La Nation Bénin...
L’éducation à la santé sexuelle des jeunes et
des adolescents a un fort impact au plan social et économique. L’évaluation des
programmes déployés dans ce cadre a accouché de résultats appréciables
présentés aux parties prenantes, aux partenaires et au gouvernement béninois,
mercredi 6 décembre à Cotonou, par les consultants commis à cet effet.
Sur un délai de retour de six ans, chaque franc
investi dans l’Education à la santé sexuelle (Ess) des adolescents et jeunes
rapporte 3,5 francs. Au bout de dix ans, cela rapporte 5,15 francs. C’est la
conclusion à laquelle est parvenu Ousmane Faye, économiste et consultant
international spécialiste des questions de populations au terme de l’évaluation
du projet
« Amélioration de la santé sexuelle et
reproductive des adolescents et jeunes au Bénin ». Les travaux de restitution
de l’étude réalisée dans ce cadre ont été présentés à Cotonou, mercredi 6
décembre. « Globalement quand tous les effets du programme auront fini de
jouer, il rapportera 4,20 milliards de francs Cfa par an. L’évaluation la plus
basse et la moins élevée donne 4,5 milliards par an », précise le consultant
qui assure que les outils d’évaluation les plus robustes en économie ont été
utilisés pour en arriver à ce résultat. « Ce programme est rentable et rapporte
de l’argent comme un projet financier », assure Ousmane Faye. « En éduquant les
jeunes et adolescents à la santé sexuelle et reproductive, en leur permettant
de connaitre leur anatomie et leurs corps, en les poussant à éviter les Ist, en
favorisant la baisse des grossesses précoces, en créant une rétention scolaire
beaucoup plus longue pour les jeunes, pour les apprentis, il y a un effet de
création de richesse assez fort», apprécie le consultant.
La mission assignée à cette équipe de
validation, selon le représentant résident du Fnuap au Bénin, Dr Richmond
Tiémoko, c’est de voir en quoi le programme d’éducation à la santé sexuelle au
Bénin est rentable à travers une évaluation économique et financière. Ce qui en
ressort, indique-t-il, c’est que l’investissement dans la santé sexuelle est un
investissement juste et rentable au niveau social et économique. « Quand on
investit dans l’éducation sexuelle des adolescents et des jeunes, il y a un
retour économique. Presque chaque année, cela peut générer près de quatre
milliards de nos francs », explique-t-il. Mais c’est la contribution à
l’amélioration de la qualité de la vie de ces jeunes et au-delà, de leurs
communautés et parents qui préoccupe Dr Richmond Tiémoko. Il apprécie le retour
sur investissement au niveau de l’individu, de la communauté et au niveau du
bien-être. Qu’il s’agisse des classes ou des lieux et centres d’apprentissage,
cette évaluation montre qu’il y a un rendement positif, économique et social.
Belle avancée
Le projet « Amélioration de la santé sexuelle
et reproductive des adolescents et jeunes au Bénin » s'inscrit globalement dans
le cadre de la coopération bilatérale entre le Bénin et le Royaume des Pays-Bas
et de l'appui stratégique que le Fnuap apporte au gouvernement pour la mise en
œuvre du plan d'action de la Conférence internationale sur la population et le
développement (Copd) au-delà de 2014 et des Objectifs de développement durables
(Odd). Le projet a pour objectif de « réaliser les droits à la santé sexuelle
et reproductive des adolescent(e)s et jeunes du Bénin à travers l'accroissement
de la disponibilité, de l'accessibilité et de l'utilisation des informations et
services adaptés à ce groupe d'âge ». L'ambition est de contribuer à la
réduction des besoins non satisfaits en contraception, à la prise en charge des
infections sexuellement transmissibles et plus spécifiquement à la réduction du
nombre des grossesses précoces des jeunes filles au Bénin. Après la phase
pilote de 2017-2019, une phase d'extension et de renforcement a démarré en 2020 et court jusqu'en 2024 dans 11
communes des trois départements que sont l'Atlantique, l'Atacora et l'Alibori.
A ce jour, 1050 établissements d'enseignements
primaire, secondaire, technique et de la formation professionnelle proposent
des cours d’Ess pertinents et adaptés au contexte social béninois suivant la
méthode de l'infusion pédagogique. 8471 enseignants sont formés dans les
différents cycles d'enseignement et plus de 870 000 adolescents et jeunes du
milieu scolaire et extrascolaire sont touchés. « Il faudrait soutenir ce
programme pour davantage éduquer les jeunes à comprendre les enjeux de la
sexualité parce que c’est utile pour l’économie et socialement rentable »,
exhorte le représentant résident du Fnuap. « C’est un programme rentable, le
gouvernement doit passer à l’échelle pour le généraliser », suggère Ousmane
Faye.