Jubilé de l’espérance: Les dirigeants invités à des engagements de paix

Jubilé, année sainte, de grâces et de grandes faveurs.

Dans le cadre de celui de l'an 2000, j'ai été missionné de rencontrer les chefs d'État africains pour prendre dans une démarche de paix leur message dans un livre d'or, à l'occasion de notre entrée dans le troisième millénaire.

En ma qualité de coordonnateur général Bethléem 2000 pour l'Afrique, ma mission consista à emmener les dirigeants qui me recevaient à prendre un engagement de paix pour le Développement et le bien-être social de leur peuple.

Le président Gnassingbé Eyadema étant à l'époque le doyen des chefs d'Etat africains, je me suis dit une raison de plus de commencer cette mission par la terre qui m'a vu passer une partie de mon enfance, d'où viennent mes aïeuls, de l'aire Adja Tado pour s'installer à Adjohoun dans la vallée de l'Ouémé au Bénin, la deuxième vallée plus riche au monde après celle du Nil en Égypte.

C'est ainsi, le matin du 05 décembre 1999, je fis mon entrée dans le palais présidentiel de Lomé 2 à bord d'un véhicule, accompagné par les éléments de la garde présidentielle togolaise.

Sur le tapis rouge qui fut dressé à la seule personnalité reçue ce jour par le chef de l’État togolais, je levai la tête et je vis le président Gnassingbé Eyadema debout et qui me tendit chaleureusement la main et me présenta à chacun de ses collaborateurs qui étaient avec lui.

Après les salutations d'usage, il me reçut au salon d'honneur et ensemble on fit le tour d'horizon de l'actualité internationale, africaine et togolaise par rapport à ma démarche de paix pour le troisième millénaire qui commence.

Il comprit l'enjeu et savait que son engagement pourrait impacter la vie des Togolais et des Africains les 1000 ans qui viennent et que le quatrième millénaire retiendra l'héritage qu'il aurait laissé.

Aussitôt, il me demanda de trouver la possibilité pour organiser pendant l'année jubilaire 2000 un pèlerinage afin que le clergé et le gouvernement de son pays, ensemble, effectuent un pèlerinage en terre sainte pour prier le Très-Haut et solliciter son aide.

Nos discussions furent très cordiales et fraternelles, qu'il n'a pas hésité à me dire qu'il est évangélique, et me félicita pour ma mission en tant que catholique romain pour toute l'Afrique, sans distinction de religion.

Ayant pris bonne note de sa requête, je le remerciai pour la confiance placée au jeune de 29 ans d'alors et aujourd’hui 54 ans d'âge et je lui tends le livre d'or pour recueillir son message ci-après :

"Message de Son Excellence Gnassingbé EYADEMA, Président de la République Togolaise au Peuple du Monde, à l'occasion du Jubilé de l'An 2000

Au nom du Peuple Togolais, de son gouvernement et en mon nom personnel, je voudrais à ce moment solennel du Jubilé de l'An 2000 adresser à tous les hommes et à toutes les femmes, où qu'ils se trouvent sur la terre, mes vœux de santé, de paix et de prospérité.

Permettez-moi d'insister surtout sur la paix:

Paix en vous et Paix autour de vous.

A l'aube du nouveau millénaire, le Togo par ma voix, souhaite que la nouvelle ère qui s'ouvre pour l'humanité éloigne de nous la guerre qui est l'ennemie de la Paix et du Développement.

Que Dieu Tout-Puissant bénisse notre terre et apporte à tous ceux et à toutes celles qui souffrent, consolation et réconfort.

Qu'il nous accorde la grâce afin qu'ensemble, unis en lui et par lui, nous fassions de cette ère nouvelle, une ère de paix et de prospérité pour tous les hommes.

Le Togo souhaite bonne fête à toute l'humanité.
Je vous remercie.
Signé
Gnassingbé EYADEMA

Lomé², le 05 Décembre 1999

Je passai la nuit ce jour-là à Lomé avant de reprendre ma route pour d'autres destinations en Afrique. C'est alors dans la soirée , au journal du soir à la télévision nationale togolaise (TVT) de ce 05 décembre 1999, je découvris par le biais du journaliste présentateur du journal, que cela faisait cinq (05) ans jour pour jour que l'armée togolaise prenait d'assaut la salle de conférence nationale Togolaise pour suspendre ses travaux.

Que ma rencontre avec le Président Gnassingbé Eyadema pour qu'il prenne un engagement de paix pour les années 2000 coïncida avec ce jour mémorable pour les Togolais et Togolaises , j'y ai vu la main de Dieu et sa demande de pèlerinage en terre sainte pour demander l'aide du très haut m'a beaucoup touché.

Gouverner n'est pas facile, compatriotes. Car autour de celui qui a le pouvoir roulent plusieurs chapelles avec chacune leurs pressions.

Se défaire, parfois il faut s'en remettre à Dieu et avoir un appui physique solide comme ce que fut Mgr Isidore de Souza pour le président Mathieu Kérékou et qui a permis à ce dernier à un moment ultime de changer les donnes et de permettre au Bénin d'expérimenter le renouveau démocratique amorcé en 1999 et dont les 35 ans sont célébrés le 28 février 2025.

J'ai constaté dans nos discussions que le président Gnassingbé Eyadema s'en est remis totalement à Dieu un certain moment de sa gouvernance, qu'il affirma "Seul Dieu est le maître de notre souffle, s'il trouve que ce que je fais n'est pas conforme à sa volonté, c'est à lui de décider autrement".

C'est le lieu, pour moi en cette année jubilaire sainte de l'espérance d'interpeller la conscience de ceux qui nous dirigent que tout homme est une histoire sacrée et inviolable.

Le président Gnassingbé Eyadema, dans son message que j'ai recueilli, évoqua la paix sur les peuples sans savoir que cette paix deviendrait une denrée rare de nos jours avec les différentes guerres un peu partout.

Au moment où les groupes armés non étatiques (GANE) prennent d'assaut nos pays au sud du Sahara, j'implore la miséricorde de Dieu sur nos décideurs afin qu'à leur tour, ils fassent miséricorde à leurs compatriotes dans une politique de gouvernance inclusive qui appelle tous les citoyens d'une même nation à s'atteler au développement de leur pays.

Le vent d'auto-détermination réelle voulu par les Africains et qui souffle sur le continent berceau de l'humanité exige l'union de toutes les forces de chaque pays.

Au président Gnassingbé Eyadema, dans nos échanges téléphoniques après avoir quitté le Togo, j'ai pu expliquer les raisons qui m'empêchèrent d'organiser ce pèlerinage de paix et de prières dans les délais, comme il me l'avait demandé. 

Face aux grands enjeux actuels pour les nations africaines et surtout pour le Togo, mon souhait serait qu'il soit possible au président Faure Gnassingbé de permettre que les fruits tiennent les promesses des fleurs.

Que Dieu bénisse le Togo et bénisse l'Afrique !