La Nation Bénin...
L’autonomisation
des jeunes et femmes reste un enjeu majeur pour le développement économique et
social en Afrique. