La Nation Bénin...
L’art comme thérapie pour
guérir des maux sociaux ainsi que des troubles chez certaines personnes. C’est
ce qu’expérimente le photographe Louis Oké-Agbo. Certaines de ses œuvres
retiennent l’attention du public et des connaisseurs des milieux d’art depuis
quelques jours. La saison en cours de l’exposition Nov’art donne en effet à
apprécier plusieurs de ses réalisations.
Certains de ses modèles
sont identifiables ; d’autres ne le sont pas. Quelques-uns sont pris dans des
rôles de divinité pour passer des messages. Ici, on célèbre le pouvoir de la
vie et de la mort. Là, la puissance de la femme est mise en exergue. Une autre
œuvre évoque la protection de la nature. L’écologie autant que la vie, la déité
sont présentes sur certaines photographies. En somme, la vie se célèbre sur la
vingtaine d’œuvres que présente le photographe Louis Oké-Agbo pour l’exposition
Nov’art au Novotel de Cotonou. L’exposition des œuvres de l’artiste draine
depuis quelques jours, de nombreux amateurs d’art. Si le vernissage de
l’exposition s’est voulu un franc succès avec une remarquable présence des
grandes têtes du milieu des arts et de la culture du pays, sans oublier les
galeristes, les amateurs de belles œuvres et autres commissaires qui y avaient
effectué le déplacement; les jours qui ont suivi ont vu davantage de monde
défiler.
Un engouement qui se
comprend, quand on sait que l’œuvre de Oké-Agbo ne peut plus s’assimiler à une
simple photographie. Il va au-delà, et son art se pose sur trois grandes
dimensions. La première porte sur ses modèles. Il ne va pas les chercher. La
plupart, il les a ramassés dans les rues, errants, souffrant pour certains de
troubles psychologiques et pour d’autres, d’affections qui les mettent quelque
peu en parallèle avec la vie sociale. «Je ne voyais pas la folie chez eux, mais
plutôt une forme de beauté dans leur comportement et surtout, une liberté. Et
puis la manière dont ils s’habillaient avait quelque chose d’esthétique et
c’est comme ça que je me suis mis à les photographier. », explique-t-il.
Questionnements
Sur ces « marginaux » que
la société laisse en rade et qui par conséquent sont exclues de l’art, Louis
pose son objectif. Mais il ne s’arrête pas là. Il leur tend la main et leur
ouvre les portes de son art-thérapie à la périphérie de Porto Novo. Là-bas, ils
se connectent à la matière artistique et la plupart d’entre eux développent des
talents divers. Le deuxième élément du succès des œuvres de ce photographe,
c’est sa technique toute particulière qui allie des éléments de la nature, les
capte dans leur décor quotidien avant d’y projeter les modèles. Cela rend son
art singulier et l’affiche à mi-chemin entre la photographie et la peinture.
Enfin, Louis joue sur des éléments abstraits pour porter le message qu’il
confie non seulement à ses œuvres, mais aussi à ses modèles. Cela transparait
par exemple, lorsque des visages voilés par des perles, renvoient à des
divinités que le photographe ne nomme pas ; lorsqu’il fait porter deux chapeaux
à la femme pour indiquer son pouvoir et sa maternité ; ou encore quand il fige
le regard innocent de l’enfant ou celui rêveur du jeune garçon…
Unicité, Houétanou, le
visage décalé de l’histoire, retour d’effet, sagesse élue… Ce sont là
quelques-unes des réalisations qui ont capté l’attention des visiteurs. En les
parcourant, on s’interroge, parce que ces œuvres inspirent des questionnements.