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Prévisions macroéconomiques pour 2025-2027: Entre incertitudes et résilience

Economie
Le Bénin a adopté depuis quelques années une gestion proactive  et diversifi e ses sources de fi nancement Le Bénin a adopté depuis quelques années une gestion proactive et diversifi e ses sources de fi nancement

Bien que l'économie béninoise soit confrontée à de multiples incertitudes pour la période 2025-2027, une stratégie de résilience bien conçue pourrait permettre au pays de surmonter les défis et de maintenir sa trajectoire de croissance.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 30 août 2024 à 01h19 Durée 3 min.
#économie béninoise

Afin de soutenir une économie durable, le Bénin devra poursuivre des réformes ambitieuses et intensifier ses investissements pour diversifier ses sources de croissance et renforcer sa résilience.  Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2025-2027, adopté en juin dernier, met en avant plusieurs risques clés. Parmi eux, la dégradation de la situation sécuritaire au Nord du pays, où les attaques de groupes extrémistes sont en augmentation, pourrait significativement freiner les flux touristiques et décourager les investissements privés.

D’après les simulations de la direction générale de l’Economie (Dge), une baisse de 10 % du tourisme entraînerait une réduction de la croissance de 0,23 point de pourcentage (pdp) et une chute des recettes fiscales de 1,53 %. Par ailleurs, une contraction de 10 % des investissements privés pourrait entraîner une baisse de la croissance de 4,5 pdp et une diminution des recettes fiscales de 2,5 %.

L'économie béninoise reste également vulnérable aux fluctuations de la monnaie nigériane, le naira. Une dépréciation de 15 % du naira pourrait réduire le produit intérieur brut (Pib) du Bénin de 1,1 % dès la première année, soulignant l'importance des relations économiques avec le Nigeria, son principal partenaire commercial. De plus, l’augmentation des taux d'intérêt mondiaux, exacerbée par des tensions géopolitiques, pourrait compliquer l'accès aux financements et ralentir les dépenses d'investissement public, avec un impact potentiel de 0,53 pdp sur la croissance.

Climat en ligne de mire

Les aléas climatiques représentent une autre source d’inquiétude majeure. Les risques de catastrophes naturelles telles que les inondations et les sécheresses, ainsi que la montée du niveau de la mer, continuent de menacer la stabilité économique. Une baisse de 10 % de la production agricole, par exemple, pourrait entraîner une réduction de 2 points de pourcentage de la croissance économique et une perte de 0,6 % des recettes budgétaires, estime la Dge.

Pour y répondre, le gouvernement a mis en place des initiatives telles que le Fonds de réponse aux catastrophes (Foncat) et l’intégration des risques climatiques dans la gestion des investissements publics.

Les relations avec les pays voisins constituent également un facteur de risque, en particulier avec la sortie annoncée du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour former l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Ce changement pourrait affaiblir l’intégration régionale et avoir des répercussions sur l'économie béninoise. Toutefois, les liens culturels solides et les échanges informels dynamiques entre les populations de la région offrent des opportunités pour atténuer ces risques.

Enfin, l’approche des élections générales de 2026, les premières du genre au Bénin, pourrait introduire un climat d’incertitude, réduisant les investissements privés et ralentissant l'activité économique.

Stratégies et perspectives

Malgré les nombreux défis, l’économie béninoise dispose de leviers importants pour renforcer sa résilience. Grâce à une stratégie économique solide, le pays devrait enregistrer une croissance robuste de 6,7 % en moyenne sur la période 2025-2027, contre 6,4 % enregistré en 2023, avec une inflation maîtrisée. En ce qui concerne la dépendance vis-à-vis du Nigeria, des réformes sont engagées pour amortir les chocs économiques provenant du Géant Voisin de l’Est, principal partenaire commercial du Bénin.

Sur le plan des finances publiques, le gouvernement vise à intensifier la mobilisation des ressources fiscales et à renforcer les investissements. Il est aussi question de rétablir progressivement le déficit budgétaire dans la limite de la norme communautaire (3 % du Pib au maximum) de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dès 2025.

Pour réduire les risques liés à la dette, le Bénin a adopté depuis quelques années une gestion proactive et diversifie ses sources de financement, ce qui devrait lui permettre de maintenir ses projets de développement même en cas de conditions défavorables sur les marchés internationaux.

Quant aux menaces sécuritaires, une combinaison de mesures civiles et militaires est déployée pour renforcer la présence de l’Etat dans les zones vulnérables et améliorer les conditions économiques locales. Sur le plan interne, le gouvernement, les acteurs politiques et les citoyens sont appelés à faire preuve de maturité démocratique pour minimiser les risques de troubles à l'ordre public, qui pourraient affecter la croissance économique