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Grève dans l'Enseignement maternel et primaire: Le statu quo du débrayage à Lokossa

Société
Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono Couffo, le 21 mars 2018 à 06h15
[caption id="attachment_28450" align="alignnone" width="1024"]Grève dans l'Enseignement maternel et primaire[/caption]

La mobilisation pour la grève n’a pas faibli, malgré la levée de la motion de grève décidée par l’Intersyndicale de la maternelle et du primaire. Le constat effectué sur le terrain à Lokossa, chef-lieu du département du Mono, tranche avec une telle mesure.

Au complexe scolaire de Guinkonmey, quelques groupes pédagogiques étaient en activités hier. « Ils n’ont jamais cessé de s’animer depuis le début du mouvement, a tenu à souligner Symphorien Houénou, directeur du groupe A. « Je viens à l’école et j’ouvre les salles de classe pour que l’enseignant qui désire travailler se mette à la tâche», clarifie-t-il avant de préciser que c’est de la volonté de chacun de nous que nous n’avons pas observé la cessation de travail ». Pour lui et ses collaborateurs, les causes défendues par les organisations syndicales sont légitimes, mais c’est par rapport à l’option de débrayage systématique que leur opinion diverge.
Au complexe maternel pilote de Lokossa, les enfants étaient eux aussi aux soins de leurs encadreurs comme depuis le début de la rentrée des classes. Mais à côté, le complexe primaire public centre était presque vide. Un peu plus loin à Agonvè, les apprenants du complexe s’adonnent aux jeux, notamment à une partie de football.
La grande salle de réunions de l’établissement abritait, à notre passage, une assemblée générale à l’échelle départementale des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire. Animée par leurs responsables syndicaux, la rencontre s’est penchée, entre autres, sur la levée de motion prononcée par l’Intersyndicale de la maternelle et du primaire (Imp) pour en ressortir, disent-ils, les incohérences et resserrer leurs rangs.
« La base est sereine puisque ce n’est pas l’Imp qui nous a envoyés en grève », rétablit, sans détour, Basile Aholou, porte-parole des organisations syndicales de la maternelle et du primaire. Pour lui, l’Imp est venue les rejoindre le 23 janvier dernier alors que la grève était enclenchée depuis la date 16 du mois. « Mais nous avions déjà le pressentiment qu’elle allait trahir. On connaît leur poids dans le syndicalisme. Leur mot d’ordre ne sera pas suivi », gage-t-il.
A sa suite, Innocent Winmayi, activiste syndical, confirme que « l’Imp serait coutumière des faits ». « La base ne les écoute pas, ajoutera-t-il avant de rappeler que « le syndicalisme se fait sur le terrain et non dans les bureaux ». « Vous avez pu constater avec nous, appuie un autre responsable syndicaliste, Francis Amoussou, que les écoles sont presque toutes fermées de Lokossa à Athiémé et je suis sûr que c’est le cas dans les autres communes ». Il retient que la décision de suspension n’engage que ses signataires. « Aucun responsable de l’Imp n’est descendu à la base pour discuter avec nous de la levée de la motion de grève. Nous sommes en assemblée générale et vous pouvez constater la colère des camarades », fait-il remarquer.
« La suspension de grève de l’Imp est nulle et de nul effet », insiste le secrétaire exécutif de la Csa-Bénin pour le Mono-Couffo, Christophe Djègbé. « On a déjà retenu au niveau national qu’avant de lancer ou de suspendre toute motion de grève, il faut toujours revenir consulter la base », justifie-t-il. En déplorant le mépris de ce principe par l’Imp, Christophe Djègbé et sa base aussi se démarquent. « On ne suit pas d’ailleurs leur motion de grève. Vous constatez que les écoles et les salles de classes sont fermées […]. La base n’est pas encore satisfaite et nous irons jusqu’au bout », a-t-il clamé.
Il est appuyé par Brice Dossa, secrétaire général d’un mouvement syndical affilié à la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi). Pour lui, c’est le gouvernement qui serait à la manœuvre de cette levée de motion. « Le gouvernement ne veut pas régler les problèmes et cherche des méthodes machiavéliques puisqu’il sait, soutient Brice Dossa, que le mouvement qui est enclenché depuis le 16 janvier, est porteur car, les enseignants sont décidés ». « Mais nous avons compris, renchérit-il, que le gouvernement ne veut pas la paix, ni de la reprise de l’école. Donc il va gérer le pays sans les écoles »