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Agroécologie et défis financiers: Le pari des jeunes entrepreneurs agricoles

Société
Champ de maïs selon les principes de l'agroécologie, pour une agriculture  durable et respectueuse de l'environnement Champ de maïs selon les principes de l'agroécologie, pour une agriculture durable et respectueuse de l'environnement

Inspirée par les défis climatiques et la nécessité d'une agriculture durable, une nouvelle génération d'acteurs s'engage dans l'agroécologie.  Ceux-ci entendent se focaliser sur des initiatives innovantes allant de la sensibilisation à la formation, en passant par la pratique sur cette approche respectueuse de l'environnement.

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 12 nov. 2024 à 07h46 Durée 3 min.
#défis climatiques

Alors que l'agriculture béninoise est appelée à répondre aux défis de la durabilité et du changement climatique, des initiatives ambitieuses voient le jour pour impulser une transition vers l'agroécologie. Ces nouvelles approches, portées par des jeunes, visent non seulement à préserver les ressources naturelles mais aussi à construire une agriculture résiliente, apte à nourrir les générations futures sans nuire à la qualité des sols et à la santé des écosystèmes. Consolat Hountin Kiki, spécialiste en finance agricole et en adaptation au changement climatique, fait partie des acteurs qui s'engagent activement pour promouvoir cette agriculture durable. Avec l'appui de certains partenaires, il organise de façon périodique des journées sur l'agroécologie dédiées à la sensibilisation et à la formation des jeunes acteurs du secteur agricole. « Il faudrait que les jeunes prennent leurs responsabilités pour sauver les meubles alors qu’il est encore temps. C’est ce qui nous a motivés à initier ces journées qui visent à informer les jeunes agriculteurs sur les défis et opportunités de l'agroécologie, tout en leur offrant par la suite des formations pratiques», confie Consolat Hountin Kiki. Pour lui, le développement agricole au Bénin ne peut plus se baser sur les méthodes conventionnelles, caractérisées par une utilisation massive d'intrants chimiques qui dégradent les sols et menacent la biodiversité. « La durabilité implique que nous produisions de manière à satisfaire nos besoins sans nuire aux intérêts des générations futures », insiste-t-il. La transition vers l'agroécologie est perçue comme une nécessité pour pallier les limites de l'agriculture conventionnelle. Docteur Emile Houngbo, expert dans le domaine, met en avant comment cette approche contribue à sécuriser les revenus des petits agriculteurs et à réduire la dépendance aux intrants importés. « L'agroécologie est une solution à long terme à l'insécurité alimentaire. Nous ne devons pas perdre de vue cela», a-t-il affirmé. Il a relevé les difficultés pratiques liées à cette méthode, mais aussi les énormes bénéfices en termes de résilience climatique et de santé des sols. « L’agroécologie présente des défis pratiques, notamment l'investissement initial pour remplacer les intrants chimiques par des alternatives naturelles et l'adaptation des pratiques traditionnelles. Cependant, ces efforts sont largement compensés par les bénéfices durables : des sols enrichis et en meilleure santé, une biodiversité préservée et une agriculture plus résiliente face aux aléas », a expliqué Dr Emile Houngbo.

Le financement, la clé de voûte

Pour beaucoup de jeunes entrepreneurs, l'un des principaux obstacles au développement de l'agroécologie reste le financement. Consolat Hountin Kiki a exposé les difficultés rencontrées par les jeunes agriculteurs pour financer des pratiques respectueuses de l'environnement. « Le manque de fonds adaptés bloque de nombreux projets agroécologiques, surtout parmi les jeunes qui souhaitent adopter des techniques de production plus durables », indique-t-il. L'initiative de la journée béninoise de l'agroécologie qu’il organise avec d’autres jeunes béninois, entend donc sensibiliser les jeunes à ces défis financiers. Dans ce sens, il travaille à développer des partenariats avec des institutions financières pour permettre aux jeunes d'accéder aux ressources nécessaires pour lancer ou renforcer leurs projets agroécologiques. « Des sessions de formation sur la gestion financière et la mobilisation de fonds pour des projets écologiques sont prévues dans les mois à venir », a-t-il précisé. Outre les initiatives théoriques, d’autres jeunes s’adonnent à l’exercice pratique. C’est le cas de Ghislain Ahounou, promoteur d’une ferme agricole qui promeut l’agroécologie et qui a permis à d’autres jeunes de découvrir les techniques de fabrication de biofertilisants et de produits phytosanitaires naturels. Ces techniques permettent non seulement de réduire la dépendance aux produits chimiques nocifs, mais aussi de préserver les écosystèmes locaux. « Cette approche donne aux jeunes les moyens de produire de façon autonome et plus écologique, tout en améliorant leurs rendements», détaille Ghislain Ahounou. L'engagement de Consolat Hountin Kiki va au-delà de cette journée de sensibilisation. Il envisage de lancer des sites communautaires de production agroécologique dans plusieurs régions du Bénin, où les jeunes agriculteurs pourront expérimenter et appliquer les méthodes agroécologiques apprises. « L'idée est de créer un effet de levier, de montrer que l'agroécologie peut être rentable tout en étant respectueuse de l'environnement », souligne-t-il. Ce faisant, Consolat Hountin Kiki et les autres jeunes qui prennent des initiatives dans ce sens, témoignent de l'espoir et de la détermination de la jeune génération à transformer l'agriculture béninoise. Avec le soutien financier et technique de différentes parties prenantes, cette transition agroécologique pourrait bien devenir le moteur d'une agriculture béninoise plus résiliente, créatrice d'emplois et respectueuse des ressources naturelles■