La Nation Bénin...
La sortie de la nouvelle igname est aujourd’hui célébrée avec faste par ses consommateurs dans plusieurs régions. Même si c’est sans tambour ni trompette qu'elle est célébrée dans d’autres départements du Bénin, elle vient valoriser la culture béninoise. C’est le cas de Savalou qui commémore chaque 15 août cette fête, en lui accordant une importance et une signification traditionnelle.
La fête de l’igname, selon les natifs de Savalou, se célébrait autrement autrefois. Les rois sacrifiaient un homme en mémoire des ancêtres et des divinités. Mais pour mettre fin à cette pratique, un roi décida à son avènement au trône d'offrir en lieu et place de l’homme des ignames. En effet la durée de la sortie de la nouvelle igname qui est de 9 mois correspond à ce qu’il faut pour la naissance d’un être humain. C’est ce qu’une vendeuse d’igname au marché Dantokpa, du nom de Rébéca Dassoundo explique pour justifier cette célébration. Pour Dassi, vendeuse en gros de sacs d’ignames et adepte de vodoun, la fête de l’igname consiste à faire des rituels aux ancêtres, aux vodouns et aux fâ. C’est après cette cérémonie que l’igname est apte à être consommée. Actuellement, a-t-elle fait constater, seules les ignames venant de Savalou font la vedette sur le marché Dantokpa bien que la saison pluvieuse ne soit pas bonne.
La rareté de la pluie a occasionné une faible récolte de l’igname. Du coup, le prix d’achat de la tubercule a connu une flambée. En effet «le demi sac d’igname qui était vendu à 11 000 F CFA l’année dernière est passé à 25 000 F CFA cette année. De plus, les tubercules d’ignames que nous avons actuellement sont de petits régimes», explique Dassi «Nous achetons chers les sacs d’ignames et les revendons aussi chers», ajoute Rébéca Dassoundo. Malgré cette hausse des prix, elle reconnait quand même que depuis mardi dernier, la vente est bonne car nombreux sont les clients qui viennent s’approvisionner. Pour preuve Florentine Aballo, une cliente rencontrée sur les lieux de vente, déclare que «les ignames sont très chères cette année, cependant je ne peux m’empêcher de célébrer la fête de l’igname en intimité avec ma petite famille puisque nous n’avons pas la possibilité de nous rendre à Savalou pour la commémorer». Mais puisque c’est la diversité qui fait le monde, Ahohouzou rencontrée également au marché Dantokpa, laisse entendre qu’elle ne distingue pas l’igname issue d'une récolte antérieure de la nouvelle. Compte tenu de sa foi chrétienne, elle juge inutile d’attendre une quelconque cérémonie avant la consommation de l’igname.
Par Esther TOFFOUN et Charnok GBAGUIDI (stagiaires)