La Nation Bénin...
Temps
et épreuves. Depuis le 9 novembre 1964, jour de sa première parution, ce sont
les facteurs auxquels Fraternité Matin est confronté. Rien de tel pour
revendiquer une expérience à toute épreuve. Et des perspectives, taraudé par
les défis de l’heure.
Résilient,
le quotidien de service public ivoirien s’est consolidé en s’adaptant aux
enjeux et défis imposés par le fil de l’histoire. Après 60 années d’existence,
Fraternité Matin entre dans une nouvelle ère, « Ragaillardi par son
expérience », assure son Directeur général, Serge Abdel Nouho, selon qui,
après six décennies, le journal leader de la presse ivoirienne franchit un
nouveau cap, non sans garder en vue les questions existentielles de l’heure.
A
l’occasion de la célébration de son jubilé de diamant, ce 6 décembre 2024,
l’une de ces questions a été soulevée à travers un symposium international
portant sur le thème « Journalisme et multimédia à l’ère de l’intelligence
artificielle : construire la confiance, booster la performance ». Un
créneau de réflexion sur le nouveau cap à franchir, selon Serge Abdel Nouho.
L’évènement, placé sous le parrainage de la Première dame de la Côte d’Ivoire,
Dominique Ouattara et de Tiémoko Meyliet Koné, Vice-président de la République,
a réuni à Cocody au Sofitel hôtel Ivoire Abidjan la crème de la presse
ivoirienne et africaine.
Représentant
le Vice-président, son directeur de cabinet adjoint, Emmanuel Ahoutou Koffi a
indiqué que « Cet évènement de grande portée célèbre six décennies de
parcours remarquable ». Aussi, rend-il hommage aux femmes et aux hommes qui ont
servi depuis sa création avec engagement et responsabilité pour faire du
journal ce qu’il est aujourd’hui. Une histoire glorieuse qui n’exclut pas la
réflexion sur l’avenir, dira Emmanuel Ahoutou Koffi, qui salue le thème dudit
symposium qui offre, dit-il, une plateforme idéale pour imaginer des solutions
innovantes et tracer les contours de « l’avenir de la presse, du
journalisme et des médias à une époque où la technologie redessine les contours
de nos sociétés ».
Du
même avis, le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, soutient
qu’« Atteindre 60 ans, c’est franchir un cap significatif de sa vie. Ce
n’est pas simplement un nombre, mais plutôt une étape charnière, une transition
vers une nouvelle phase riche en expériences, en idées et en projets
nouveaux ». D’où sa satisfaction du thème retenu pour le symposium qui met
« en évidence les défis à relever par les médias et les journalistes, face
à l’essor continu du numérique et des technologies de l’intelligence
artificielle ». Selon Amadou Coulibaly, l’intelligence artificielle peut
aider à amorcer un tournant décisif de l’histoire du secteur des médias. Pour
ce faire, il convient, recommande-t-il, « plus que jamais de réinventer
sans cesse, avec la claire conscience que l’adaptation aux changements et des
contenus de qualité sont les garants certains de la vie et de la survie des
entreprises de presse ». Aussi, Serge Abdel Nouho invite-t-il ses pairs à
faire la mise à jour nécessaire afin de répondre aux attentes d’un lectorat de
plus en plus tourné vers les outils technologiques, « d’anticiper le
développement de l’intelligence artificielle générative qui bouleverse déjà les
pratiques dans les médias ».
Instant
de réflexion
Organisé en association avec le Groupement des éditeurs de presse publique d’Afrique de l’Ouest (Geppao), le symposium international s’est décliné en trois panels. Le keynote d’ouverture a porté sur comment « Exploiter le potentiel transformateur de l’IA : un défi pour les médias». Le premier panel s’est penché sur « IA, multimédia et presse écrite : quelles stratégies pour demain ? », et a été animé par Pr Koné Tiemoman, président de l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, Kamal Elalami, directeur général adjoint du quotidien Le Matin du Maroc, et Jean-Claude Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire. Il ressort des interventions que l’intelligence artificielle recèle la promesse d’une profonde transformation de l’industrie médiatique, et de la manière dont on produit et consomme désormais l’information. Selon les panélistes, plutôt que d’être dans l’expectative, les médias doivent s’adapter à l’IA.
Modéré
par Adama Koné, directeur général adjoint de Fraternité Matin, le deuxième
panel a statué sur «Journalisme et IA : préserver l’éthique et l’intégrité face aux risque de désinformation
et aux deep fakes » ; il a été animé par Paul Amoussou, directeur de
publication du quotidien de service public béninois La Nation, Samba Koné,
président de l’Autorité nationale de la presse ivoirienne, Me René Bourgoin,
président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle, et Ibrahim
Koné, directeur de publication du quotidien guinéen Horaya. Il ressort des
interventions qu’avec la montée en puissance des algorithmes capables de
générer des contenus, la question de la désinformation et de l’intégrité
n’apparait que plus prégnante et préoccupante.
Certes, admettent les panélistes, l’IA offre une lucarne d’opportunités sans précédent qu’il ne faut pas dédaigner, mais la saisir ne saurait se faire sans une observance stricte des règles éthiques et déontologiques qui régissent les médias. « La vérification des faits, la sécurisation des sources d’information, sont plus que jamais le gage d’un journalisme crédible aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle générative et la profusion des publications faites par les acteurs amateurs et hors-champ médiatique », soutiendra Paul Amoussou, appuyé en cela par Ibrahim Koné. Pour sa part, René Bourgoin insiste sur l’importance désormais de réguler les diffuseurs de contenus web dont les partages ne sauraient être considérés comme relevant du cercle privé dès lors qu’ils revendiquent plus de 25 000 followers. L’exercice des questions-réponses, qui a succédé aux panels, et l’ambiance bon enfant qui l’a marqué, auront témoigné de la pertinence des thèmes retenus pour le symposium.