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Amélioration des soins de santé des populations: Les merveilles du FBR à l’hôpital de zone de Banikoara

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 13 juil. 2016 à 09h00

Après 4 ans de mise en œuvre du Financement basé sur les résultats dans huit zones sanitaires de 2012 à 2015, les résultats sont concluants et motivants. C’est ce qui a valu non seulement le renouvellement du projet mais aussi son extension à toutes les autres zones sanitaires. Pour se rendre à l’évidence de la véracité des différents rapports élaborés à cet effet, une délégation de la Banque mondiale conduite par la Représentante résidente de l’institution a effectué une descente à l’hôpital de zone de Banikoara dans le département de l’Alibori. C’était lundi 11 juillet dernier.

« Voir une fois, vaut mieux qu’entendre parler mille fois », dit-on. En faisant sien cet adage, la Banque mondiale, bailleur du Financement basé sur les résultats (FBR), l’une des composantes du Programme de renforcement et de la performance du système de santé (PRPSS), a dépêché une délégation sur le terrain, afin de s’assurer de l’amélioration de la qualité des soins aux populations et du degré de leur satisfaction. Cette délégation est composée du chef projet du PRPSS à la Banque mondiale, Ibrahim Magazi, du spécialiste en économie de la santé, Maude Juquois et de la Représentante résidente de la Banque mondiale au Bénin, Katrima Sharkey. La délégation accompagnée des représentants du ministère de la Santé et coordonnateur de l’unité du PRPSS, Alphonse Akpamoli a constaté de visu l’important progrès enregistré dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins, à travers des indicateurs comme la gestion du malade, le plan d’action, la gestion du budget, des comptes, des biens et des médicaments, l’hygiène et la stérilisation. Ces indicateurs concernent également les consultations externes et les urgences, la planification familiale, le laboratoire, les salles d’hospitalisation, la maternité, le bloc opératoire. Les membres de la délégation ont pu constater le respect de ces indicateurs qui visent l’amélioration de la qualité des soins de santé. Aujourd’hui, la grille de la qualité est de 96% avec le FBR alors qu’avant, l’hôpital de Banikoara végétait dans la pire vétusté.

L’hôpital de zone de Banikoara avant FBR

La situation de la qualité des soins à l’hôpital de zone de Banikoara avant l’avènement du FBR en 2012, n’était pas du tout reluisante. A en croire le médecin coordonnateur de la zone sanitaire de Banikoara, Vidékon Odjou, dans un bilan de la mise en œuvre du FBR de la localité, le taux de recours aux soins était de 37% et le taux d’accouchement assisté était de 59 %. Le taux de couverture vaccinale était faible pour tous les antigènes du Programme élargi de vaccination (PEV), dit-il. Il a ajouté que le constat est qu’il y a un faible taux de couverture en CpoN qui était de 12% avec des insuffisances des ressources humaines dans certaines formations sanitaires qui sont donc peu ou pas fonctionnelles. A tout cela, s’ajoutent les insuffisances des ressources matérielles et financières. Ce qui explique des conditions de travail difficiles dans certaines formations sanitaires. Il n’était pas rare d’observer un faible niveau d’hygiène au sein des formations sanitaires pendant que certains centres de santé étaient sans clôture, sans énergie électrique en continu ou de dispositif de relais ou de compensation.
En dépit des stratégies que le ministère de la Santé de même que les partenaires techniques et financiers (PTF) développent et mettent en œuvre pour résoudre ces problèmes, déplore-t-il, les résultats n’étaient pas satisfaisants. Pour expliquer cette situation, il précise que les actions ne visent pas souvent les résultats au niveau des centres de santé où il est remarqué une inexistence de reddition de comptes vis-à-vis de la communauté et l’insuffisance de responsabilisation du personnel. Tout ceci baigne dans un climat social souvent délétère du fait des mouvements de débrayage dans le secteur non favorable à l'amélioration durable de la performance. Il a aussi rappelé les actions mises en œuvre qui n’étaient pas en adéquation avec les besoins des communautés. On note de ce fait, dit-il, une faible implication des communautés dans la gestion des formations sanitaires avec des comités de gestion de centre de santé (COGECS) peu fonctionnels ou inexistants. «Le FBR apparait comme une opportunité pour l’amélioration du plateau technique, des conditions de travail et des facteurs de motivation personnelle des agents », a-t-il apprécié.

