La Nation Bénin...
Les
responsables de Imatunu Kakai Fm, la 92.7 Mhz, émettant depuis Karimama,
commune de l’Alibori à environ 750 km de Cotonou, ne baissent pas les bras face
à l’insécurité dans la région. Née, il y a environ deux ans et soutenue par
l’Union européenne, les Pays-Bas, le Canada, le Japon, l’Unicef et ses
partenaires, cette radio communautaire fait preuve de résilience face au défi
sécuritaire dans la région, tout en réajustant sa grille des programmes.
L’un des tout premiers nés dans l’univers radiophonique à Karimama, Imatunu Kakai Fm redouble d’ingéniosité face à l’incertitude sécuritaire. Les responsables de ce joyau communautaire installé au nord du Bénin essayent de promouvoir à travers des contenus radiophoniques le principal héritage dans un contexte de psychose: la quiétude et la cohésion sociale. L’agenda de la chaine de radiodiffusion communautaire est taillé sur mesure au regard de la menace terroriste dans la localité. Les calendriers sont réajustés pour permettre à l’organe de survivre sans pour autant céder à la peur. La nouvelle grille des programmes concoctée par Sahabou Aboubakar, le directeur de la radio et son équipe leur permet d’assurer leur propre sécurité, tout en assurant la continuité de l’information aux populations. « Il y a des contraintes sécuritaires dans la commune. Les matins, nous ouvrons nos antennes de 7heures à 13 heures et les soirs de 16h à 18 heures », explique Sahabou Aboubakar, directeur de la radio Imatunu Kakai Fm.
Née
de la volonté de l’Unicef, du Japon, de l’Union européenne, du Canada, des
Pays-Bas, de l’Alliance mondiale Gavi, cette chaîne est sous la coupole de la
Fédération des radios communautaires et assimilées du Bénin (Fercab). Son
challenge, travailler sans désemparer dans un environnement menacé afin de
sauvegarder la paix et la concorde dans la région.
Jusque-là,
Karimama n’avait connu aucune chaîne de radio communautaire. Cette réalité
rendue possible par l’Unicef à travers des équipements de pointe apporte de
l’espoir aux habitants dans un ciel sans étoile.
«
Avant, on ouvrait nos antennes à 6 heures du matin, les verbalisations de nos
équipes par la Garde nationale nous ont contraints à décaler l’ouverture de nos
antennes d’une heure d’horloge plus tôt en la ramenant de 6 h à 5 heures du
matin », poursuit le directeur.
En
journée, lui et son équipe ont la gorge moins serrée. « En journée, nous ne rencontrons pas de
difficultés majeures, mais les soirs, nous sommes obligés de vite faire pour
fermer nos antennes à temps », confie-t-il. Leur peine de couper les antennes à
temps se comprend à demi-mot.
Dans
le contexte actuel, toutes les vérités ne sont plus bonnes à dire. Avec la
menace sécuritaire, les responsables de cette radio communautaire sont obligés
de mettre un embargo sur les questions d’ordre sécuritaire, au risque de se
créer des ennuis. «C’est seulement les émissions interactives et les questions
liées à l’environnement, à l’éducation, aux enfants, à la cohésion sociale que
nous abordons », souligne Sahabou Aboubakar.
Pour
celui qui ne maîtrise pas la situation actuelle de la localité, la vie n’est
pas si simple. Toutefois, les équipes de Radio Imatunu Fm essayent, elles, de
se la simplifier avec des programmes spéciaux adaptés au contexte sécuritaire
en vue de la paix dans la localité.
En
plus de Karimama, cette chaîne dessert Kandi, Malanville, ainsi que les pays
voisins tels que le Niger et le Burkina Faso. L’association Imatunu Kakai en assure
la gestion. Son personnel très réduit tient bon face à la montée de
l’insécurité dans la région.
NB
: Avec le soutien de l’Unicef