La Nation Bénin...

Semaine nationale de la microfinance: Des réflexions pour renforcer l’inclusion financière

Société

Treize ans après la dernière édition, le Bénin relance la Semaine nationale de la microfinance, du 22 au 25 septembre à Cotonou. L’événement réunit des centaines d’acteurs nationaux et internationaux autour du thème : « La finance inclusive de l’Afrique face aux défis climatiques et sécuritaires ».

Par   Joël C. TOKPONOU, le 25 sept. 2025 à 10h29 Durée 3 min.
#microfinance au Bénin

Faire le point sur les avancées du secteur, identifier les défis actuels et tracer de nouvelles orientations stratégiques. Et surtout, réaffirmer le rôle crucial de la microfinance comme levier de développement humain, d’inclusion et de résilience. C’est l’objectif général de la Semaine nationale de la microfinance (SeNaMif) qui se déroule, du 22 au 25 septembre à Cotonou et dont le thème est «La finance inclusive de l’Afrique face aux défis climatiques et sécuritaires».

Selon Brice Dansou, directeur général de la Microfinance, ces assises représentent une opportunité unique. «Elles permettent de réfléchir, de partager et de renforcer la synergie entre les acteurs afin d’offrir de meilleurs services aux populations », a-t-il dit.

Les quatre jours de travaux sont structurés autour de rencontres stratégiques, panels thématiques, sessions de renforcement de capacités, partages d’expériences et espaces de réseautage, dans une dynamique inclusive. Les discussions portent sur la performance des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), les innovations digitales, le financement vert, les risques sécuritaires, et l’inclusion des femmes et des jeunes.

Avec cet agenda, Yombo Odanou, président du Conseil d'administration du Réseau africain des institutions de microfinance (Main), salue la forte mobilisation des participants. « Nous sommes fiers de réunir plus de 110 représentants venus de 20 pays africains. La microfinance demeure un outil d’inclusion, d’innovation et de résilience », a-t-il déclaré. Le réseau Main célèbre ses 30 ans d’existence cette année, mais ne compte pas s’arrêter là. « Les trente prochaines années devront être celles d’une microfinance plus inclusive, plus proche des réalités des populations vulnérables », annonce le président du conseil d’administration.

En quête de solutions innovantes

Le choix du thème 2025 n’est pas anodin. Il invite à penser la microfinance dans un environnement bouleversé par les changements climatiques, les crises sécuritaires et les inégalités croissantes. Valentine Adoukonou, présidente de l’Association professionnelle des Systèmes financiers décentralisés (Apsfd), y perçoit un signal fort. «Le thème de cette édition illustre l’urgence d’adapter nos modèles aux différentes mutations », fait comprendre la présidente. Pour elle, le secteur doit faire preuve de leadership et d’innovation. «C’est l’occasion d’identifier des solutions aux problèmes majeurs qui fragilisent la microfinance dans nos pays », explique-t-elle.

Le Bénin est souvent cité comme pionnier en Afrique de l’Ouest dans le secteur de la microfinance. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au compteur, on relève plus de 3,9 millions de clients actifs, 210 milliards F Cfa d’encours de dépôts, 263 milliards F Cfa d’encours de crédits, etc. Des performances qui témoignent d’une croissance continue du secteur, mais qui nécessitent des ajustements à la lumière des nouveaux défis.

Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, insiste sur l’importance stratégique de ce secteur. « La microfinance reste un levier de développement humain. Elle doit désormais contribuer à la résilience économique et à la promotion de l’entrepreneuriat, notamment chez les jeunes et les femmes », indique la ministre.

La ministre rappelle également que le secteur évolue dans un environnement réglementaire de plus en plus structuré. « La nouvelle loi impose des standards élevés de gouvernance, de transparence et de gestion des risques », souligne-t-elle.

La Semaine nationale de la microfinance permet aussi d’échanger sur les bonnes pratiques à adopter, d’évaluer les actions en lien avec le Programme d’action du gouvernement (Pag) et d’orienter les politiques publiques pour une meilleure inclusion financière.

La question du financement vert et inclusif a également occupé une place de choix dans les discussions. Stéphanie Afonso, ambassadrice du Grand-Duché de Luxembourg au Bénin, partenaire de longue date du secteur, se dit satisfaite des progrès réalisés. « Le Luxembourg est fier de jouer un rôle de premier plan dans le développement de la microfinance et de la finance inclusive », insiste la diplomate qui appelle cependant à aller plus loin. « Il faut des solutions innovantes pour bâtir une finance plus inclusive, verte et résiliente, surtout dans le contexte des crises climatiques actuelles », martèle-t-elle.

En rouvrant cet espace de dialogue après treize ans, le Bénin envoie un signal fort: la microfinance n’est plus un secteur marginal. Elle est désormais centrale dans les stratégies de développement, d’inclusion financière, de lutte contre la pauvreté et de réponse aux crises.