La Nation Bénin...
Dans
un dialogue intergénérationnel, Ninon Aglingo et Charly d’Almeida,
respectivement peintre et sculpteur, s’expriment à travers des œuvres qui font
converser la spiritualité vodun et la vie fraternelle. Inaugurée par
l’ambassadrice de l’Ue au Bénin à sa résidence, vendredi 14 juin à Cotonou,
cette exposition prend fin le 14 août prochain.
« Depuis mon arrivée au Bénin, il y a quatre ans, je suis impressionnée par la richesse culturelle et la recherche de la création artistique notamment dans la peinture et les arts plastiques. Il est évident que le Bénin est un pays qui peut être fier de ses artistes ». Tel est le sentiment partagé par Sylvia Hartleif, ambassadrice de l’Union européenne au Bénin, à l’ouverture de cette exposition d’art à sa résidence. A l’en croire, les artistes béninois méritent attention, admiration et accompagnement. Cette exposition, la dernière au cours de son séjour au Bénin, présente les œuvres de Charly d’Almeida, artiste sculpteur, un maître de la matière, et celles de Ninon Aglingon, jeune artiste peintre, la grosse révélation. « Charlie d’Almeida œuvre, il y a plus d’un quart de siècle, pour sa qualité. Il a beaucoup évolué, il n’est plus seulement dans l’art plastique au sens premier du terme. Il est aussi dans la sculpture, et j’aime cette générosité qu'il a de prendre par la main des artistes qu'on appelle non confirmés mais qui sont pour moi des artistes confirmés déjà», a déclaré Aurélien Agbénonci, ancien ministre des Affaires étrangères. Il poursuit : « J’aime aussi la finesse des œuvres de dame Aglingo, qui avec des pointillés, arrive à réaliser des fonds extraordinaires. J’ai ressenti une émotion devant sa première œuvre et l’on m’a expliqué que c’est en voulant peindre ses propres enfants qu’elle a réalisé ses œuvres. J’ai été vraiment fortifié ».
Sylvia
Hartleif a dans une brève présentation, rappelé que Charly d’Almeida est
sensible aux problématiques écologiques et utilise principalement des matériaux
de récupération auxquels il offre une seconde vie dans ses sculptures aux
lignes épurées, jouant avec les contrastes de couleurs et de textures. Son
travail artistique reflète une démarche humaniste. « L’art pour lui est un
moyen de réparer les blessures. Et c’est cette démarche humaniste qui le pousse
à aider et à promouvoir les jeunes artistes. Cette action le rend encore plus
grand », a indiqué Sylvia Hartleif. Possédant chacune une personnalité et une
énergie propre, les œuvres de Charly d’Almeida, aux noms aussi évocateurs que
‘’Silhouette’’, ‘’La danseuse’’, ‘’Force ou Célébration’’, rappellent les
signes et symboles du vodun, constituant essentiel de la culture béninoise.
Quant à Ninon Aglingo, titulaire d’un master en finance des entreprises et
assurance et banque, elle est passionnée d’art depuis son adolescence, et
tourne le dos à une carrière financière pour se lancer dans la peinture. Elle
alterne le figuratif et l’abstrait et sa peinture s’inspire de faits de
société, du quotidien, de la culture et des émotions féministes. « Avec elle,
la technique dite des pointillés est pour moi, très contemporaine. Je partage
un sentiment d’amour pour l’art du Bénin depuis ma première exposition dans
cette résidence que je quitterai bientôt. Je porterai l’art et la culture
béninoise dans mon cœur partout où j’irai », a ajouté l’ambassadrice de l’Union
européenne au Bénin. Ousmane Alédji, promoteur culturel, est également impressionné
par les tableaux de Ninon Aglingo. «Charly d’Almeida est un artiste qui, à
chaque fois, essaie de porter sur ses épaules les plus jeunes. Je vois que son
travail aussi s’en nourrit. Quand vous tendez la main aux autres, vous avez le
sentiment de donner, mais vous ne faites pas que donner. Vous recevez aussi et
cette exposition en est une très bonne illustration. Dame Aglingo est une très
belle révélation parce qu’on ne s’imagine pas des femmes se projeter dans cet
univers avec autant de talents », a déclaré Ousmane Alédji.