La Nation Bénin...
Du
28 octobre au 1er novembre, des acteurs du système judiciaire béninois sont à
Agoué dans la commune de Grand-Popo pour réfléchir sur la fonction
juridictionnelle de la Haute cour de justice. Une initiative de l’institution
que dirige le Professeur Dandi Gnamou et qui vise à accompagner le gouvernement
dans la concrétisation de son ambition de réformer la haute juridiction pour
l’enracinement de la redevabilité au Bénin.
Constitutionnalisée
en 1990, la Haute cour de justice du Bénin est l’institution juridictionnelle
de mise en œuvre de la responsabilité pénale du président de la République et
des ministres pour les infractions commises dans l'exercice ou à l’occasion de
l’exercice de leurs fonctions, ainsi que de leurs complices en cas de complot
contre la sûreté de l’Etat. Les raisons de la non implémentation de la vocation
ainsi dévolue à cette cour, vingt-cinq ans environ après sa mise en service en
2001, se retrouvent essentiellement dans la complexité de la procédure de
poursuite mise en place par le législateur.
Durant
cinq jours, personnalités et acteurs du système judiciaire, présents à Agoué,
vont aider à rassembler les matériaux nécessaires à l'opérationnalisation du
fonctionnement juridictionnel de la Haute cour de justice. Il s’agit
d’identifier les pistes d'activation du fonctionnement juridictionnel de
l’institution, de renforcer l’ancrage institutionnel de la Haute juridiction et
d’améliorer sa visibilité.
Après
le mot de bienvenue de Arnaud Agon, représentant le préfet du Mono, le
Professeur Dandi Gnamou, présidente de la Haute cour de justice (Hcj), rappelle
que le courant d’air, c’est le souffle nouveau recherché, une nouvelle
dynamique désirée, en vue de l’activation nécessaire de la fonction
juridictionnelle de la Haute cour de justice. C’est l’objectif principal,
précise-t-elle, de ce séminaire qui porte sur le thème, « La fonction juridictionnelle
de la Haute cour de justice en débats ». Ceci, pour réfléchir sur la
physionomie actuelle et la physionomie projetée de la Haute juridiction, à
travers sa nature, son fonctionnement et la procédure suivie devant elle.
Retraçant
l’historique de l’institution, la présidente Dandi Gnamou rappelle que, conçues
comme des juridictions d’exception ou des tribunaux pénaux spéciaux, chargés de
lutter contre l’impunité et de mettre en œuvre la responsabilité des membres de
l’Exécutif, les Hautes cours de justice sont paradoxalement enfermées et
paralysées par les procédures suivies devant elles. Lesdites procédures ont,
selon François Mitterrand, un caractère «boiteux, bâtard et mal fichu ».
Malheureusement, reconnait le prof Dandi Gnamou, la Haute cour de justice du
Bénin n’est pas en marge et connait les mêmes difficultés. En effet,
souligne-t-elle, le fonctionnement juridictionnel a toujours été le nœud
gordien de l’institution. En dépit de la volonté des mandatures précédentes de
faire lever les goulots d’étranglement, les mécanismes normatifs sur lesquels
repose la haute juridiction n’ont pas bougé. La procédure, telle que prévue,
depuis la phase de la saisine jusqu’à la mise en accusation, reste complexe et
ambigüe, entravant la réalisation de sa mission juridictionnelle qui est de
rendre justice.
Pour
la présidente de la Hcj, une juridiction ne peut valablement exister que
lorsqu’elle rend des décisions. Toutefois, admet-elle, « Le contrôle
juridictionnel des fonctions politiques n’est pas une tâche aisée. Mais avec
rigueur, pragmatisme et audace, nous trouverons les pistes d’amélioration du
mécanisme de redevabilité dans notre pays. Le chantier est certes vaste et
complexe, mais l’effort est beau surtout parce qu’il est difficile »■