La Nation Bénin...
A
quelques semaines des examens de fin d’année, la pression monte aussi bien chez
les candidats que dans leur entourage. Dans cet entretien, Dr Anikè Adébayo
Bilikis Talibou, spécialiste des sciences de l’éducation, experte en jeux et
apprentissage, et motivatrice des apprenants, livre des conseils éclairés. Elle
aborde l’organisation des révisions, la gestion du stress, le rôle crucial des
parents et enseignants, tout en mettant en garde contre certaines erreurs
courantes. Pour elle, la clé du succès réside avant tout dans la confiance en
soi.
La Nation : Quelles sont les méthodes les plus efficaces pour organiser ses révisions en vue des examens de fin d’année ?
Dr
Bilikis Talibou : Il n’existe pas de méthode universelle pour réviser, car
chaque apprenant est unique. Il est donc essentiel que chacun se connaisse et
identifie la manière dont il assimile le mieux les connaissances. Cependant, en
cette période décisive, il faut faire preuve de rigueur et éviter la
dispersion, source de stress inutile, car le stress, en soi, est une réaction
normale.
La
première étape consiste à établir un planning de révision personnel. En dehors
des séances intensives organisées à l’école, des travaux de groupes ou des
encadrements à domicile, chaque candidat doit affronter sa propre réalité et
procéder à une autoévaluation honnête. Il faut dresser un bilan par matière
pour identifier ce qui est bien acquis, ce qui est moyen, et ce qui ne l’est
pas du tout. A chaque niveau doit correspondre une stratégie adaptée :
apprendre les notions non maîtrisées nécessitant de la mémorisation (formules,
théorèmes, schémas…), mais aussi et surtout reprendre les exercices. Beaucoup
d’élèves négligent cette étape, pourtant essentielle. C’est un piège. La
répétition consolide les acquis. A l’examen, c’est la mémoire à long terme,
mais aussi la compréhension et la réflexion qui sont sollicitées. Il faut donc
viser la compréhension profonde, et non la simple récitation.
Pour
cela, il est utile de recourir au dictionnaire dès qu’un mot est incompris, car
un seul terme mal saisi peut bloquer la résolution d’un exercice. L’usage de
post-it peut également s’avérer efficace, selon le principe de l’apprentissage
indirect. On y inscrit les notions complexes, puis on les colle à des endroits
stratégiques de la maison afin de les relire fréquemment, sans pression.
Enfin, la révision espacée est essentielle. Il est déconseillé de passer plusieurs jours sur une même matière. Il est préférable d’alterner et de réviser les contenus avec au moins une journée d’écart.
Comment un élève peut-il gérer au mieux son stress et son emploi du temps durant la période de révision ?
Le
stress est naturel. Nous avons tous peur à l’approche d’un enjeu majeur. Ce qui
fait la différence, c’est la façon de réguler cette peur. Lorsqu’elle survient,
il est conseillé de pratiquer la respiration abdominale : inspirer profondément
en gonflant le ventre, puis expirer lentement en le dégonflant. D’autres
exercices de relaxation sont disponibles, notamment sur YouTube. Se déchausser
et prendre contact avec le sol peut également aider à se recentrer.
Concernant l’emploi du temps, sa construction et son respect sont cruciaux. La discipline des derniers jours peut changer la donne. Il faut éviter la procrastination, c’est-à-dire le report incessant des tâches, qui conduit à se retrouver submergé à la dernière minute. L’emploi du temps doit couvrir la journée entière, du réveil au coucher, et prendre en compte les heures de cours comme celles d’études à la maison. Il est aussi important de prévoir des temps de loisirs sains, indispensables à l’oxygénation du cerveau. Le tout est de trouver un équilibre entre travail et détente.
Quel rôle les parents et les enseignants peuvent-ils jouer dans la réussite des élèves à l’approche des examens ?
En
cette période critique, leur rôle est de stimuler l’état d’esprit des
candidats. Il s’agit de mettre en pratique l’effet Pygmalion : croire en
l’élève pour qu’il croie en lui-même. Les parents et les enseignants sont des
miroirs pour les enfants. Ils doivent donc leur renvoyer une image valorisante
et positive.
Il faut, à cet effet, éviter les critiques permanentes ou les propos décourageants. A la place, on devrait entendre : « Je sais que tu peux réussir», « Tu en es capable », « Tu peux encore atteindre ton but». Ces paroles ont un impact considérable sur la confiance en soi de l’élève.
Quels sont les principaux pièges à éviter lors de la préparation aux examens afin de maximiser ses chances de réussite ?
Il
faut d’abord éviter les veilles excessives. Le cerveau a besoin de repos pour
bien intégrer les informations. C’est pendant le sommeil que se consolident les
apprentissages.
Ensuite, mieux vaut éviter les excitants comme le café, qui ne favorisent pas l’activité cérébrale sur le long terme. Autre piège à éviter est de changer continuellement de groupe de révision. Il est préférable de se fixer dans un groupe de travail cohérent. A cela doit s’ajouter une autoévaluation régulière à travers les exercices. Il ne faut pas se contenter d’écouter ou de regarder les autres faire. Il faut pratiquer soi-même.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux parents et aux candidats pour conclure cet entretien ?
J’aimerais dire que la confiance en soi est la clé de toute réussite. Il faut travailler sérieusement, mais aussi croire jusqu’au bout en ses capacités. C’est cette foi en soi, soutenue par un bon encadrement et une méthode adaptée, qui mène à la réussite.