La Nation Bénin...
Le projet Assurance pour le renforcement du capital humain
(Arch) a de l’avenir. Joël Bouillaud, directeur du programme Arch formation,
chargé de mission à la réforme de l’artisanat à la présidence du Bénin, est un
des acteurs clés du volet formation. Il évoque les dispositifs mis en place
pour rendre pérenne le projet.
En quoi consiste le volet formation du programme Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch) ?
Je voudrais répondre à cette question sur la finalité du
volet formation Arch en empruntant les mots du chef de l’Etat Patrice
Talon dans ma note de mission. Il disait : « Je veux que les artisans
montent plus leur niveau et gagnent mieux leur vie. Faites le nécessaire pour
que le niveau de compétence de nos artisans puisse être adapté aux exigences de
la technologie moderne dans leur domaine ». Lorsque le président de la
République m’a sollicité, j’ai tout de suite vu la pertinence de ce projet dont
l’objectif est d’amener les artisans à répondre aux exigences de l’heure à
partir de leur savoir-faire en les renforçant. Le projet Arch, dans sa phase
pilote, regroupe dix-sept métiers retenus par le chef de l’Etat et considérés
comme prioritaires pour le développement du Bénin.
Sur le site de l’Ecole supérieure des métiers des énergies
renouvelables à Calavi par exemple, nous mettons l’accent sur les énergies
renouvelables parce qu’elles font partie des métiers d’avenir. Nous ne faisons
pas tout ça pour le plaisir de la formation, mais pour que les artisans
puissent mieux gagner leur vie. Le projet prend en compte plusieurs corps de
métiers, les mécaniciens auto, les artisans Btp, les transformateurs, les
pâtissiers, les couturiers, les restaurateurs, les électriciens photovoltaïques….
Nous avons ciblé dix-sept métiers prioritaires et
l’artisanat compte cent soixante-quinze métiers. Le Bénin compte actuellement
environ neuf cent mille artisans. Le programme sera plus ambitieux pour l’année
prochaine où nous allons enrôler environ trois mille artisans.
Comment appréciez-vous la réalité sur le terrain ?
Le tissu de centres de formation dans les métiers
d’artisanat au Bénin est assez pauvre. Nous n’avons pas beaucoup de centres de
formation capables d’accueillir les artisans. Nous avons de bons formateurs,
mais il ne se sont pas assez nombreux. Nous avons rencontré beaucoup d’acteurs
à fort potentiel. Nous les perfectionnons pour les amener à devenir à leur tour
des formateurs. L’objectif de Arch formation, c’est d’avoir à terme un vivier
d’artisans dans chaque profession d’au moins douze formateurs, capables de
dispenser les cours. Tout le dispositif repose sur la supervision permanente
d’experts de haut niveau venus de l’extérieur. Ce sont eux qui négocient avec
les artisans les besoins prioritaires, identifient les sites de formation et
les formateurs potentiels, assurent leur perfectionnement, définissent les
modules de formation et assurent le suivi de la formation. C’est une exigence
du chef de l’Etat. Si nous voulons monter, il faut aussi chercher des
compétences techniques et pédagogiques de l’extérieur, en exploitant ces
experts pour former les artisans sur place.
Les artisans que nous formons, commencent par bien réagir.
Lorsqu’on met les artisans dans les conditions normales et qu’on les respecte,
il y a une véritable appétence de formation. Nous le vivons sur tous les sites
de formation.
Quelle sera la suite de la formation ?
C’est facile de donner une formation sans se préoccuper de
la suite. Il est aisé de constater des artisans se retourner dans leurs
ateliers, laboratoires ou salons et de retomber dans la routine, faute
d’équipements adéquats et de ressources humaines qualifiées. Dans le dispositif
de l’Arch, nous avons intégré le suivi-évaluation et la mesure de l’impact,
immédiatement après la formation que nous évaluerons au bout de six mois ou
d’un an. Nous avons déjà des retours prometteurs. Dans cette perspective, le ministère
des Affaires sociales et de la Microfinance a mis en place un accompagnement
financier dénommé ‘’Crédit Arch’’ qui permet aux bénéficiaires d’accéder au
crédit au-dessus de la microfinance à des conditions favorables. Cela permet à
l’artisan, bénéficiaire de la formation Arch, d’acquérir des matériels. Nous
mettons également en place un dispositif sur la gestion financière. Nous avons
ce qu’il faut pour conduire le projet à bon port. Nous savons mieux comment
avancer pour éviter les écueils.
Joël Bouillaud, directeur du programme Arch formation