La Nation Bénin...

Recrudescence des sacrifices humains: Quand passivité rime avec flambée des crimes rituels

Société
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 20 mars 2018 à 05h59

Les découvertes macabres sont devenues légion. Les cybercriminels, adeptes de vodoun Kinninsi, présumés auteurs de ces barbaries, se la coulent douce avec leurs complices féticheurs ‘’hounnon’’. En attendant une prompte réaction des autorités en charge de la sécurité contre ce fléau, la psychose monte au sein des populations.

Il ne se passe plus de semaine sans qu’on enregistre des enlèvements d’enfants,des crimes de sang au Bénin sur des individus de tous âges. Les victimes sont froidement abattues, vidées de leur sang et abandonnées dans la nature. Enfants, jeunes et adultes y passent. Ils sont sacrifiés sur l’autel du redoutable vodoun Kinninsi et des intérêts matérialistes des criminels sans scrupule, avides de pouvoir d’argent et de gloire.
Nul n’est à l’abri. Conjoint, progéniture, parent, ami, voisin, personne n’échappe à ces malfaiteurs de la pire espèce. Un enfant enlevé et non encore retrouvé à Djidja. Une femme égorgée par son ex-compagnon à Tanvè (Agbangnizoun). Une jeune femme charcutée au bras et au niveau de son organe génital à Porto-Novo. Une autre retrouvée morte, ligotée à un arbre et dont des parties sensibles ont été enlevées à Akpro-Missérété. Un jeune étudiant tué et abandonné dans les rails à Bohicon. Deux jeunes tués et enterrés à Tori...L’escalade des sacrifices humains a atteint, ces dernières semaines, une proportion alarmante, sans que cela émeuve outre mesure les autorités en charge de la sécurité. C’est du moins l’impression qu’elles donnent par leur passivité déconcertante face au fléau.
La psychose s’est emparée de la population, avec la circulation sur les réseaux sociaux d’images insoutenables de cadavres dont le liquide vital recueilli sert à nourrir, paraît-il, les esprits maléfiques. Dans l’œil du cyclone, les cybercriminels communément appelés ‘’gayman’’ et leurs complices féticheurs ‘’hounnon’’. Sous l’égide de ces derniers, des mauvais esprits errants, qui ne boivent que du sang humain, sont captés et érigés en ‘’dieux de prospérité et de protection’’ pour les désirs effrénés de richesse de partisans de moindre effort, des amoureux du gain facile, des gens pressés d’accomplir sans effort un destin hypothétique de riche.
Si autrefois, les crimes rituels étaient l’apanage d’hommes politiques sans vergogne en quête de notoriété et d’ascension sociale et autres méchants féticheurs animés par la volonté de dompter tout sur leur chemin et de jeter des sorts à leur guise, aujourd’hui le fameux ‘‘vodoun’’serait à la portée de jeunes hommes et femmes spécialistes de l’arnaque 2.0, c’est-à-dire via Internet, prêts à siphonner les bourses d’honnêtes gens au nom de prétendues affaires, sans être inquiétés. Les tout petits dont les parents manquent de vigilance sont leurs proies faciles. Les jeunes femmes naïves prêtes à tout pour le bling-bling, les grosses voitures et les demeures somptueuses sont également comptées parmi les nombreuses victimes déjà enregistrées.
Et ce n’est qu’après coup que la Police se met en branle pour rechercher le tueur et ses complices. A quand des mesures draconiennes pour enrayer ce phénomène qui décime la population ? Ces prédateurs d’une autre époque vivent pourtant dans la population et ne s’en cachent pas pour autant. Ce sont eux qui animent certains bars, boîtes de nuit et autres Vip-clubs, notamment au Sud du Bénin. Avec un luxe insolent, ils s’offrent une cure de jouvence en toute impunité, si ce n’est pas parfois en complicité avec des agents payés pour assurer la sécurité, la libre circulation des personnes et la justice sociale. Des chansons à leur gloire leur sont même dédiées, et jouées publiquement dans les endroits publics et parfois sur des chaînes de radio ou de télévision. Les prouesses de certains arnaqueurs sont même vantées et partagées sur les réseaux ; ils fricotent et friment avec leur butin. Ces parvenus aux mains ensanglantées se pavanent, narguent tout le monde avec une arrogance rare et sans aucune crainte.
La menace est désormais permanente et partout. La passivité a assez duré. Il importe que les gouvernants prennent le taureau par les cornes à travers des décisions hardies pour contrer le fléau, afin de ne pas obliger la population à organiser elle-même sa riposte par une chasse systématique aux sanguinaires ‘’gaymen’’ ou des individus identifiés comme tel. La Police républicaine a du pain sur la planche.