La Nation Bénin...
Fille
de Vivi L’Internationale et d’Oscar de Souza, célèbre guitariste béninois, Manu
Ella se fraie un chemin dans la musique. Déjà trois albums à son actif et une
carrière qui s’annonce des plus prometteuses avec une meilleure connaissance
des rouages de son métier.
Bercée
depuis sa tendre enfance par la musique qu’affectionnent ses géniteurs, Manu
Ella, de son vrai nom Emmanuella de Souza, est promise à une belle carrière
artistique, fort de ses talents de chanteuse. Celle dont la voix rappelle celle
de sa génitrice Vivi L’Internationale fait partie de cette catégorie d’artistes
qui s’assument dans la voie qu’ils se sont religieusement tracée.
Contrairement
à ce que d’aucuns pensent, l’artiste béninoise vivant en France estime que la
musique peut nourrir son homme pour peu que l’on travaille avec abnégation.
«
Tout dépend du sérieux qu'on y met, de ce qu'on cherche et de la qualité des
œuvres produites», relève-t-elle. Sans vouloir s’ériger en donneuse de leçons,
Manu Ella conseille à ses pairs de beaucoup travailler, de ne point être
pressés et d'éviter les improvisations. « On est ou on n'est pas musicien. En
musique, il n'y a pas de place pour la tricherie. C'est d'ailleurs pourquoi je
leur conseille surtout de respecter la tradition musicale qui s'appuie sur la
réalité d'un orchestre bien constitué », souligne-t-elle, au détour d’un
entretien sur le regard qu’elle porte sur la musique de son pays natal.
Rentrée
au bercail, des projets plein la tête, elle nourrit l’ambition de mettre sur le
marché des disques un nouvel album avec une collaboration avec des musiciens
béninois et entend se produire sur scène dans son pays et dans la sous-région.
Sur
les traces de sa mère qui a collaboré en 2021 avec elle sur son troisième album
à travers le titre éponyme ‘’ Lé éna non an?’’, Manu Ella a enchaîné des
sorties ces dix dernières années et partagé la scène avec sa défunte
génitrice.
Avec
trois albums à son actif, le premier intitulé ‘’Tout mon Amour’’ produit en
2010 et lancé à Cotonou, le deuxième ‘’Africa bouger’’ sorti en 2015 et le tout
dernier coproduit avec Vivi L’Internationale, la chanteuse n’entend pas s’en
arrêter là et entreprend de raviver l’allant qui l’a propulsée il y a peu
au-devant de la scène.
Du
sérieux pour s’imposer
Très
tôt, Emmanuella de Souza s’est démarquée de l’ombre de sa mère malgré la
ressemblance de leurs voix, et elle n’a ménagé aucun effort pour maintenir le
cap dans un métier de plus en plus exigeant et de moins en moins ouvert aux
aventuriers. «La vraie musique, ce n'est pas la programmation musicale mais la
créativité à partir des instruments et en live. La musique, c'est l'harmonie
des différents sons bien accordés réalisée par les membres d'un orchestre
reconnu comme tel », relève-t-elle, affichant tout son flegme.
«
Il ne suffit pas de savoir tenir un micro, d'avoir une belle voix, de savoir
jouer à un instrument pour se croire déjà dans la cour des grands. Le succès,
ça se prépare depuis l'amont. Aussi, revient-il à chaque acteur de la chaîne de
jouer sa partition. Le Bénin musical se meurt petit à petit et si rien n'est
fait, il risque de sombrer. Le succès dont nous parlons doit se construire de
l'intérieur vers l'extérieur et non l'inverse. Et pourtant ce ne sont pas les
personnes ressources qui manquent ! On a l'impression que la volonté est à
l'encouragement de la médiocrité. Que c'est dommage! L'arbitrage du ministère
de la Culture est requis pour le réveil musical attendu », fait-elle observer.
Le travail et la rigueur chevillés au corps, la chanteuse invite au
professionnalisme des acteurs qu’elle trouve parfois un peu trop emprunter dans
leur rôle.
Affectionnant
le zouk, la rumba ainsi que de la variété musicale, elle chante l'amour, la
paix et l'unité. Un brin engagée à travers certaines questions d’actualité
telles que les conflits auxquels font face de nombreux pays africains,
l’immigration des jeunes avec tous ses effets pervers notamment l'esclavage et
son cortège de morts sans fin dans la Méditerranée. « Si seulement les
gouvernants africains pouvaient accorder plus de place au social, à l'emploi
des jeunes et être à l'écoute des populations, la paix et la concorde
règneraient plus. Mais hélas, différentes formes d'égoïsme, l'inégal partage de
la richesse nationale, le chômage ambiant des jeunes et la mauvaise gouvernance
ont tôt fait le lit de ces problèmes cruciaux dont les solutions ne sont pas
pour demain. Et pourtant, l'Afrique dispose de tout ce qu'il lui faut pour son
développement. C'est donc un devoir pour nous vedettes de la chanson de
sensibiliser et de conscientiser pour que règne la paix dans nos pays »,
plaide-t-elle, assez remontée contre toutes les injustices notées sur le
continent africain.