La première phase du Programme d’appui à la commercialisation du bétail en Afrique de l’Ouest (Pacbao) mis en œuvre par l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation de la Cedeao sur financement de la Confédération suisse est à son terme. En attendant que se déploie la phase suivante, et dans l’optique de consolider les acquis, une étude d’évaluation finale a été commanditée. Elle fait l’objet d’un atelier de restitution qui mobilise actuellement toutes les parties prenantes à Cotonou.
Les participants sont appelés d’une part à faire une évaluation finale et de capitalisation dudit programme, et d’autre part, à travailler à la formulation d’une 2e phase. L’atelier est aussi l’occasion de partager les résultats obtenus auprès des différents acteurs des chaines de valeur bétail-viande en Afrique de l’Ouest et au Sahel ; leurs appréciations étant indispensables pour la suite du programme. Les expériences, les principaux défis et enjeux actuels des chaines de valeur bétail/viande et les bonnes pratiques seront passés en revue au cours des travaux.
Amadou Diongue, représentant résident de la Cedeao au Bénin rappelle que le Pacbao, prévu pour une durée de quatre ans, a fait l’objet d’une extension jusqu’au 30 juin 2023, en raison de la crise sanitaire de la Covid-19 qui a retardé la mise en œuvre des initiatives innovantes pilotes de terrain. Le Pacbao est, selon lui, la manifestation concrète de la volonté politique affichée en faveur du développement du sous-secteur de l’élevage en Afrique de l’Ouest. Il a eu pour ambition, poursuit-il, « de trouver des solutions durables aux préoccupations des acteurs du sous-secteur de l’élevage, notamment des chaines de valeur bétail/viande ».
Non-adéquation de l’offre et de la demande régionales en bétail et viande, coût très élevé de l’acheminement du bétail depuis les zones de production vers les marchés de consommation, contraintes de financement, faible structuration de la filière… Les défis sont nombreux et c’est en cela, indique Amadou Diongue, que l’appui de la Confédération suisse, à travers sa direction du développement de la coopération, est une opportunité pour les éleveurs et producteurs dans leur quête de mieux-être dans leurs activités autour du bétail. « Cet atelier nous permettra, dans un premier temps, d’apprécier la performance globale et les résultats du programme en termes de pertinence, de cohérence, d’efficacité, d’efficience, de viabilité et d’impact », a aussi soutenu le représentant de la Cedeao. En outre, la proposition technique complète de la phase 2 nourrie par les résultats, les recommandations, les bonnes pratiques et les leçons apprises de la première phase sont autant de sujets qui intéressent.
Promouvoir des initiatives de développement
Stéphanie Guha, cheffe de coopération suppléante du bureau de la coopération au Bénin, rappelle que depuis 2016, la Suisse et la Cedeao mènent des actions communes pour le développement du commerce régional du bétail en Afrique de l’Ouest. Depuis juillet 2018, les deux parties ont signé une convention d’un montant de plus de 3,5 milliards de F Cfa pour la mise en œuvre du programme sus-cité. Lequel constitue, selon elle, une opérationnalisation du volet commercialisation du Programme régional pour l’investissement et le développement de l’élevage dans les pays côtiers. Pour ce qui est du Pacbao, son ambition est de soutenir le développement des capacités opérationnelles de la direction « Agriculture et Développement rural » de la Cedeao, renforcer l’organisation des acteurs privés et la structuration de la filière bétail-viande et promouvoir des initiatives et innovations de développement à caractère régional pour faciliter le commerce régional du bétail-viande. La Suisse maintient son engagement à contribuer aux options stratégiques de la Cedeao à partir des expériences réussies, annonce-t-elle. Malgré cet engagement, une interrogation demeure : que mettent en place la Cedeao et ses Etats membres comme stratégies et actions ? En attendant de dégager les réponses à cette question, Dossa Aguenou, représentant le ministre en charge de l’Agriculture, a mis en exergue les actions déjà engagées par le Bénin qui porte une attention particulière au secteur.
Les produits animaux sont essentiels pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. C’est pourquoi le Bénin a défini clairement les actions principales en faveur du développement du sous-secteur de l’élevage, fait savoir Dossa Aguenou. « L’objectif à l’horizon 2026 est de limiter les importations des produits animaux et de porter la couverture des besoins en viande, lait et œufs de table respectivement à 70 %, 55 % et 95 % », soutient-il. Pour y arriver, il faut conduire une série d’actions comme la sédentarisation des troupeaux de ruminants, l’amélioration de la gestion de la mobilité et de la reproduction des troupeaux par l’identification animale, l’amélioration génétique des animaux, l’amélioration de l’accès aux intrants zootechniques et vétérinaires, l’amélioration de la santé animale par le renforcement du suivi sanitaire des élevages… Les travaux de l’atelier se déroulent en quatre sessions. Ils prendront fin par l’élaboration d’une feuille de route pour la finalisation de la phase 2.