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Exposition collective « Les grandes mains »: Un appel à célébrer les petites mains laborieuses et silencieuses

Société
Moment d’échanges entre artistes et visiteurs de l’exposition Moment d’échanges entre artistes et visiteurs de l’exposition

Quatre artistes aux parcours différents qui se complètent pour peindre le monde selon leurs inspirations. Ils chantent l’ode des petites et invisibles mains qui font et façonnent le monde. Qu’elles soient celles des peintres, des artistes ou des autres travailleurs, les mains du monde invisible ont besoin de lumière. Et c’est bien ce que leur apportent ces quatre artistes à travers une exposition collective à la galerie Zato.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 12 mai 2025 à 07h50 Durée 3 min.
#Exposition collective

Rosaire Degbokin, Didier Donvidé, Émanuele Dovonou et Rigobert Mankou ne racontent pas que le monde et les mains qui le façonnent. Les quatre artistes à l’occasion de l’exposition collective « Les grandes mains » qu’ils présentent à la galerie Zato de Cotonou, présentent les émotions, les facettes, les joies de la vie autour d’eux. Chacun y va de son inspiration et de son support pour transmettre aux visiteurs l’inspiration de son art. Ce travail collectif est aussi un témoignage aux mains invisibles qui font le monde. Qu’elles soient grandes ou petites, visibles ou inconnues, on leur doit les mutations de notre temps. Bien souvent, des travailleurs croissent et croupissent aussi dans l’anonymat. Un constat contre lequel, ces artistes lèvent le pinceau à l’occasion de la fête du 1er mai célébrant les travailleurs. Non pas pour crier haro, mais simplement pour rendre hommage à travers des œuvres qui traverseront le temps avec leurs messages.

Le jeune plasticien Didier Donvidé, synthèse parfaite de plusieurs de ses ainés qui l’ont façonné, présente des sculptures. De Koffi Gahou à Sébastien Boko, ses œuvres qui demeurent influencées par leurs arts arborent plus de couleurs. L’état d’âme devant une œuvre de Donvidé se dessine au premier regard. Pas étonnant donc qu’il use de beaucoup de colorations pour projeter ses nuances. Sur ses toiles, il est plus entre des techniques mixtes qui donnent à ses œuvres un fond et une texture qui le singularisent. A la galerie Zato, il aborde divers thèmes avec ses tableaux qui rament entre culture, art, identité… D’origine française et autodidacte en arts plastiques, Emanuèle Dovonou est une instructrice qui a embrassé l’art par passion. Elle embrasse différentes techniques pour rendre son art. Un art ouvert sur de nouvelles expérimentions qui restituent une beauté supplémentaire à ses tableaux. Il y a aussi une part de « Soi » qui s’échappe de son travail que le public prend du plaisir à découvrir à la galerie Zato. Rigobert Mankou restitue bien son héritage ancestral. Rigo comme on l’appelle présente à l’occasion, quelques-unes de ses œuvres emblématiques. 

Regard neuf, beauté et grandeur

Né d'un père sculpteur de bois, on ressent derrière son travail, une omniprésence de mystère et de sensualité. Il semble détenir une parfaite maîtrise du bois, son principal atout qu’il façonne à sa guise pour offrir des sculptures issues d’une démarche entre passion et énergie créative.

Né en avril 1984 à Savalou, Rosaire Degbokin qui a fait ses études en menuiserie avant de se lancer en peinture a été primé au Salon international de l'artisanat de Ouagadougou. Ce peintre et sculpteur, est à la fois entre uniformité et unicité.

L’abstraction prend une place importante dans ses œuvres qui racontent chacune une histoire. Autant dire que ses œuvres sont une pièce de théâtre où chacun prend son rôle et le joue d’un bout à l’autre de la toile. La première lecture que le visiteur peut se faire de son travail se nuance dès lors qu’il en vient lui-même à expliquer ses réalisations. L'idée avec cette exposition, c'est de rendre hommage à toutes celles qui travaillent jour et nuit, mais qui ne sont pas perçues du tout, soutient Michkath Zato, directrice de la galerie. Si elle a accepté d’accueillir les œuvres, c’est aussi pour reconnaitre le mérite des mains non moins expertes de ces quatre artistes. 

Il en va de même pour le parrain de l’exposition, Noël Chadaré. L’ancien syndicaliste s’est prêté au projet parce qu’il y a vu « une invitation à regarder le monde avec un regard neuf, la beauté et la grandeur ». Une ode à la construction d’un monde meilleur, soutient-il. Les gestes, les actions, les biens du travai, la force, l’activité de tous ceux qui construisent un monde meilleur par leurs petites mains laborieuses, solides et silencieuses dans l'ombre, que l’on célèbre si rarement. Ce sont, pour lui, autant de vertus dont se parfume ladite exposition.