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Secteur de la santé : les défis relevés en 2021

Santé
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 06 janv. 2022 à 10h27
La riposte à la Covid-19 au Bénin a été manifeste, ces douze derniers mois. Outre l’engagement contre la maladie à coronavirus, l’arsenal juridique s’est également renforcé au profit du secteur de la santé. Retour sur quelques grands moments ayant marqué 2021. Deux ans après son apparition, la Covid-19 reste encore une préoccupation majeure pour les Etats du monde. Le Bénin ne joue pas avec la question. La riposte s’organise sérieusement pour bouter hors de notre pays ce virus. Du port obligatoire de masque au lavage systématique des mains en passant par la distanciation sociale (gestes barrières édictés par l’Oms), le pays assure une veille permanente. En 2021, la riposte a été focalisée sur la vaccination. Il faut dire que le Bénin a connu deux grandes périodes de recrudescence des cas positifs au Covid-19, l’année dernière. La première, courant mars et la seconde entre juin-juillet au point d’en arriver à l’utilisation de cinq cents obus d’oxygène par jour. Quelques cadres de l'administration y ont péri. Face à ce drame, le gouvernement a pris des mesures fortes pour maîtriser la situation. Cela s’est manifesté par la construction du centre de prise en charge d’Abomey-Calavi, le renforcement des capacités du centre d’Allada et l’achèvement des travaux du centre de prise en charge de Natitingou. Le 10 mars 2021, le Bénin réceptionne ses premières doses de vaccin, soit 144 000 doses du vaccin AstraZeneca/Oxford, sous licence par l’Institut Serum en Inde à Cotonou. A la suite de cette réception, le gouvernement lance la vaccination anti- Covid-19, le 29 mars 2021. L’Exécutif poursuit parallèlement ses efforts dans le sens de la disponibilité des vaccins au profit de toutes les personnes en âge d’être vaccinées. Lundi 26 juillet 2021, le Bénin réceptionne 302 400 doses du vaccin Johnson & Johnson du gouvernement américain. Les donateurs espèrent que grâce à cette aide, le Bénin pourra atteindre son objectif d’immuniser 40 % de sa population contre le virus à la fin de l’année 2021. Le vaccin Pfizer est désormais disponible dans les centres de vaccination contre la Covid-19. Le Bénin l’a réceptionné le 30 septembre 2021, en vue de renforcer les autres vaccins déjà disponibles et offrir un choix plus large aux populations. Efforts en faveur de la couverture vaccinale A ce jour, le Bénin dispose de cinq gammes de vaccins à savoir AstraZeneca, Pfizer, Johnson and Johnson, Coranavac et Moderna. Au total, il est attendu que 20 % de la population bénéficie des vaccins Covax. Face à la réticence des populations à adhérer à la vaccination, le gouvernement lance, le 16 novembre 2021, la campagne accélérée de vaccination. Ce qui a permis de faire passer le taux de couverture vaccinale de 4 % à près de 20 % actuellement, selon une source du ministère de la Santé. A la date du 03 janvier 2022, 1 897 214 doses ont été administrées, soit 1 421 442 personnes ayant bénéficié d’une vaccination complète contre la Covid-19 et 475 772 personnes primo vaccinées. La couverture vaccinale par catégories donne 89,39 % pour le personnel sanitaire, 19,82 % s’agissant des personnes âgées de 60 ans et plus. Le taux de couverture vaccinale concernant les sujets de 18-60 ans avec comorbidité est de 3,51 %, et 36,19 % pour les sujets dont l’âge est compris entre 12-60 ans. Ce qui représente une couverture globale de 19,49 %. La Covid-19 impose ses restrictions, le gouvernement du Bénin y apporte aussi des réponses adéquates. En 2021, le pass vaccinal a été généralisé à l’ensemble des services publics et imposé lors des rencontres officielles. Quoique cette décision ait suscité beaucoup de grincements de dents, elle a contraint beaucoup de travailleurs à se mettre au pas. Des efforts se poursuivent en faveur de la prise en charge efficace des cas positifs et de la sensibilisation des populations au bien-fondé du vaccin. Un secteur bien régulé Au-delà de la riposte à la Covid-19, les lignes ont bougé en 2021 en matière de législation dans le secteur de la santé au Bénin. Le souci permanent de la régulation a amené le gouvernement à engager des réformes pour l'assainissement du secteur pharmaceutique. On retiendra la loi N°2021-03 du 1er février 2021 portant organisation des activités pharmaceutiques en République du Bénin. Cette loi comporte des dispositions relatives aux activités liées aux médicaments et aux autres produits de santé, aux conditions d’exercice de la pharmacie, à la régulation pharmaceutique ainsi qu’aux sanctions applicables en cas de trafic de faux médicaments. Selon Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé, cette loi est la consécration de tous les efforts engagés par le président Patrice Talon depuis 2016 dans le secteur de la santé. Elle apporte une cohérence à l’ensemble du dispositif législatif et réglementaire relatif à la pharmacie et aux médicaments, conforte le Bénin dans le respect de ses engagements internationaux exprimés à travers la Convention Médicrime (Instrument de droit pénal international de lutte contre le trafic des faux médicaments) et permet de renforcer sa crédibilité vis-à-vis de la communauté internationale. Mardi 19 janvier 2021, les députés procèdent à la relecture de la loi 2020-37 portant protection de la santé des personnes en République du Bénin. Elle vise l’amélioration des soins de santé aux populations, sans discrimination. Plusieurs innovations ont été apportées à cette loi, notamment l’assurance maladie qui devient désormais obligatoire au Bénin. L’article 16 nouveau stipule que l’assurance maladie est obligatoire pour toutes les personnes qui résident sur le territoire national. Cette assurance maladie obligatoire garantit un panier de soins dont la marge est définie par décret pris en Conseil des ministres. L’article 17 oblige les employeurs publics ou privés à souscrire entièrement à leurs charges l’assurance maladie obligatoire pour leur personnel, ainsi que les travailleurs indépendants qui ont l’obligation d’y souscrire pour leur propre compte. L’article 18 du troisième chapitre stipule que l’assurance maladie des personnes reconnues pauvres extrêmes ou non extrêmes est souscrite par l’État selon des modalités définies par décret pris en Conseil des ministres. L’autre mesure forte prise l’année écoulée est relative à l’immersion et à la pré-insertion professionnelle des jeunes médecins. C’est une décision prise par le Conseil des ministres, mercredi 14 juillet 2021. Ce programme vise à mettre à la disposition des formations sanitaires, chaque année, trois cent cinquante jeunes professionnels de santé, et ce, sur une durée de trois ans. Grâce à cette initiative, beaucoup de jeunes pourront facilement s’insérer dans le secteur public en même temps que les malades seront soulagés. Pour les bénéficiaires, cette décision en soi est déjà une avancée. Tout en louant l’initiative, ils souhaitent une réinsertion effective et inclusive.