La Nation Bénin...
Elles
sont de milliers de jeunes filles formées et embauchées, chaque année, par des
entreprises grâce au dispositif Azôli. Composante n°1 du Projet d’inclusion des
jeunes (ProDIJ), ce dispositif accélère le taux d’employabilité des jeunes peu
ou pas instruits. A la rencontre de ces jeunes béninoises qui redonnent du sens
à leur vie grâce à Azôli…
Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). Il est 11 heures du matin. Des dizaines de jeunes filles et garçons sont à l’œuvre devant les nombreuses machines de filature de Bénin Textile Sa (BTex), une entreprise spécialisée dans la confection de serviettes, draps, nappes. La vingtaine, teint noir et taille courte, Marcelline N’Dah Gado est l’une des jeunes filles qui travaillent dans cet environnement de machines parfois aux mille boutons.
« Je suis opératrice machine. Nous transformons les mèches de coton en fils à l’aide des machines… », répond fièrement cette Marcelline N'Dah Gado, venue de l’Atacora trahie par ses balafres Somba. Marcelline N’Dah Gado et ses collègues travaillent ici depuis près de huit mois, grâce au dispositif Azôli, composante n°1 du Projet d’inclusion des jeunes (ProDIJ) initié au profit des 18 à 30 ans au plus, et mis en œuvre par le gouvernement béninois à travers l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) avec l’appui de la Banque mondiale. En gros, Azôli recrute des bras valides de niveau Bepc maximum, qu’il met à la disposition de ses entreprises partenaires. A ce jour, 4 000 jeunes dont environ 45 % de filles sont déjà impactés.
Comme
Marcelline N’Dah Gado, des milliers d’autres filles peu ou pas instruites, en
provenance de tous les départements du Bénin, profitent de cette opportunité
pour s’insérer dans la vie professionnelle par embauche ou en s’installant à
leur propre compte au terme de la formation. Une façon pour le gouvernement
béninois et son partenaire de sortir surtout les jeunes filles du chômage.
La
plupart des bénéficiaires perçoivent une allocation de 63 000 F Cfa par mois
octroyée par l’Etat béninois et son partenaire durant toute la durée de la
formation. C’est le jackpot pour ces jeunes filles sans formation
professionnelle de base et au chômage depuis des années.
«
L’argent que je gagne ici m’est utile. Je n’ai pas d’autres charges en dehors
du loyer que je paye et de ce que je mets dans ma santé, mon déplacement, ma
nourriture et mon habillement. Au bout du compte, j’arrive à économiser 20 000
F Cfa chaque mois… », confie Marcelline N’Dah Gado.
Venue
de Dassa-Zoumé, Marguerite Cayole Akpo est contrôleur de qualité à Gtc depuis
près de deux ans. Ses débuts dans cette entreprise de confection de vêtements
militaires ont été difficiles en raison du changement de localité en un laps de
temps. Mais aujourd’hui, elle s’en sort bien. « On dit souvent que l’argent de
la femme se réunit très vite. C’est le cas pour moi. Avec ce travail, on arrive
quand même à économiser un peu d’argent… », assure-t-elle. En dehors du parc
textile, ces filles travaillent aussi dans l’agroalimentaire, notamment au parc
cajou dédié à la transformation des noix de cajou.
Bonnet
de protection sur la tête, une centaine de filles s’appliquent à polir les
amandes de cajou à l’aide d’un grattoir, dans les locaux de l’entreprise Bénin
Cashew. « Je ne faisais rien quand j’étais chez moi à Dogbo. Mais aujourd’hui,
je peux me permettre d’acheter des choses que je ne pouvais acheter, faute de
moyens financiers », affirme Adélaïde D. Akodégnon.
Ainsi,
grâce à Azôli, des milliers de jeunes filles sont formées avec possibilité
d’embauche automatique au sein des entreprises partenaires. Elles travaillent
dans un environnement sûr qui leur assure protection et promotion. Toutes
choses qui leur permettent de révéler tout leur potentiel.
Transparence, parité et égalité de chances
Il est simple et facile de bénéficier des opportunités de Azôli. Les filles rencontrées ont suivi le même cheminement. « L’inscription peut être faite en ligne et confirmée dans une antenne Anpe ou encore à la mairie de leur localité. Elles sont donc prises en charge par un conseiller Anpe. Quand l’inscription est bien faite, la jeune fille est proposée à une entreprise. Ensuite, notre call center l’appelle pour un entretien. Après le test, toutes celles qui sont sélectionnées démarrent le travail en entreprise », précise Titus Walter M. Houndessahoue, chargé d’activités Anpe à la Gdiz. Ce processus de placement auprès des entreprises est le même pour tous, filles comme garçons.
Une
fois en entreprise, ces jeunes sans qualification préalable reçoivent les
rudiments de leur métier durant quelques jours avant d’être opérationnels après
un test d’aptitude. Tout commence donc par une séance théorique pour leur
permettre de comprendre le fonctionnement de l’usine, les différentes étapes de
la fabrication au sein des ateliers, quelques règles et notions importantes à
garder et enfin l’étape de la pratique.
«
Pour la plupart, ce sont des personnes qui n’ont pas une expérience
professionnelle, qui plus est, dans le domaine industriel. Donc, à leur
arrivée, il y a une préparation à faire. C’est ce que nous faisons avec eux à
travers l’induction qui dure quatre à cinq jours. Nous les formons sur des
thématiques liées à la conformité, la santé et la sécurité au travail, la
sécurité des personnes et des biens sur le site, à leurs droits et devoirs en
tant qu’employés et femmes, à des aspects liés à leur motivation et surtout à
la culture d’entreprise qui met l’humain au centre de tout ce que nous faisons
et l’humain dans sa capacité à apprendre, à gagner de l’expérience et à faire
évoluer le Bénin... », explique Emmanuel N’Dah Sékou, responsable Formation et
Développement de BTex.
Globalement,
les entreprises sont satisfaites de la vitesse d’assimilation des apprenants.
Une vitesse « intéressante » qui permet de répartir les jeunes bénéficiaires
dans les ateliers, selon leurs capacités. In fine, l’investisseur est heureux
et le gouvernement béninois aussi.
L’une
des plus-values majeures pour les entreprises, soulignent les responsables
d’entreprises, c’est la satisfaction de contribuer à la formation des jeunes.
Et avec la formation reçue, ces jeunes contribuent à la valeur ajoutée d’un
point de vue économique, une des raisons pour lesquelles le gouvernement a mis
en place la zone industrielle.
S’insérer dans la vie professionnelle grâce à Azôli est une expérience fascinante, au dire des bénéficiaires. Imelda D. Houéfondé, opératrice au département Coupe et Couture de Btex, est heureuse de cette nouvelle page qui s’est ouverte dans sa vie et recommande la même voie aux autres filles.
Grâce à Azôli, ces filles et jeunes dames sont financièrement indépendantes
«
Je dirai à toutes celles et même à tous ceux qui veulent passer par Azôli, que
c’est une opportunité qui vaut la peine d’être saisie. Ici, j’ai entendu et vu
des choses que je n’ai jamais vues par le passé et que, je suis sûre, la
majorité des Béninois ne connaissent pas… Quand vous voyez tout ceci, ça vous
ouvre l’esprit et des perspectives », indique-t-elle.
D’ici
2025, le dispositif Azôli entend impacter 25 000 jeunes pour l’emploi salarié
et 25 000 autres pour l’emploi indépendant ou l’auto-emploi. De plus, le
dispositif accompagne les jeunes qui font le choix de l’emploi indépendant à
véritablement s’installer à leur propre compte■