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Fête du Vodoun édition 2015: La bonne organisation des élections, une préoccupation majeure à Ouidah

Société
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 11 janv. 2015 à 21h59

Le Bénin amorce à compter de ce début d’année 2015, des phases pré-électorale, électorale et post-électorale particulièrement sensibles. Toutes les attentions sont tournées vers cette période pour laquelle, les dignitaires du culte vodoun ont beaucoup prié, le samedi 10 janvier dernier, sur la plage de Ouidah à l’occasion de la fête des religions endogènes.

Le Vodoun est épris de paix. Ses dieux et divinités ont assis leur puissance sur la quiétude. Pour le Bénin, les autres pays du continent et pour le monde en général, ceux-ci estiment que la quiétude est un facteur essentiel sans lequel on ne peut rien espérer de beau ni de grand. Le samedi dernier, à l’occasion de la célébration de la fête des religions endogènes, cette obligation a été rappelée par l’ensemble des dignitaires présents aux côtés de Sa Majesté Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Tawamènou II. Les premières prières de ce collectif de garants de la religion traditionnelle sont allées en direction de la paix. « Nous abordons une période sensible pour notre pays, celle des élections à venir. Les ancêtres nous recommandent de poser des actes de paix… Nous prions pour que la paix transcende toutes les divergences. Nous en appelons à l’unité…». Cette prière du premier des dignitaires du culte vodoun dans la ville de Ouidah a été reprise en cœur par une série de « Atchèèèè » « Amiiiii », qui traduisent l’unanimité des gardiens de la tradition sur ces vœux, surtout qu’avant d’en arriver là, la prêtresse habiletée à cette fin a jeté les colas. Cette séance de prière qui constitue l’une des phases importantes de la célébration de la fête du 10 janvier sur la plage de Ouidah n’a pas eu raison des autres étapes et des manifestations en général. La tradition indiquée en pareille circonstance a été respectée. Les adeptes et Hounon (chef de culte), venus comme à leurs habitudes vénérer leurs dieux y sont allés avec cœur, engagement et plaisir et le public de son côté s’est délecté aux mille couleurs du Vodoun.

Une belle fête dans la sobriété

Dès les premières heures de la matinée, chants, danses, démonstrations mineures constituaient le lot des plats servis aux premiers curieux et touristes venus sur les lieux. Il a fallu donc attendre l’arrivée du pontife du Vodoun, Sa Majesté Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Tawamènou II pour donner une autre cadence aux manifestations. Précédé des adeptes du Vodoun Atchinan et accueilli par des litanies, le haut dignitaire a fait sa petite revue de troupe avant de donner le top des manifestations dont la première étape est le passage des Sinhoutô.
Tour à tour, les adeptes ont défilé devant le public avec beaucoup d’animations et des démonstrations. Guinvodoun, Gambada, le Vodoun de Djègbadji, Atchinan, Mami; le groupe de danse des enfants du Centre international d’Art et de Musique de Ouidah (CIAMO) ont présenté des tableaux puisés dans la richesse de cet héritage qu’ils entendent perpétuer et pour lequel, le rendez-vous du 10 janvier est devenu un pèlerinage. Lequel pèlerinage, pour le compte de cette année 2015 a souffert d’abord d’une organisation peu réussie.
En effet, le constat était patent et le pontife du Vodoun, Sa Majesté Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Tawamènou II dans son adresse a dû expliquer le manque de moyens et d’accompagnement qui éclopent l’éclat des festivités. Mais cela n’a pas eu raison de sa détermination à offrir une belle fête du Vodoun à toute la commune de Ouidah.
Samedi dernier à Djègbadji, il y avait, en dehors de la visite surprise de Abdoulaye Bio Tchané, la présence du 18è roi de Kpassè, Mitodaho Kpassènon Deffodji. Le porte-parole du pontife du Vodoun insistera d’ailleurs dans son message sur le nécessaire « dialogue pour surmonter les divergences ». Le caractère conciliant du culte a été aussi salué par Dah Hounsinou Kandjomanta Zogbin. L’ignorance du Vodoun qui fait le lit à la stigmatisation a été également dénoncée par ce dernier. Le maire de la ville de Ouidah ne s’écarte pas non plus de cette logique. Sévérin Adjovi a signifié sa joie et sa satisfaction de voir que cette fête se déroule sous la bannière de l’union retrouvée. Ouidah en tout cas, martèle-t-il, en est la capitale mondiale et son premier citoyen qu’il est, est fier de revendiquer ce titre.
Un titre qui permet à de nombreux touristes de fouler son sol et de s’abreuver à son histoire. Malheureusement, ils se sont faits rares depuis quelques temps en raison de la maladie à virus Ebola. Et pour les ramener sur le sol des Kpassè, Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon Tawamènou II a prié. L’ultime moment de cette célébration, celui du sacrifice du mouton et de l’offrande aux dieux a été encore une occasion pour lui et sa suite d’implorer les dieux et de les invoquer pour que Ebola ne franchisse pas les frontières du pays.