La Nation Bénin...
A
Koukiri, dans la commune de Tchatchou, les hommes ne se confinent pas dans leur
rôle de pères. Ils s’investissent aussi dans le bien-être des enfants, au point
de ravir la vedette aux femmes. La dynamique engendrée par le club des pères
fait tache d’huile.
Koukiri.
Une localité de Tchatchou, commune de Tchaourou, à environ 360 km de Cotonou. A
l’heure de la préparation du repas, c’est Joseph Adamou, membre du club des
pères, qui porte le tablier du cuisinier. Il se met en condition en commençant
à se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon en vue de la préparation
de la sauce ‘’Tchétoum’’ (appellation peule d’une sauce à vertus nutritives et
thérapeutiques). Dans des bocaux d’une propreté évidente sont disposés divers
ingrédients : lait de vache frais, piment, oignon, moutarde, œufs de poule,
sel, crevettes, beurre de karité, fromage, légumes et une poudre de racine
prisée en milieu peule.
Devant
des enfants, femmes et hommes, tous l’air enjoué, le fameux papa, teint clair
prend ses marques pour une randonnée culinaire palpitante. A l’atterrissage,
son plat chaud qui inclut tous les groupes d’aliments fait de toute
l’assistance un fin gourmet.
«
Nous sommes dans un processus de co-création avec cette communauté en l’aidant
à améliorer ses recettes traditionnelles afin de répondre aux quatre groupes
d’aliments au profit des enfants », explique Gaëlle Logozo, chargée de
nutrition au Bureau de l’Unicef Parakou.
La
démonstration culinaire fait partie des activités du projet « Promotion des
bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant». Une
initiative de l’Unicef exécutée par Sia N’Son Ong et soutenue par plusieurs
donateurs d’Angleterre, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et du Japon.
Joseph
Adamou, le cordon bleu, baptisé « papa alimentation complémentaire adéquate »
est membre du Club des pères. Il fait partie des hommes dévoués à la cause des
enfants.
A
Koukiri, ce club est une véritable école où chaque papa a son mot à dire pour
le bien-être des enfants. Pour la cause, chacun porte ses attributs avec fierté
et bonheur. Ils sont enrôlés en fonction des thématiques relevant du bien-être
de l’enfant : nutrition, allaitement maternel exclusif pour les enfants de 0 à
6 mois, mise au sein de l’enfant dès l’accouchement, sensibilisation au respect
du calendrier vaccinal, hygiène et assainissement.
Initiative unique !
«
Le Club des pères est constitué de six pères. Derrière eux sont alignés
d’autres », précise Véronique Tinéponanti, chargée de projet à Sia N’Son Ong.
Une initiative inédite dont les retombées vont au-delà des enfants.
«
Vous ne verrez cette organisation nulle part », vante-t-elle. Dans la localité,
tous conviennent que le Club des pères est un grand soutien pour
l’épanouissement des ménages. « Nous avons impliqué les pères parce que à un
moment donné, nous nous sommes rendu compte que les mères n’arrivaient pas à
suivre les enfants normalement en raison du manque d’autorisation de leurs
maris », développe Véronique.
Il
fallait donc résoudre cette équation en agissant sur le noyau principal au sein
des familles. « Nous avons compris qu’il fallait impliquer les pères en leur
expliquant le bien-fondé de la nutrition pour le développement de l’enfant dans
le présent et le futur. Ainsi, ils pourront nous aider à soutenir
l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant», démontre-t-elle.
Grâce
au projet « Promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du
jeune enfant », l’Unicef et ses partenaires ratissent large dans le septentrion
tout en aidant le Bénin à améliorer ses indicateurs sur la nutrition des
enfants. « Nous sommes intervenus dans deux cent quatre-vingt-deux localités de
la commune de Tchaourou réparties sur deux arrondissements, soit au moins trois
mille ménages», se réjouit Gaëlle Logozo, chargée de nutrition au Bureau de
l’Unicef Parakou.
Chiffres
à l’appui, Véronique Tinéponanti confirme les avancées : « Nous étions à 32 %
de malnutrition aiguë dans cette localité. Je peux vous rassurer aujourd’hui
que tous les enfants sont en bon état nutritionnel grâce à nos interventions
».
Les
données recueillies auprès de l’Unicef témoignent des résultats probants aussi
bien à Koukiri que dans tout le pays : « La prise en charge de la malnutrition
a progressé. La couverture est passée de 25 % à 65 %, répondant aux normes de
l’Oms ».
Mieux,
l’alimentation minimale acceptable chez les enfants a fait un bond
significatif, passant de 1,1 % en 2021 à 16,3 % en 2023 dans le département de
l’Alibori, zone de couverture de notre reportage. L’Unicef promet de retrousser
davantage ses manches à travers l’initiative First Food avec le concours du
gouvernement, du secteur privé et bien d’autres acteurs afin que la
problématique de la lutte contre la malnutrition soit placée au rang des
priorités du pays. En la matière, la dynamique engendrée par le Club des pères
à Koukiri dégage déjà l’horizon.
Une
production réalisée avec le soutien de l’Unicef dans le cadre de la mission
Presse en urgence