La Nation Bénin...
Le
récent rapport « Africa’s Health Financing in a New Era » d’Africa Cdc appelle
à une action concertée pour redéfinir le financement de la santé en Afrique.
L’objectif est de bâtir des systèmes de santé durables et résilients qui
reposent sur des solutions internes, tout en tirant parti des partenariats
mondiaux.
Le
secteur de la santé en Afrique fait face à une crise de financement sans
précédent, mise en lumière dans le rapport Africa’s Health Financing in a New
Era d’avril 2025, publié par Africa Centres for Disease Control and Prevention
(Africa Cdc), une agence spécialisée de l’Union africaine dédiée à la
prévention et au contrôle des maladies sur le continent. Avec la réduction
drastique de l’Aide publique au développement (Apd), épine dorsale des
initiatives sanitaires du continent, et des vulnérabilités structurelles de
plus en plus évidentes, les programmes sanitaires essentiels sont affectés,
notamment la préparation aux pandémies, les soins de santé maternelle et
infantile, ainsi que les programmes de contrôle des maladies.
En
effet, il est noté une explosion des urgences sanitaires publiques qui ont
augmenté de 41 % entre 2022 et 2024, passant de 152 à 213 événements. Cela met
en évidence la sous-finance chronique des infrastructures sanitaires et du
personnel de santé. Des épidémies récurrentes, comme le Mpox, Ebola, choléra,
rougeole, et Marburg, combinées aux effets du changement climatique et aux
crises humanitaires au Sahel, en République démocratique du Congo et au Soudan,
submergent des systèmes déjà fragilisés par un financement insuffisant.
Face
à ces défis, le rapport plaide pour une révision urgente des mécanismes de
financement de la santé sur le continent pour répondre aux défis actuels et
futurs. Il insiste sur l’importance de l’autonomie financière et de la
mobilisation des ressources domestiques.
Recours aux technologies avancées
L’innovation
est vue comme un levier crucial pour améliorer l’efficience des systèmes de
santé africains. Le rapport recommande l’utilisation de technologies avancées,
telles que la télémédecine et les systèmes financiers numériques, pour rendre
les soins plus accessibles et réduire les coûts. Parallèlement, une gouvernance
améliorée, fondée sur la transparence et la responsabilité, est indispensable
pour garantir que les fonds alloués à la santé sont utilisés efficacement et
atteignent les populations les plus vulnérables.
Pour Africa Cdc, la transition vers un modèle de financement plus indépendant et diversifié est indispensable pour garantir la sécurité sanitaire du continent et atteindre les objectifs de développement durable à long terme. Le rapport plaide alors pour une transformation radicale du financement de la santé en Afrique. Cela inclut une augmentation significative des investissements publics dans le secteur de la santé et la création de mécanismes innovants de financement, tels que des fonds locaux de santé, des partenariats public-privé et des taxes sur les produits nuisibles à la santé. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis des financements extérieurs et de rendre les systèmes de santé africains plus résilients et autonomes.
Des systèmes sanitaires sous pression
Le
rapport souligne une diminution dramatique de l’Aide publique au développement,
avec une chute de 70 % entre 2021 et 2025, menaçant la réalisation de
l’Objectif de développement durable (Odd) 3 et l’ambition d’une Couverture sanitaire
universelle sur le continent.
La
situation est exacerbée par l’endettement croissant de l’Afrique qui réduit
l’espace fiscal pour les investissements dans la santé, augmentant la
vulnérabilité des systèmes de santé déjà fragiles face aux crises sanitaires.
Les pays africains doivent rembourser un total de 81 milliards de dollars Us en
2025, un montant qui dépasse les financements extérieurs anticipés.
A
cela s’ajoute la faiblesse des ressources domestiques. Malgré l’engagement pris
dans la Déclaration d’Abuja de 2001 d’allouer au moins 15 % de leurs budgets
nationaux à la santé, seuls trois pays à ce jour, à savoir le Rwanda, le
Botswana et le Cap-Vert, ont régulièrement atteint ou dépassé cet objectif.
Plus de 30 pays africains allouent encore moins de 10 % de leurs budgets
nationaux à la santé, certains se contentant de seulement 5 à 7 %.
De
plus, moins de 30 % des pays africains disposent de versions actualisées de
leurs Plans nationaux de développement de la santé (Pnds) et de Plans nationaux
de financement de la santé (Pnfs). Ces documents sont essentiels pour orienter
et structurer les financements internes.
Ce tableau révèle l’incapacité des infrastructures sanitaires à répondre aux besoins croissants et complexes du continent.