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Lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques: Les membres de la commission nationale installés

Société
La Commission installée a pour mission de conduire des réflexions stratégiques  dédiées à la lutte contre la contrefaçon La Commission installée a pour mission de conduire des réflexions stratégiques dédiées à la lutte contre la contrefaçon

Les onze membres de la Commission nationale chargée de la lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques ont officiellement pris fonctions, ce mardi 20 mai. Installée pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois, cette instance stratégique incarne une étape majeure dans la mise en œuvre de la politique nationale visant à promouvoir et à protéger la création artistique et littéraire.

Par   Isidore Gozo, le 21 mai 2025 à 07h51 Durée 3 min.
#lutte contre la piraterie des œuvres littéraires

Le Bénin engage une étape décisive dans la sauvegarde des droits des auteurs avec l’installation de la Commission nationale de lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques. Une réponse forte à un phénomène qui mine les fondements de l’économie culturelle nationale.

Pour Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, cette installation est bien plus qu’un acte administratif. Elle est l’aboutissement d’une volonté politique forte, orientée vers la construction d’une économie culturelle dynamique, équitable et respectueuse des droits des créateurs.

Il note que la piraterie, dans ses formes anciennes comme dans ses mutations récentes, demeure un défi majeur. Elle affecte profondément les chaînes de valeur du livre, de la musique, du cinéma et de la création audiovisuelle en général. « Il est une maxime, dans le droit de nombreuses nations, qui enseigne qu’un droit sans réparation n’est qu’une illusion. Cette vérité prend tout son sens dans le domaine de la propriété intellectuelle », a déclaré Jean-Michel Abimbola, rappelant que les artistes béninois sont trop souvent dépossédés de leurs œuvres sans pouvoir obtenir justice.

Face à la sophistication croissante des pratiques de piraterie, l’État béninois a décidé de structurer sa riposte. La Commission installée a pour mission de conduire des réflexions stratégiques, d’élaborer et d’évaluer les politiques nationales, de promouvoir une culture de respect des droits d’auteur, et d’assurer l’efficacité des brigades départementales dédiées à la lutte contre la contrefaçon et autres.

Le ministre Jean-Michel Abimbola a attiré l’attention sur la mutation numérique de la piraterie. « Elle n’est plus seulement l’affaire de marchés parallèles ou de supports physiques contrefaits. Elle est désormais portée par la dématérialisation, par l’instantanéité du partage numérique, et par des réseaux parfois insaisissables », explique-t-il. Dans ce contexte, précise l’autorité ministérielle, la Commission devra mener une action ciblée dans les milieux scolaires et universitaires, où la reproduction illégale de manuels et documents pédagogiques désorganise l’ensemble de la chaîne du livre. Elle devra aussi établir des partenariats avec les plateformes numériques (YouTube, Facebook, TikTok, Instagram…) pour traquer les contenus diffusés illégalement.

Le ministre appelle à un usage accru des technologies avancées, telles que les empreintes numériques, le traçage intelligent des œuvres et l’intelligence artificielle, pour détecter automatiquement les cas d’infraction. Il plaide également pour un renforcement des sanctions et une sensibilisation renforcée à l’éthique de la création auprès des créateurs, des utilisateurs et des plateformes. « Vous êtes appelés à être les sentinelles de la création, les artisans d’un environnement protecteur et équitable pour tous ceux dont la vocation est de penser, de concevoir, d’écrire, de créer et de transmettre », lance le ministre aux membres de la commission, leur assurant l’appui constant de son département.

Des actions

L’intervention du directeur général du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubedra), Eugène Aballo, a permis d'apprécier les  transformations en cours depuis 2019. Sous l’impulsion du ministère, plusieurs réformes majeures ont été mises en œuvre pour professionnaliser le secteur et renforcer la transparence. Parmi elles, la dématérialisation du paiement des droits aux sociétaires a constitué une avancée significative. Elle a permis, selon le directeur général du Bubedra, de fluidifier les transactions et de garantir une meilleure traçabilité des flux financiers. Il fait savoir que le système s’est enrichi d’un écosystème numérique pour la perception des redevances, hébergé au sein du ministère de l’Économie et des Finances. « Aujourd’hui, plus de 7 000 redevables peuvent effectuer leurs paiements sans contact physique, réduisant ainsi les risques de fraudes et d’erreurs», précise-t-il.

En outre, Eugène Aballo souligne que le Bubedra a sollicité l’expertise de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) pour adopter Wipo Connect, un outil numérique d’interconnexion avec les bases de données internationales. Ce dispositif permet d’attribuer un code d’identification aux œuvres produites localement, offrant aux auteurs béninois une reconnaissance mondiale et facilitant la collecte de leurs droits à l’international. Avec cette nouvelle étape, le Bénin se dote des outils nécessaires pour faire de la protection des œuvres un socle solide pour une économie créative durable et équitable.