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Marc Dansou sur les Jeux olympiques de Tokyo 2020: « Je garde en mémoire tant de bons souvenirs »

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Le nageur Marc Dansou, à la sortie d’une séance d’entraînement, sourire aux lèvres Le nageur Marc Dansou, à la sortie d’une séance d’entraînement, sourire aux lèvres

Pratiquant la natation, Marc Dansou, depuis plus de 20 ans, représente le Bénin aux compétitions internationales. En 2021, il faisait partie des athlètes ayant défendu les couleurs béninoises aux Jeux olympiques (Jo) de Tokyo 2020. Dans cette interview, il nous plonge dans son univers olympique. 

Par   Abdul Fataï SANNI, le 26 juil. 2024 à 07h28 Durée 3 min.
#Jeux olympiques de Tokyo 2020

La Nation : Marc Dansou, qui est-il ?

Marc Dansou : Je m’appelle Marc Pascal Dansou. Je pratique la natation de haut niveau depuis mes 15 ans. Cela fait maintenant plus de 20 ans que je représente le Bénin aux compétitions internationales. J’habite à Paris en France. Parallèlement à la natation, j’ai poursuivi mes études. J’ai un Master d’Ecole de commerce, un Master spécialisé en finance, et un Master en gestion d’actifs. Je suis actuellement responsable du département en charge de la gestion Actif-Passif (Assets & Liabilities Management) chez Ecobank à Paris. Parlant de mon parcours sportif, je suis un sprinter. Je fais du 50 m et 100 m brasse, nage libre. J’ai pris part aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. J’ai participé à sept Championnats du Monde de natation en 2003, 2005, 2007, 2021, 2022 et 2023. J’ai été trois fois aux Jeux africains et finaliste à Abuja en 2003. Pour les Championnats d’Afrique de natation, j’ai défendu les couleurs nationales à cinq reprises et j’ai été finaliste en 2004, 2006 et 2024. J’ai participé à plusieurs championnats de France de natation.

Dans votre carrière, vous avez représenté le Bénin aux Jeux olympiques, au moins une fois. Racontez aux lecteurs votre vécu...

Les Jo, c’est le graal pour tous les sportifs. C’est le résultat de plusieurs années, parfois d’une vie de sacrifices, d’efforts quotidiens. Pour moi, c’était vraiment un accomplissement après tant d’années difficiles et d’injustices face auxquelles j’ai dû me battre car on m’a très souvent mis des bâtons dans les roues. J’ai donc pleinement savouré ces premiers Jo, en portant fièrement les couleurs du Bénin avec le « kanvo » lors de la cérémonie d’ouverture. Nous étions une petite délégation. C’était très familial et cela permet de rapidement connaitre tous les membres de la délégation contrairement aux grosses nations, et ainsi de partager facilement les repas avec les autres sportifs et officiels béninois.

Le Covid lors de ces Jo a changé les habitudes (port de masque obligatoire, tests salivaires quotidiens) mais cela n’a pas eu d’impact sur la très bonne ambiance au sein du village olympique ni sur la très bonne organisation des Japonais qui avaient fait un travail remarquable. A ces Jeux, j’ai réalisé mon meilleur temps sur le 50 m nage libre. Mon objectif était de réaliser moins de 25’ et je l’ai fait avec 24’99. Donc, j’étais très satisfait et très content car l’objectif était atteint.

Quels sont les meilleurs souvenirs encore en mémoire?

Je garde en mémoire tant de bons souvenirs de ces Jo de Tokyo. La rencontre avec les sportifs des autres pays, les stars comme Novak Djokovic, Simon Biles, Teddy Riner, Caeleb Dressel. Tous les meilleurs athlètes de la planète réunis à un seul et même endroit pendant plusieurs jours. C’est ça les Jo. Lors de la cérémonie d’ouverture, plusieurs athlètes sont venus nous complimenter sur notre très belle tenue haute en couleurs. Il y a eu de nombreux record-men du monde entier en natation, de superbes courses et des performances réalisées. C’était vraiment super de vivre et voir cela en direct.

Quels conseils avez-vous à donner aux ambassadeurs qui vont défendre les couleurs béninoises aux prochains Jo Paris 2024 ?

Pour les ambassadeurs béninois qui vont défendre les couleurs vert-jaune-rouge aux prochains Jo Paris 2024, je n’ai que deux mots : Profitez-en et faites-vous plaisir ! Lorsqu’on est détendu, et qu’on est sûr de soi, c’est là qu'on réalise ses meilleures performances. Il faut se rappeler tout le travail qu’on a eu à faire pour en arriver là et ne pas succomber à la pression extérieure. Ce n’est pas le moment de changer ses habitudes alimentaires, ni de tester de nouvelles techniques, la compétition, c’est une répétition grandeur nature des entraînements intensifs. Et tout cela, en prenant du plaisir.

Que faire pour permettre au Bénin de décrocher sa première médaille olympique?

Il y a tant à dire là-dessus. J’ai commencé à nager en 2003 pour le Bénin. J’ai été le premier avec d’autres nageurs comme Jules Bessan à représenter le Bénin dans les compétitions internationales. Et déjà, il y avait cette question mais c’est toujours la même chose. On ne met pas la charrue avant les bœufs. Comment espérer avoir des médailles en natation alors qu’il y a au Bénin, de moins en moins de piscines homologuées. Il faut être cohérent. Il faut se donner les moyens de ses ambitions. Actuellement, ce n’est pas le cas. De plus, dans les sports de vitesse, comme la natation, on ne peut pas compter sur la chance comme dans des sports d’équipes. Contrairement à l’athlétisme, en natation, pour être qualifié en finale, il faut être classé dans les huit meilleurs mondiaux à l’issue des séries. C’est un vrai classement.

Actuellement, sur les 25 dernières années, hormis une poignée de nageurs africains, il y a eu très peu de médaillés olympiques en Afrique (10 nageurs hommes-femmes) dont la plupart s’entraînent soit en Afrique du Sud ou aux Etats-Unis avec de magnifiques conditions d’entrainement et moyens techniques. On ne devient pas champion olympique du jour au lendemain. Cela demande des années, des décennies de travail sans répit, de sacrifice et beaucoup d’autres choses.

Avant de penser à une médaille olympique, il y a plusieurs étapes: avoir un bon niveau national, puis régional (exemple zone 2) ensuite continental et enfin mondial. Peut-être qu’un jour, le Bénin aura un nageur ou une nageuse médaillé(e) olympique. C’est ce que je souhaite de tout cœur mais encore une fois, il y a énormément de chemin à parcourir avant d’en arriver là. Il faut une vraie culture du sport, mettre les moyens financiers et donner envie aux sportifs de faire cette discipline.