La Nation Bénin...
Les éléments de la police nationale affectés dans les Unités spéciales de surveillance des frontières (USSF) n’ont pas mis du temps à s’imposer et faire parler d’eux à travers leurs prouesses. Les populations s’en émeuvent déjà et mardi dernier, le ministre en charge de la Sécurité publique est allé à leur rencontre sur le terrain.
L’initiative du déploiement d’une force spéciale de la police nationale dans les zones frontalières pour marquer la présence béninoise a été portée par l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (ABEGIeF) qui y a vu un moyen pour sécuriser les populations béninoises vivant dans ses espaces et leurs avoirs. Le projet est fin prêt, pourrait-on dire. Et même si les infrastructures d’accueil, d’hébergement et de travail de cette unité spéciale dénommée Unités spéciales de surveillance des frontières (USSF) ne sont pas encore prêts, des éléments ont été néanmoins déployés déjà sur le terrain. La période des fêtes de fin d’année, considérée comme un moment de grandes turbulences au plan sécuritaire, a été choisie pour l’immersion de ces jeunes policiers sélectionnés parmi leurs pairs pour leur endurance et technicité, après une rude formation. Plusieurs localités du pays comme Pèrèrè, Savalou, Kétou… les ont accueillis. Ils y sont allés pour deux raisons. La première, c’est de confronter les enseignements reçus avec la réalité du terrain et la seconde, c’est de venir toucher sommairement du doigt, ce qui sera d’ici six mois leurs réalités de travail. Lesquelles réalités sont loin d’être plaisantes sans pour autant avoir raison de l’engagement de ces unités appelées à devenir une force d’élite d’intervention et d’action en milieu frontalier.
Ils ont émerveillé
A la frontière béninoise d’Igolo, 39 policiers ont été déployés sous le commandement du commissaire de police de deuxième classe Raziz Abalonorou à la veille des fêtes de fin d’année pour un séjour de deux semaines. Ces policiers ont rapidement pris connaissance du terrain, a déclaré ce dernier au ministre de l’intérieur. «Notre déploiement ici a émerveillé les populations qui étaient tous en liesse. Notre présence était dissuasive dans un premier temps mais par la suite, nous avons procédé à des interpellations et fouilles qui nous ont permis d’interpeller plusieurs suspects dont des trafiquants d’enfants et de chanvre indien, de détruire des ghettos», dresse le commissaire Raziz Abalonorou, comme bilan. La restauration de l’autorité du Bénin étant également l’une des missions assignées à ses hommes et lui, il a évoqué également les cas d’implantation du drapeau béninois à des endroits où leur présence avait été formellement interdite par les voisins nigérians. Cette dernière action menée par ces flics a été particulièrement saluée par le directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (ABEGIeF), Marcel Ayité Baglo. Car, il leur était demandé également «de mettre en confiance les populations béninoises brimées et broyées par les autres populations». Il a salué alors leur enthousiasme, tout comme le directeur général de la Police nationale, le contrôleur de police Louis Philippe Houndégnon. Pour ces deux responsables, les frontières béninoises ne seront plus des territoires étrangers pour les populations locales qui y vivent. Les prouesses des éléments affectés à Igolo et environs ont été reconnues par le ministre en charge de la Sécurité publique lui-même. Simplice Dossou Codjo dit devoir la relative accalmie observée pendant la période des fêtes de fin d’année aux éléments des USSF qui, en verrouillant les frontières, ont handicapé le fonctionnement des réseaux malveillants qui remontaient le pays via les frontières pour venir opérer dans les grandes villes.
Joie de vivre et humeur retrouvée à Iwoyé
Le Bénin et le Nigeria se rencontrent à Idigny dans la commune de Kétou, plus précisément au niveau de la localité de Iwoyé. Ici, la nature, du moins la délimitation frontalière s’est montrée peu clémente. Les espaces appartenant aux deux pays s’entremêlent et il n’est pas rare que les Béninois négocient un espace en territoire nigérian avant de pouvoir rejoindre leur domicile et vice-versa. Du coup, les deux pays disposent chacun de leurs villages Iwoyé. La cohabitation sur place n’a pas été toujours chose aisée. Et une fois encore, ce sont les Béninois qui y laissent des plumes dans les différends frontaliers et autres conflits qui surgissent de la cohabitation forcée. La guerre froide est donc constante et à cela, il faut ajouter la dangerosité de cette région qui constitue un eldorado pour les trafiquants de toutes sortes qui font passer à loisir leur arsenal d’insécurité et butins.
