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Business et développement: «L’Empire du milliard» tend la main au secteur privé africain

Société
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 24 mars 2023 à 00h43
Face-à-face diplomates africains et acteurs du secteur privé chinois pour débattre de business. Mercredi 22 mars à Pékin, les deux parties se sont donné rendez-vous pour des échanges, des projections et prospections avec en toile de fond, le développement de l’Afrique à travers des investissements chinois et les opportunités offertes au secteur privé africain par l’Empire du milliard.La Chine veut-elle mériter davantage en Afrique son surnom de « l’Empire du milliard » ? Possible. Pékin multiplie les opérations de charme en direction du continent et s’intéresse aux investisseurs privés à qui, elle veut offrir son marché, tout en se réservant une place de choix sur le leur. Mercredi 22 mars dernier, le sujet était encore objet de discussions à travers un séminaire d’échanges. D’un côté, experts, économistes, universitaires, chercheurs et surtout investisseurs, mus par l’accroissement des investissements chinois et de l’autre, ambassadeurs africains et autres responsables du corps diplomatique, invités à capter les offres chinoises au profit de leurs pays respectifs. « En tant que partenaire le plus fidèle et le plus fiable de l’Afrique, la Chine s’est engagée à synchroniser l’initiative la Ceinture et la route avec l’Agenda 2063 et les stratégies de développement des pays africains afin de les aider à traduire leurs avantages en matière de ressources en avantages de développement grâce à la coopération en matière d’industrialisation pour obtenir des avantages mutuels et des intérêts communs », introduit Peng Wu, directeur des Affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères. La promotion du développement de la chaîne industrielle africaine et l’augmentation de la valeur ajoutée des produits africains se trouvent au cœur de la coopération sino-africaine, rappelle-t-il. L’ambition de la rencontre, insiste-t-il, c’est de travailler à l’approfondissement de la coopération et de l’amitié sino-africaines, rappelant que son pays adhère pleinement à l’agenda 2063 de l’Union africaine qui se propose de promouvoir la transformation économique du continent par l’industrialisation. Si la Chine est autant engagée sur un tel chantier, c’est pour plusieurs raisons, qu'il énumère.

Des raisons d’y croire

La première, politique, concerne les dix plans de coopération, les huit actions et les neuf projets proposés par le président chinois lors de la troisième édition du Forum sur la coopération sino-africaine qui fait de l’industrialisation sur le continent noir, un domaine prioritaire de coopération. « La vision 2035 pour la coopération sino-africaine stipule clairement que la Chine et l’Afrique coopéreront pour améliorer le système de fabrication, promouvoir les produits et les marques africains et les intégrer dans le marché industriel international », a aussi rappelé Peng Wu dans son intervention. La deuxième raison, poursuit-il, c’est l’action. Selon ses explications, son pays a investi plus de cent vingt milliards de dollars dans la coopération pour aider les pays africains à améliorer leurs infrastructures et à consolider les bases de l’industrialisation. [caption id="attachment_94385" align="alignnone" width="450"] S’associer dans l'effort de développement pour une coopération porteuse[/caption] La troisième raison, c’est qu’en dehors des mécanismes de coopération, du renforcement des capacités de production de quinze pays africains, la construction de plus de vingt parcs industriels avec plus de 3500 entreprises et plus de 56 milliards de dollars américains investis, le secteur privé chinois se dit prêt à mettre davantage la main à la poche pour aider l’Afrique à concrétiser ses ambitions. Mais pour y arriver, le pays de Xi Jinping attend de ses vis-à-vis plus de motivations et d’engagement. Au cours des interventions qui se sont enchainées tout au long de cette session, plusieurs entrepreneurs et industriels chinois ont indexé l’instabilité politique, le non-respect des clauses contractuelles et les changements de régime comme handicaps pour des investissements à longue durée sur le continent. Or, ont-ils déploré, les contrats conclus généralement pour une durée de trois ans ne permettent pas aux Chinois de miser gros. Ils en ont donc appelé à une révision des mécanismes en cours pour une contractualisation sur la durée. « Compte tenu du double problème de dette et de développement auquel est confrontée l’Afrique, nous devons étendre de nouveaux modèles de coopération tels que le partenariat public-privé, la franchise et l’intégration de l’investissement… promouvoir des projets d’investissement et de financement continus, fournir une chaîne de capital stable et des liquidités suffisantes », a enfin plaidé Peng Wu. Attirer les investissements Porte-voix de ses pairs et donc du continent à cette tribune, l’ambassadeur du Sénégal près la République populaire de Chine, Ibrahima Sory Sylla, a, à l’occasion, renouvelé l’engagement des Etats africains à œuvrer pour l’atteinte des objectifs communs. « En tant que gouvernements africains, il est de notre responsabilité de créer un environnement favorable aux affaires et aux investissements afin que le marché africain dans son ensemble et les investissements africains soient compétitifs dans le monde », introduit-il. « Je reconnais aussi que nous avons beaucoup de marge de manœuvre et que nous devons nous améliorer pour attirer les investissements étrangers et créer des emplois pour les jeunes », s’engage-t-il. Le sujet à l’ordre du jour de cette rencontre préoccupe les pays africains surtout en ce qui concerne le développement de la chaîne industrielle et la valorisation de la valeur ajoutée des produits africains, note-t-il. A l’heure actuelle, indique le diplomate sénégalais, le volume des échanges entre la Chine et l’Afrique a atteint une très grande échelle. Ce pays est devenu aussi une source de capitaux très importante pour le continent, admet-il. A l’en croire, l’exemple chinois est très parlant et donne une orientation à tous les pays en développement de l'afrique. « Nous devons réfléchir à la manière de redévelopper notre industrie manufacturière et de l’intégrer dans le processus de développement industriel mondial. La tendance actuelle est un peu inquiétante, car nous sommes confrontés à des facteurs de plus en plus déstabilisants », s’inquiète Ibrahima Sory Sylla. Une croissance économique rapide en Afrique ne peut être atteinte sans une intégration économique complète, prévient le diplomate qui va en profiter pour mettre sur le tapis, la question de l’emploi des jeunes. « La moitié de la population africaine est jeune, et c’est une force très importante. C’est un problème très préoccupant pour les pays en termes de création d’emplois. Chaque gouvernement en Afrique est confronté à ce défi », révèle-t-il. Toute analyse faite, il convient en ce qui le concerne que la Chine, au regard de son parcours « est le partenaire le plus fiable et le plus sincère de l’Afrique » et qu’ensemble avec ce pays, le continent peut espérer atteindre ses objectifs■