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Commerce intra-régional:Owodé, une frontière en agonie

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Par   Maryse ASSOGBADJO, le 11 févr. 2015 à 05h19

La frontière d’Owodé, commune de Sèmè-Podji trahit la vitalité des échanges commerciaux entre le Bénin et le Nigeria. Elle attend désespérément l’affluence des usagers pour prendre véritablement l’allure d’une vraie frontière.

Le contraste est frappant ! Owodé, l’autre frontière, à seulement quelques kilomètres de Sèmè-Kraké, a tout d’un village mort. Ici, l’affluence n’est pas au rendez-vous. Tout est pratiquement désert.

Les usagers et les opérateurs économiques peuvent se compter au bout des doigts. Pas d’activités commerciales majeures au niveau de la frontière, à part quelques commerçants de produits divers qui essaient, à travers leurs étalages, de lui redonner un peu de souffle. Les habitants de la zone se plaisent à dire que la frontière de Owodé n’en est pas une. «Owodé est une zone dormante. Il n’y a pas de jour qu’elle soit animée», précise Delphin Koumbo, commissaire de police de la localité.
En réalité, rien ne renseigne le passager sur la présence d’une frontière. Sauf, les enseignes des deux pays (Bénin et Nigeria) qui malheureusement ne se laissent pas apercevoir facilement. En dehors des trafiquants de l’essence frelatée que l’on croise régulièrement sur le trajet Djrègbé-Owodé (trajet menant à la frontière), la plupart des autres devient généralement par les frontières de Sèmè-Kraké ou d’Igolo, révèle-t-il.
Toutefois, cette zone frontalière revêt une spécificité. «Des habitants béninois ont leur salon au Bénin et leur chambre à coucher au Nigeria. Et vice-versa», explique le commissaire de police Delphin Koumbo.
Du coup, traverser la frontière est presque un jeu d’enfant. Les formalités se font dans la bonne ambiance et dans la plus grande simplicité. Deux postes de contrôle de police béninois sont installés dans des locaux de fortune. Le personnel administratif est presque en congé forcé. Le principal agent de la recette douanière de Dja retrouvé sur les lieux, a d’ailleurs consacré son début d’après-midi à la sieste.
Le principal produit qui coule ici, c’est l’essence frelatée et les tracasseries routières sont assez réduites. Les autres produits qui passent par la frontière sont le riz, les produits congelés et vivriers, les matières plastiques, les jouets pour enfants, les pièces détachées, les appareils téléphoniques... Lesquels produits sont très faiblement représentés dans les transactions entre les deux pays. La plupart des marchandises transitent par les pistes secondaires, explique le commissaire de police d’Owodé, Delphin Koumbo.

Ennui et découragement

Au niveau de cette frontière, il n’y a pas d’activités commerciales qui génèrent d’importantes rentrées de devises pour l’Etat béninois, soutient le chef d’arrondissement, Clément Hounkanrin. Cette situation ennuie et décourage parfois les agents, se désole-t-il.
A l’en croire, les travaux de construction du tronçon "Djrègbé-Dja-Owodé" d’une longueur de 9,7 km seraient à la base de ce manque de vivacité au niveau de cette frontière. «Les gens ont de la peine à venir ici, à cause de l’état de la voie et des désagréments qu’ils subissent», dénonce-t-il, espérant qu’après les travaux de construction de la voie, les activités reprendront de plus belle.
Mais cet "abandon de la frontière par ses passants", n’est pas une raison pour ses collaborateurs et lui d’abandonner. Le commissariat de police en collaboration avec les élus locaux et les populations des deux pays travaillent dans une parfaite harmonie pour y assurer la sécurité des personnes et des biens.
Il en est de même pour la recette douanière qui, parfois, arrive à intercepter des produits frauduleux.
Le dernier lancement des travaux de construction du tronçon "Djrègbé-Dja-Owodé", par le président de la République, Boni Yayi, remonte à janvier 2014. A Owodé, tous les regards sont tournés vers l’Etat et l’entreprise chargée d’exécuter les travaux afin que la frontière retrouve ses lettres de noblesse.