Seulement, depuis le mois de décembre dernier, les choses ont changé. En tout cas, pour les populations béninoises, le soulagement est venu avec le déploiement des éléments des USSF. Mais avant eux, l’ABEGIeF avait déjà posé les bases du mieux-être et de l’épanouissement des populations, a déclaré l’élu local Saliou Wakil, leur porte-parole. Le chef de terre Joseph Egoujobi partage ce point de vue. Les formations données aux femmes pour la transformation du manioc, culture par excellence du coin, et la fabrication du gari, ont permis aux populations de mieux se porter, souligne-t-il. A cela s’est ajouté la sécurisation des lieux d’abord à travers un commissariat spécial et en plus avec le déploiement des éléments de l’unité mobile USSF. La vision qui a conduit à cette série d’actions, selon le directeur général de l’ABEGIeF est de permettre aux habitants de Iwoyé de tirer avantage de la proximité nigériane en faisant consommer par elles le gari, un produit très recherché de l’autre côté. Mais il reste à faire pour combler les attentes et faire restaurer le mieux-être à Iwoyé. La localité est très enclavée, difficile d’accès et l’eau courante se fait rare. Le chef de terre Joseph Egoujobi souhaite alors la construction de forages, d’un centre de santé….
Tant d’exploits en si peu de temps !
«Des demi-dieux» ! C’est ce que les éléments de la Police nationale affectés aux Unités spéciales de surveillance des frontières (USSF) sont devenus dans les localités où ils ont été déployés depuis le mois de décembre 2014, pour assurer la sécurité des espaces frontaliers. A Igolo et à Idigny, les échos de leur présence sont rapidement parvenus aux lascars du coin dont la plupart sont devenus discrets. «C’est la première fois que nous fêtons avec accalmie et dans la quiétude», ont laissé entendre des populations par endroits.
Pourtant, l’immersion des hommes en bleu n’a duré que quinze jours. Le temps qu’une autre équipe les remplace et derrière, c’est déjà les lamentations. «Nous ne souhaitons pas que vos hommes s’en aillent», insistait à Iwoyé, le chef de terre Joseph Egoujobi. L’insistance du dignitaire pour que les policiers demeurent en poste se justifie par les exploits réalisés en si peu de temps. En réalité, les hommes du commissaire Bertrand Biao n’ont pas fait dans la dentelle. Ils ont, durant leur séjour à Idigny, saisi sept sacs de 100 kilogrammes de chanvre indien, 15 sacs de 50 kg, un sac de graines, quatre armes de fabrication artisanale dont un fusil et deux motos. Ils ont aussi interpellé des individus suspects actuellement gardés pour des besoins d’enquête. Le village est même mis à l’index comme une zone de production industrielle de chanvre indien. Or, soulignent les policiers, la criminalité part de là et pour cette raison, il faut mettre un terme à la culture et au commerce de ce stupéfiant pour commencer par la freiner. Freiner ce même fléau figure en lettres capitales dans la lettre de mission du ministre de l’Intérieur. Celui-ci estime que l’assaut lancé contre la criminalité aux frontières est à la base de la quiétude dans les grandes villes. Pour cette raison, il a invité les éléments des USSF à faire fi des conditions difficiles de vie, d’hébergement et de travail qui leur ont été offertes et de n’avoir à l’esprit que la mission qui est la leur. La République le leur revaudra, a-t-il insisté avant de prendre congé d’eux.
Avant d’entamer son périple, le ministre Simplice Dossou Codjo avait déjà procédé dans la matinée du même mardi à la remise d’un lot de 46 motos avec casques et 50 000 FCFA de carburation par moto, à la direction générale de la Gendarmerie nationale, ceci en présence de son nouveau patron, le lieutenant-colonel Emile Elomon