est devenue pour de nombreux pays, un véritable défi. Le FBR fait partie des stratégies d’interventions expérimentées en réponse à cette préoccupation.
Les effets du FBR sont donc visibles tant sur la vie des populations que sur la qualité des prestations des agents de santé après trois ans de mise en œuvre. Parlez-nous de son expérimentation au niveau de votre ressort territorial ?
Le Financement basé sur les résultats a eu un effet positif sur la motivation des agents de santé. La poursuite de l’expérimentation dans la zone sanitaire de Zogbodomey-Bohicon-Za-kpota (ZoBoZa) et la zone sanitaire de Covè-Zagnanado-Ouinhi (COZO) peut contribuer au processus de capitalisation en vue de la mise à l’échelle de l’intervention au niveau national.
Je pense que c’est la meilleure façon d’amener les agents de santé à donner des soins de qualité. L’expérience montre qu’on ne peut plus rien faire sans le FBR. Les changements observés dans la zone sanitaire de Zogbodomey notamment dans les centres de santé de ZoBoZa depuis l’avènement du FBR, sont très remarquables. De par mon analyse, il est une approche porteuse d’espoir pour améliorer la satisfaction non seulement du personnel de santé mais également des populations. Depuis environ 3 ans, tout le monde a une meilleure impression sur le travail abattu par le personnel de santé dans le département du Zou-collines. Au nombre des améliorations enregistrées dans les centres de santé, je peux citer : l’organisation régulière des campagnes de salubrité, l’amélioration sensible de l’état de propreté et d’hygiène, début d’amélioration de la qualité des prestations, l’amélioration de l’accueil des patients dans les centres de santé, l’acquisition de groupes électrogènes au profit des formations sanitaires, l’amélioration de l’utilisation des services pour les soins curatifs, le renforcement du partenariat entre les centres publics et privés.
Les travailleurs ont fait leurs preuves et les résultats sont bien visibles. De la même façon, dans les six autres zones sanitaires retenues au cours des trois premières années, les résultats sont les mêmes. Et c’est pourquoi je remercie les partenaires techniques et financiers et le ministre de la Santé qui ont pris cette stratégie comme leur cheval de bataille.
La population n’a pas cessé d’apprécier cette stratégie puisque, quand le personnel est motivé, il donne le meilleur de lui-même parce qu’une performance améliorée est égale à un gain. Lorsqu’une population est satisfaite par les soins et qu’il y a moins de fronde envers les agents de santé, alors il y a la garantie d’une bonne santé. Donc, c’est une stratégie qui permet de régler beaucoup de problèmes tant parmi la population que des politiques ou des décideurs. Les résultats sont probants en termes de couverture, de mobilisation et d’engagement du personnel de santé et ceci à tous les niveaux.
Aujourd’hui, on parle de la mise à l’échelle du FBR. Qu’en est-il exactement ?
Toutes les zones sanitaires retenues ont pratiquement des résultats satisfaisants. En témoignent les validations trimestrielles des résultats avec échange entre les zones moins performantes qui copient les bonnes pratiques des zones performantes.
Avec le FBR, d’importantes innovations ont été enregistrées de sorte qu’il importe d’étendre l’expérience à d’autres zones qui sont dans le besoin. D’ailleurs les acteurs de cette stratégie sont en train d’étudier comment faire pour impliquer les privés dans sa mise en œuvre. Il y a eu aussi des formations des acteurs sur le portail du FBR. Ce qui permet à chacun d’eux, de s’approprier tous ses contours. Si nous avons eu des résultats palpables et visibles, il est maintenant important qu’il y ait une application qui va permettre de sortir des résultats concrets et de bien gérer les données. Car, c’est ce qui va perpétuer la traçabilité de cette stratégie à la longue et permettre aussi une pérennisation. En résumé je puis vous dire qu’il y a trop d’innovations qui sont à l’actif du gouvernement et de la coordination de l’Unité de coordination de ce projet. Les assistants techniques chevronnés sont comme des inspecteurs à l’image de ceux des écoles primaires. Sous leur houlette, le travail marche. Avec cette stratégie, le Bénin a de très fortes chances parce que ses résultats contribueront à une très bonne performance pour les zones sanitaires du Bénin.
Vous parliez tantôt d’une nouvelle innovation qui consiste à impliquer les privés dans la stratégie du FBR. Quelles sont alors les raisons qui sous-tendent cette innovation ainsi que les critères de sélection au niveau des privés volontaires ?
La santé ne saurait être l’affaire de l’Etat seul. Il y a le secteur privé qui soigne aussi les populations, surtout la grande masse. Si on met la stratégie FBR seulement au niveau des services de santé de l’Etat sans prendre en compte les privés, il a quelque chose qui ne va pas. C’est pour cela que des efforts sont déployés pour pouvoir intégrer les privés. Ces derniers veulent bien se soumettre. Un privé qui ne fournit pas d’efforts, ne pourra pas intégrer la stratégie, surtout qu’il s’agit d’un engagement qui demande des contraintes. Mais lorsqu’il fait bien avec des résultats concluants, il gagne des bénéfices.
Les critères qui doivent guider leur sélection commencent d’abord par les autorisations. Tout centre désireux doit être autorisé par l’Etat et doit participer à la vie des populations. Il doit être aussi prêt à se soumettre à une supervision et fournir des statistiques. Aussi pourront-ils gagner des subsides à même de les aider à renouveler le matériel¦