Laboratorio arts contemporains: Trois grands plateaux clôturent « humeurs d’artistes » 2024

En annonçant la dernière édition de «humeurs d’artistes» pour l’année 2024 comme une soirée particulière au nom de Laboratorio arts contemporains, Carhel Quenum ne faisait pas seulement allusion au tableau artistique. Il faisait aussi référence au thème de cette dernière soirée qui appelle à la réflexion et impose une nouvelle posture de l’Africain pour en finir avec l’asservissement. Il invite à la résistance, au nom de ces milliers d’Africains mis en esclavage. Pas sur un ton de revendication ou de guerre, mais dans un esprit apaisé et un sens de discernement qui permettent au continent noir de prendre de nouveaux et bons repères.

Pour donner vie à un tel discours, ou mieux encore un sens artistique, qui mieux que le slameur Amagbégnon était indiqué ? C’est donc à lui que reviendra l’honneur, non seulement d’introduire et d’ouvrir le rideau mais d’offrir les premiers vers de la soirée. Le jeune artiste y va de toute son inspiration et de tout son génie. Il invoque dieux et ancêtres, rappelle les humiliations subies par les déportés et regrette les décisions avilissantes prises à leur encontre. « 570 ans déjà que la déshumanisation de l’homme noir a été programmé », se révolte le slameur. « Nous ne racontons pas l’histoire pour entretenir la haine des autres, mais pour éviter que l’histoire se répète », ne cessait de clamer l’artiste. Vers et verbes acerbes contre ceux qui pourfendent le vodun, le slameur donne libre cours à ses émotions authentiquement africaines et invite à réécrire avec rage, avec l’encre de la volonté, l’histoire des peuples noirs.

Spectacle

D’une authenticité à une autre, on parlera de musique avec les Pépit’arts de Mèdédjonou. La plus célèbre troupe d’enfants du Bénin a eu son temps de scène. Moments de célébration des tambours, du gong, des castagnettes, mais aussi et surtout des jeunes voix de ces enfants, venus déchirer le calme marin de la nuit avec leur musique et danses. « Commémoration du 221ᵉ anniversaire de la bataille de Vertières / Haïti 1803 : souvenirs et héritage », c’est le thème de cette soirée qui a vu prester également Onankoty, jeune slameur venu de Natitingou. Ses premiers pas sur scène semblent bien rassurants. Sa prestation n’a pas laissé le public sans voix. Avec la complicité des instrumentistes et choristes, il vogue entre amour et histoire. Le beatmaker Credo a eu l’occasion, pour sa part, de faire découvrir son art, voire son rap. Sa performance s’est voulue un voyage entre des notes, arrangements et sonorités traditionnels, servis avec une voix engagée pour mieux accrocher le public. L’un des plus beaux moments de cette soirée reste sans aucun doute, les passages de Credo et Onankoty sur la prestation de Pépit’arts. Ils ont, à cette occasion, enflammé la scène du Bamboo Numerik avec une prestation où rythmes traditionnels béninois et sonorités africaines rencontrent d’autres voix pour une performance inédite. « Humeurs d’artistes » est un programme de soutien à la création poétique contemporaine, initié par Laboratorio arts contemporains, en collaboration avec le Bamboo numerik et Amagbégnon le slameur vodun.