La Nation Bénin...
Du 4 au 6 mars dernier à Cotonou, ont eu lieu les premières rencontres Nord/Sud de l’automédication et de ses déterminants. L’importance de ces rencontres consiste à prévenir les dangers liés à cette pratique qui a cours au quotidien non seulement dans les pays en développement mais aussi dans ceux industrialisés.
Prendre un médicament contre une migraine ou des maux d'estomac sans un avis médical est devenu une pratique courante. Cette pratique dénommée automédication est définie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens. Même si l’automédication est autorisée pour soigner certaines maladies, elle présente des risques très nuisibles à la santé.
Pour certains spécialistes, elle est bien utile pour soigner un rhume, des règles douloureuses, un mal de tête, des ballonnements, une constipation passagère, une légère anxiété et bien d’autres maladies. Selon l’OMS, l’automédication responsable consiste pour les patients à soigner certaines maladies grâce à des médicaments autorisés, accessibles sans ordonnance, sûrs et efficaces dans les conditions d’utilisation indiquées. Les médicaments d’automédication ont fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). ils ont un rapport bénéfice/risque favorable, au même titre que les médicaments de prescription. Ils sont donc régis par les mêmes règles de sécurité, de suivi et de dispensation. Or, si ce système présente des avantages, calme les douleurs et remet sur pied dans la plupart des cas, l'automédication peut s'avérer une pratique à risque et nuire gravement à la santé.
Du commun paracétamol aux pilules pour stopper une diarrhée, en passant par les sirops contre la toux, la prise de médicaments sans prescription médicale est une pratique courante. Reste que, si ces médicaments sont efficaces, ils sont potentiellement dangereux. Ceux qui font l’automédication, jouent donc un peu leur santé à pile ou face.
Les dangers de l’automédication
Les spécialistes de la santé font ressortir que la prise d'un médicament sans ordonnance, peut aggraver certains maux, au lieu de les soigner. En effet, «toute prescription médicale impose une réflexion sur les effets souhaités du médicament et ses effets secondaires». L'automédication est dangereuse par la méconnaissance de cet équilibre, disent-ils, avertissant qu'«un surdosage, une interaction avec un autre traitement en cours ou une pathologie annexe» peuvent faire pencher la balance du coté des effets indésirables.
Ainsi, le premier risque d'une automédication pourrait être de ne pas avoir fait le bon diagnostic et de ne pas se soigner efficacement. Des maux de tête répétitifs peuvent cacher un mal bien plus grave ; une toux traînante peut signaler des problèmes gastriques et un retard de diagnostic peut aggraver la situation.
Le second risque de cette pratique concerne les interactions.En effet, les médicaments disponibles sans ordonnance, sont des médicaments à part entière. Ils peuvent interagir avec de nombreux traitements. Par exemple, au cours d'une consultation médicale, le fait d'oublier de mentionner à votre médecin que vous avez pris certains médicaments peut provoquer un diagnostic erroné, car ceux-ci peuvent retarder certains symptômes et surtout fausser l'interprétation de résultats biologiques.
Ou encore, si vous suivez un traitement régulier, il est vivement déconseillé d'avoir recours à l'automédication. Cela pourrait provoquer des effets indésirables ou une diminution de l'efficacité du traitement. La prise d'Ibuprofène (anti-inflammatoire), par exemple, peut modifier l'efficacité de traitements contre l'hypertension artérielle. Prendre un pansement gastrique peut empêcher l'absorption d'autres médicaments. La prise d'alcool peut également modifier l'efficacité de certains médicaments et augmenter les risques d'accidents.
Comment éviter les dangers de l’automédication ?
Pour éviter les dangers, conseille l’OMS, il convient de respecter un certain nombre de règles, comme consulter son pharmacien, afin qu'il explique les indications et contre-indications d'un médicament acheté sans ordonnance. Par exemple, le paracétamol recommandé en première intention en cas de fièvre ou de mal de ventre, est toxique chez l'insuffisant hépatique; les anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont contre-indiqués à l'insuffisant rénal et à la femme enceinte ; l'Aspirine est dangereuse pour le nourrisson en cas d'infection virale.
L'automédication a ainsi des limites du fait que les prises simultanées de médicaments contre-indiqués peuvent causer d'autres réactions menant à des hospitalisations. Cette pratique est surtout à éviter dans les cas suivants : insuffisance rénale, maladie du foie, maladie chronique avec traitement comme diabète, maladie psychiatrique et hypertension. Il faut aussi savoir que l'automédication est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes, pour celles qui allaitent et pour les bébés.
Une des conditions de réussite de l’automédication est sans conteste une bonne information du patient, tant sanitaire qu’économique. Proposer aux patients, aux pharmaciens d’officine et aux médecins une offre adaptée de médicaments d’automédication est également un enjeu important. Le développement de l’automédication doit se faire dans le respect des exigences de sécurité.