La Nation Bénin...
Après
une interruption volontaire de grossesse (Ivg) ou une fausse couche, il est
possible d’ovuler à nouveau très rapidement. D’où l’importance d’opter pour une
méthode contraceptive sans attendre, afin d’éviter une grossesse non désirée et
de préserver la santé physique et mentale des femmes. A travers cet entretien,
Ernest Edah, agent communautaire en service à l’Association béninoise pour la
promotion de la famille (Abpf), aborde les bonnes pratiques, les délais, les
méthodes possibles et les précautions à prendre en matière de contraception
post-Ivg ou post-fausse couche.
Pourquoi est-il important d’envisager une contraception après une Ivg ou une fausse couche?
Après une Ivg ou une fausse couche, il est crucial d’adopter une méthode contraceptive pour prévenir une grossesse non désirée, car l’ovulation peut reprendre rapidement. De plus, cela permet à la femme de planifier une future grossesse dans des conditions optimales pour sa santé physique et mentale. Au Bénin, la loi n° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction reconnaît le droit des femmes à accéder à des services de planification familiale, y compris après une Ivg ou une fausse couche.
À quel moment peut-on biologiquement retomber enceinte après une Ivg ou une fausse couche?
Biologiquement,
une femme peut ovuler dès 10 à 14 jours après une Ivg ou une fausse couche, ce
qui signifie qu’une nouvelle grossesse peut survenir rapidement si aucune
contraception n’est utilisée. Il est donc recommandé de commencer une méthode
contraceptive immédiatement après l’événement.
Existe-t-il une différence entre le délai de reprise d’une contraception lorsqu’il s’agit d’une Ivg médicamenteuse ou d’une Ivg chirurgicale ?
Oui. Pour l’Ivg médicamenteuse, les contraceptifs hormonaux peuvent être commencés immédiatement. La pose d’un DIU est recommandée une à deux semaines après, lors de la consultation de suivi. Pour l’Ivg chirurgicale : les contraceptifs hormonaux et le DIU peuvent être proposés immédiatement après l’intervention, sauf contre-indications.
Quel est le meilleur moment pour débuter une contraception après une fausse couche?
Cela
dépend du type et du stade. Une fausse couche précoce (avant 12 semaines)
demande une contraception hormonale immédiate ou un-DIU à poser lors du suivi.
Pour une fausse couche tardive, il est recommandé d’attendre 2 à 3 semaines,
une fois que l’utérus a repris sa taille normale et que les saignements ont
cessé.
Quels types de contraception peuvent être proposés immédiatement après une Ivg ou une fausse couche?
Il existe des méthodes hormonales: pilules, patchs, implants, injections. Le DIU (cuivre ou hormonal) immédiatement ou lors du suivi. Il faut compter également les méthodes barrières à savoir les préservatifs et autres diaphragmes. Et pour finir, la catégorie des contraceptions d’urgence en cas de rapport non protégé.
Y a-t-il des contre-indications ou précautions particulières pour certains moyens contraceptifs dans ce contexte?
Les méthodes hormonales sont contre-indiquées en cas de thrombose, maladie hépatique ou cancer hormonodépendant. Le DIU l’est en cas d’infection génitale, malformation utérine ou saignements inexpliqués.
Comment se déroule le choix de la méthode contraceptive après une Ivg ou une fausse couche? Le rôle du consentement est-il renforcé à ce moment-là?
Le
choix repose sur une discussion éclairée entre la femme et le professionnel de
santé. Le consentement éclairé est fondamental, notamment après une Ivg ou une
fausse couche, période souvent émotionnellement difficile. La loi béninoise
garantit le droit à l’information et au consentement en matière de santé
reproductive.
Les dispositifs intra-utérins (stérilets) peuvent-ils être posés tout de suite après l’intervention?
Oui, après une Ivg chirurgicale, un DIU peut être posé immédiatement. Après une Ivg médicamenteuse ou une fausse couche, il est préférable d’attendre une à deux semaines pour s’assurer que l’utérus est vide.
Quel accompagnement psychologique ou émotionnel est proposé aux femmes dans le cadre du choix contraceptif post-Ivg ou post-fausse couche?
Au Bénin, la loi reconnaît le droit à un accompagnement global. Des services de soutien psychologique peuvent être proposés selon les structures de santé. Les professionnels doivent offrir un soutien émotionnel et orienter si besoin.
Quelles sont les idées reçues ou erreurs fréquentes que vous observez chez les patientes après une Ivg ou une fausse couche, concernant la contraception?
La plupart du temps, il s’agit de croire qu’on ne peut pas retomber enceinte immédiatement; penser que la contraception est inutile, sans règles; craindre les effets secondaires sans justification médicale ; penser que le DIU est dangereux après une Ivg ou une fausse couche.