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Production filmique: Aymar Esse revient avec « La kora de mon père »

Culture
Le réalisateur béninois Aymar Ayeman Essè (à droite) aux côtés d’Arcade Assogba, responsable d’Artisttik Africa Le réalisateur béninois Aymar Ayeman Essè (à droite) aux côtés d’Arcade Assogba, responsable d’Artisttik Africa

Un film sans couleur, sans race, sans genre. Une heure de voyage devant le grand écran entre Berlin et Dakar et pour la quête d’une identité pour se redéfinir. C’est ce que propose le réalisateur béninois Aymar Ayeman Essè à travers son film « La kora de mon père », à découvrir en avant-première ce jour au centre culturel Artisttik Africa de Cotonou. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 20 déc. 2024 à 07h04 Durée 2 min.
#Cinéma africain

Souleyman est né femme, mais il est devenu par la force des choses, un bel homme géant qui ne laisse voir aucun signe de féminité. Mais ce n’est pas ce qui fait de lui, le personnage au cœur du film documentaire qui sera projeté ce jour sur les écrans du centre culturel Artisttik Africa de Cotonou. C’est plutôt le jeune africain, du moins le jeune berlinois à la quête de ses racines africaines qui passionne au bout des soixante minutes de voyage que propose  Aymar Ayeman Essè au cinéphile. A 16 ans, Souleyman reçoit de son père, de nationalité sénégalaise, une kora, un instrument de musique typiquement africain dont la résonance fait frissonner. Le temps a eu raison de l’instrument. La poussière aussi. Ses cordes lâchent à l’épreuve du non-usage. Mais l’héritier est plus qu’admiratif de son bien. Il est amoureux de l’instrument qu’il entreprend de faire réparer à la source, au lieu de ses origines au Sénégal. Le voyage s’accompagne de la caméra du réalisateur. Finalement, pour un voyage, il en sera deux. L’instrument qui part en réparation, et Souleyman à la recherche de ses origines.

Pour en arriver là, il a fallu huit ans de travail. « J’ai décidé de le faire à mon rythme, parce que les bonnes choses qui sont épicées, prennent du temps », explique le réalisateur. Pourtant, ce film, il ne parvient pas à l’expliquer lui-même. Pour ce qui est du choix de ce personnage au bout du casting, et pas un autre, la raison est toute simple, révèle-t-il aux médias en prélude à l’avant-première. « Je l’ai choisi parce que c'est le personnage le plus difficile, le plus complexe ».

« J’ai choisi de faire ce film. Je passe sur du cinéma direct, et je fais le film dans un style d'observation, c'est-à-dire que je passe du temps avec lui, et je filme tout le temps. Nous avons filmé plus de 168 heures de rushes… et plus on avance dans le film, plus on va vers la fin du film, on finit avec les dialogues, on finit avec les conversations, et la musique s'installe », soutient le réalisateur.

L’autre plus-value de ce film, c’est qu’il plonge la caméra dans le quotidien de Souleyman en plein questionnement sur sa propre personne. Il est Africain à la base, mais il est hors de l'Afrique, il est berlinois, né à Berlin, d'un père sénégalais, et d'une mère allemande. Sur la question de l’identité sexuelle, le réalisateur ne s’y attarde guère. Là n’est pas l’objet de son film, même si le sujet s’y prête. « Ce n'est pas un film sur la communauté Lgbtq, ni un film sur la transsexualité ou sur la trans-identité. Mais c'est plutôt un film sur un jeune Africain en quête d'identité. Et un jeune Africain qui est en quête d'identité, ça peut être n'importe qui. Ça peut être une femme, ça peut être un homme, ça peut être n'importe qui parce que tout le monde a le droit de pouvoir connaître son origine, ses origines, et de pouvoir circuler et faire ce qu'il veut, dans la mesure où il ne perturbe pas le système ou il ne perturbe pas les autres», rétorque-t-il. 

Le film est très soft, doux… Quelques scènes qui peuvent heurter la sensibilité aussi ? «Je suis un réalisateur. Je ne suis pas innocent. Je sais qu'est-ce que je peux montrer en Afrique et qu'est-ce que je ne peux pas montrer en Afrique. Ce n'est pas parce que j'habite en Allemagne que je deviens un Allemand et que je ne vais pas tenir compte des réalités d'ici », laisse-t-il entendre.

Ce vendredi 20 décembre à 19 h, Artisttik Africa accueille en avant-première, cette réalisation. Un honneur pour ce centre dont la vocation a toujours été de soutenir les initiatives qui valorisent le continent et son identité, témoigne le responsable des lieux, Arcade Assogba. Le centre est fier et s'honore de ce choix de l'équipe de réalisation, apprécie-t-il, non sans féliciter Aymar Ayeman Essè.