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Résidence de création «Cénacle expérimental»:Quand la liberté inspire les artistes !

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 10 avr. 2015 à 06h47

Depuis le mercredi 1er avril dernier, le café cauris coquillages de Togbin est devenu un vaste champ sur lequel, une dizaine de jeunes peintres laissent libre cours à leur passion. «La liberté» ! C’est le thème de la résidence qui les réunit et chacun d’eux y est allé selon ses envies, son talent, ses couleurs et son inspiration.

Le «Cénacle expérimental», résidence de création et de formation initiée par le peintre Charly d’Almeida en collaboration avec l’association « Mibo » prend fin ce jour à l’Institut français de Cotonou à travers une exposition qui permettra à un public averti de découvrir les œuvres réalisées par les artistes qui y ont pris part. Plus d’une semaine de travaux qui leur ont permis d’accoucher d’œuvres à la fois splendides et très inspirées. Saisissant l’opportunité de la liberté qui leur a été donnée de s’exprimer à travers leurs créations, ils y sont allés de fort belle manière. L’ambiance était conviviale, faite de petites taquineries, de slogans, de chants… sans pour autant détourner l’attention de chaque résident. Mais tous ne participent pas à l’animation à plein temps. Par moment, certains se montrent assez concentrés sur leurs œuvres.
Un peu plus en retrait, Elon-m Catilina Tossou mélange les couleurs, peint, observe sa toile, l’arrange… Au fur et à mesure que le temps passe, la toile blanche prend des formes à peine compréhensibles et laisse voir diverses couleurs dont le mélange est plutôt attirant. Cette réalisation qui, du regard distrait ou néophyte, est sans rapport avec le thème de travail, la liberté, est pourtant la matérialisation même de la liberté d’expression. L’artiste explique qu’il s’agit d’une compilation des outils d’expression comme le gong, la trompette, le vuvuzela et que c’est cela que traduit les formes comparables à des entonnoirs qu’on peut apercevoir sur son tableau. « Ce sont des outils qui passent un message », détaille-t-il par ailleurs. Quelques formes humaines apparentes sont aussi visibles sur cette toile et Elon-m Catilina Tossou les assimile à des hommes défendant leurs droits, notamment celui relatif à l’expression. La multiplicité des couleurs qu’on y note, symbolise selon l’artiste, la diversité des envies d’expression que nourrit chaque homme. En somme, l’œuvre baptisée « laissez-moi dire » n’est que le symbole d’un monde dans lequel la soif de se faire entendre reste à étancher.

Sika vole entre les arbres

Le spectateur qui visite «Cénacle expérimental» est avant tout séduit par le respect de l’approche genre. Trois jeunes femmes peintres y sont présentes. Parmi elles, Adjélè Sika da Silveira, plus connue sous son nom d’artiste «Sika» retient très vite l’attention. Visiblement distraite, elle réalise pourtant des œuvres dont la composition et le mélange des couleurs frappent à première vue. Mieux encore pour ceux qui connaissent le milieu des arts au Bénin, visiter les réalisations de Sika sont d’un intérêt, puisque la jeune artiste produit, pourrait-on dire, des œuvres philosophiques. Cela aurait-il un lien avec son autre activité, celle de perleuse ? Difficile à dire. Mais toujours est-il que pour le compte de «Cénacle expérimental», elle a choisi une fois encore d’amener ceux qui viennent à sa rencontre via ses tableaux dans un voyage au milieu des arbres. Elle a donc choisi pour cette résidence de travailler sur la tolérance.
Pour Adjélè Sika da Silveira, il n’y a pas de liberté sans tolérance et pour illustrer ceci, elle a choisi comme à ses habitudes de s’exprimer à travers les branchages. A vrai dire, c’est une artiste trop inspirée par l’arbre. Lequel n’est rien d’autre, soutient-elle, que « le message de la nature à l’endroit de l’homme». L’arbre selon elle, est un ensemble dont les éléments, quoique isolés, contribuent, chacun à sa manière à l’harmonie du groupe. Qu’ils s’agissent des feuilles mortes ou vertes, des racines, des branches, du tronc… Chacun de ces éléments accepte et tolère l’autre, encore que l’arbre en lui-même accepte tous les caprices de la nature sans dire mot. «J’exprime la liberté de faire et d’exercer pleinement», dira alors l’artiste.
Comme elle, d’autres artistes retiennent l’attention du visiteur avec leurs œuvres. Constantine Gbétoho par exemple est préoccupée par la «liberté des femmes». Mais la jeune artiste se montre beaucoup plus défenseur de celle-ci. Son œuvre vise à protéger «l’être faible» qu’est la femme contre les misères qui lui sont faites. Lionel Férrèol Yamadjako, Eliane Aïsso… ne sont pas du reste. Sébastien Boko lui est le monsieur bruiteur de la cour. Travaillant sur du bois, il est obligé par moments d’user de sa tronçonneuse, ce qui crée un bruit assourdissant au milieu du silence des autres artistes. « Mais cela participe de l’ambiance de travail », soutiennent ses pairs.
Dans cette ambiance plutôt fraternelle, les participants au «Cénacle expérimental» ne sont pas abandonnés à eux-mêmes. En dehors des séances de formation qui sont prévues, l’initiateur, Charly d’Almeida visite par moment chacun d’eux, les oriente, les conseille et parfois même échange avec eux pour mieux comprendre et pénétrer le travail qui se fait à leur niveau.