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Nutrition et bien-être de l’enfant: Les pères dans les attributs de mères

Société
Hommes et femmes forment une seule chair à Koukiri pour la nutrition infantile Hommes et femmes forment une seule chair à Koukiri pour la nutrition infantile

A Koukiri, dans la commune de Tchatchou, les hommes ne se confinent pas dans leur rôle de pères. Ils s’investissent aussi dans le bien-être des enfants, au point de ravir la vedette aux femmes. La dynamique engendrée par le club des pères fait tache d’huile.

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 16 janv. 2025 à 15h43 Durée 3 min.
#Lutte contre la malnutrition

Koukiri. Une localité de Tchatchou, commune de Tchaourou, à environ 360 km de Cotonou. A l’heure de la préparation du repas, c’est Joseph Adamou, membre du club des pères, qui porte le tablier du cuisinier. Il se met en condition en commençant à se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon en vue de la préparation de la sauce ‘’Tchétoum’’ (appellation peule d’une sauce à vertus nutritives et thérapeutiques). Dans des bocaux d’une propreté évidente sont disposés divers ingrédients : lait de vache frais, piment, oignon, moutarde, œufs de poule, sel, crevettes, beurre de karité, fromage, légumes et une poudre de racine prisée en milieu peule.

Devant des enfants, femmes et hommes, tous l’air enjoué, le fameux papa, teint clair prend ses marques pour une randonnée culinaire palpitante. A l’atterrissage, son plat chaud qui inclut tous les groupes d’aliments fait de toute l’assistance un fin gourmet. 

« Nous sommes dans un processus de co-création avec cette communauté en l’aidant à améliorer ses recettes traditionnelles afin de répondre aux quatre groupes d’aliments au profit des enfants », explique Gaëlle Logozo, chargée de nutrition au Bureau de l’Unicef Parakou.

La démonstration culinaire fait partie des activités du projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant». Une initiative de l’Unicef exécutée par Sia N’Son Ong et soutenue par plusieurs donateurs d’Angleterre, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et du Japon. 

Joseph Adamou, le cordon bleu, baptisé « papa alimentation complémentaire adéquate » est membre du Club des pères. Il fait partie des hommes dévoués à la cause des enfants.

A Koukiri, ce club est une véritable école où chaque papa a son mot à dire pour le bien-être des enfants. Pour la cause, chacun porte ses attributs avec fierté et bonheur. Ils sont enrôlés en fonction des thématiques relevant du bien-être de l’enfant : nutrition, allaitement maternel exclusif pour les enfants de 0 à 6 mois, mise au sein de l’enfant dès l’accouchement, sensibilisation au respect du calendrier vaccinal, hygiène et assainissement.

Initiative unique ! 

« Le Club des pères est constitué de six pères. Derrière eux sont alignés d’autres », précise Véronique Tinéponanti, chargée de projet à Sia N’Son Ong. Une initiative inédite dont les retombées vont au-delà des enfants.

« Vous ne verrez cette organisation nulle part », vante-t-elle. Dans la localité, tous conviennent que le Club des pères est un grand soutien pour l’épanouissement des ménages. « Nous avons impliqué les pères parce que à un moment donné, nous nous sommes rendu compte que les mères n’arrivaient pas à suivre les enfants normalement en raison du manque d’autorisation de leurs maris », développe Véronique.

Il fallait donc résoudre cette équation en agissant sur le noyau principal au sein des familles. « Nous avons compris qu’il fallait impliquer les pères en leur expliquant le bien-fondé de la nutrition pour le développement de l’enfant dans le présent et le futur. Ainsi, ils pourront nous aider à soutenir l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant», démontre-t-elle.

Grâce au projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant », l’Unicef et ses partenaires ratissent large dans le septentrion tout en aidant le Bénin à améliorer ses indicateurs sur la nutrition des enfants. « Nous sommes intervenus dans deux cent quatre-vingt-deux localités de la commune de Tchaourou réparties sur deux arrondissements, soit au moins trois mille ménages», se réjouit Gaëlle Logozo, chargée de nutrition au Bureau de l’Unicef Parakou.

Chiffres à l’appui, Véronique Tinéponanti confirme les avancées : « Nous étions à 32 % de malnutrition aiguë dans cette localité. Je peux vous rassurer aujourd’hui que tous les enfants sont en bon état nutritionnel grâce à nos interventions ». 

Les données recueillies auprès de l’Unicef témoignent des résultats probants aussi bien à Koukiri que dans tout le pays : « La prise en charge de la malnutrition a progressé. La couverture est passée de 25 % à 65 %, répondant aux normes de l’Oms ».

Mieux, l’alimentation minimale acceptable chez les enfants a fait un bond significatif, passant de 1,1 % en 2021 à 16,3 % en 2023 dans le département de l’Alibori, zone de couverture de notre reportage. L’Unicef promet de retrousser davantage ses manches à travers l’initiative First Food avec le concours du gouvernement, du secteur privé et bien d’autres acteurs afin que la problématique de la lutte contre la malnutrition soit placée au rang des priorités du pays. En la matière, la dynamique engendrée par le Club des pères à Koukiri dégage déjà l’horizon. 

Une production réalisée avec le soutien de l’Unicef dans le cadre de la mission Presse en urgence