La Nation Bénin...
Les onze membres de la Commission nationale chargée de la lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques ont officiellement pris fonctions, ce mardi 20 mai. Installée pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois, cette instance stratégique incarne une étape majeure dans la mise en œuvre de la politique nationale visant à promouvoir et à protéger la création artistique et littéraire.
Le
Bénin engage une étape décisive dans la sauvegarde des droits des auteurs avec
l’installation de la Commission nationale de lutte contre la piraterie des
œuvres littéraires et artistiques. Une réponse forte à un phénomène qui mine
les fondements de l’économie culturelle nationale.
Pour
Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, cette
installation est bien plus qu’un acte administratif. Elle est l’aboutissement
d’une volonté politique forte, orientée vers la construction d’une économie
culturelle dynamique, équitable et respectueuse des droits des créateurs.
Il
note que la piraterie, dans ses formes anciennes comme dans ses mutations
récentes, demeure un défi majeur. Elle affecte profondément les chaînes de
valeur du livre, de la musique, du cinéma et de la création audiovisuelle en
général. « Il est une maxime, dans le droit de nombreuses nations, qui enseigne
qu’un droit sans réparation n’est qu’une illusion. Cette vérité prend tout son sens
dans le domaine de la propriété intellectuelle », a déclaré Jean-Michel
Abimbola, rappelant que les artistes béninois sont trop souvent dépossédés de
leurs œuvres sans pouvoir obtenir justice.
Face
à la sophistication croissante des pratiques de piraterie, l’État béninois a
décidé de structurer sa riposte. La Commission installée a pour mission de
conduire des réflexions stratégiques, d’élaborer et d’évaluer les politiques
nationales, de promouvoir une culture de respect des droits d’auteur, et d’assurer
l’efficacité des brigades départementales dédiées à la lutte contre la
contrefaçon et autres.
Le
ministre Jean-Michel Abimbola a attiré l’attention sur la mutation numérique de
la piraterie. « Elle n’est plus seulement l’affaire de marchés parallèles ou de
supports physiques contrefaits. Elle est désormais portée par la
dématérialisation, par l’instantanéité du partage numérique, et par des réseaux
parfois insaisissables », explique-t-il. Dans ce contexte, précise l’autorité
ministérielle, la Commission devra mener une action ciblée dans les milieux
scolaires et universitaires, où la reproduction illégale de manuels et
documents pédagogiques désorganise l’ensemble de la chaîne du livre. Elle devra
aussi établir des partenariats avec les plateformes numériques (YouTube,
Facebook, TikTok, Instagram…) pour traquer les contenus diffusés illégalement.
Le
ministre appelle à un usage accru des technologies avancées, telles que les
empreintes numériques, le traçage intelligent des œuvres et l’intelligence artificielle,
pour détecter automatiquement les cas d’infraction. Il plaide également pour un
renforcement des sanctions et une sensibilisation renforcée à l’éthique de la
création auprès des créateurs, des utilisateurs et des plateformes. « Vous êtes
appelés à être les sentinelles de la création, les artisans d’un environnement
protecteur et équitable pour tous ceux dont la vocation est de penser, de
concevoir, d’écrire, de créer et de transmettre », lance le ministre aux
membres de la commission, leur assurant l’appui constant de son département.
Des actions
L’intervention
du directeur général du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins
(Bubedra), Eugène Aballo, a permis d'apprécier les transformations en cours depuis 2019. Sous
l’impulsion du ministère, plusieurs réformes majeures ont été mises en œuvre
pour professionnaliser le secteur et renforcer la transparence. Parmi elles, la
dématérialisation du paiement des droits aux sociétaires a constitué une
avancée significative. Elle a permis, selon le directeur général du Bubedra, de
fluidifier les transactions et de garantir une meilleure traçabilité des flux
financiers. Il fait savoir que le système s’est enrichi d’un écosystème
numérique pour la perception des redevances, hébergé au sein du ministère de
l’Économie et des Finances. « Aujourd’hui, plus de 7 000 redevables peuvent
effectuer leurs paiements sans contact physique, réduisant ainsi les risques de
fraudes et d’erreurs», précise-t-il.
En outre, Eugène Aballo souligne que le Bubedra a sollicité l’expertise de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) pour adopter Wipo Connect, un outil numérique d’interconnexion avec les bases de données internationales. Ce dispositif permet d’attribuer un code d’identification aux œuvres produites localement, offrant aux auteurs béninois une reconnaissance mondiale et facilitant la collecte de leurs droits à l’international. Avec cette nouvelle étape, le Bénin se dote des outils nécessaires pour faire de la protection des œuvres un socle solide pour une économie créative durable et équitable.