Le FBR comme opportunité

Le FBR apparait aujourd’hui dans la communauté des Bani Gansè comme une initiative noble et une opportunité à saisir pour le bien-être des populations.
Le maire de Banikoara, Sarako Bio Tamou se réjouit que les agents de santé font la fierté de la commune. Ces agents, poursuit-il, ont redoublé d’efforts dans l’intervalle de quatre ans.
Quant à l’hôpital de zone de la commune dont la performance était de 49,81% en 2012, elle est passée à 95,24% en 2015 et ne cesse de progresser. Dans le but d’accroître davantage la performance, de prévenir les maladies, de réduire la mortalité infanto-juvénile, le FBR a permis l’amélioration de l’implication et de la prise en charge de relais communautaires dans la référence à temps des femmes enceints, des accouchements récents, des enfants à vacciner ou malades graves.
Le rôle des comités de gestion de centre de santé n’est pas à négliger eu égard à son importance dans les séances de sensibilisation de la population, son rôle de médiateur entre la communauté et les formations sanitaires et son implication dans le règlement des conflits.
Le médecin chirurgien, directeur de l’hôpital de zone de Banikoara depuis le 26 juin 2013, Mamadamou Bouraima, a pour sa part affirmé que la différence entre la situation des centres de santé et de l’hôpital de zone avant et après la mise en œuvre de ce projet est très importante. Il a expliqué qu’avant, c’était la vétusté. Mais avec la grille FBR qui exige certains conforts, on a été obligé de mettre les bouchées doubles. Ce qui a valu les 96% pour la grille qualité à Banikoara. Bref, on a été obligé de faire beaucoup de choses. En toute chose, rappelle-t-il, il y a le capital humain qu’on a essayé d’améliorer.
Aujourd’hui, l’hôpital de zone de Banikoara compte cinq médecins dont un chirurgien, un gynécologue et trois médecins généralistes. Le directeur émarge au budget national. Quant au gynécologue, il est recruté et mis à la disposition de l’hôpital par le FBR. Les trois autres médecins généralistes sont recrutés sur fonds propre de l’hôpital. Plus de 65% du personnel sont payés par l’hôpital. Tout se passe bien comme si on était dans un hôpital privé.
«Les populations vont là où elles pensent qu’elles peuvent être mieux soignées», fait-il remarquer. C’est pourquoi, la fréquentation de l’hôpital a pratiquement doublé voire triplé. Les malades y viennent de partout.
L’apport du FBR au niveau de l’hôpital avec les subsides permet d’abord de s’équiper, ensuite de payer aujourd’hui des salaires. Alors, avec les propres recettes de l’hôpital, on fait des réalisations. L'acquisition d'un laboratoire a notamment coûté 56 000 000 FCFA sur fonds propre de l’hôpital. Chaque année, l’hôpital fait 50 000 000 FCFA d’investissements. Au service des urgences, cite-t-il, il est exigé au moins trois infirmiers diplômés d’Etat qui sont recrutés sur fonds propres de l’hôpital. Et pour satisfaire cette grille, l’amélioration des conditions de vie et de travail de tous les acteurs s'est imposée.
Ce qu’on aurait pu souhaiter, c’est qu’on trouve vraiment un mécanisme pour la pérennisation du FBR. A cet effet, il revient à l’Etat béninois d’essayer de faire quelque chose. Tout au moins au niveau de Banikoara.?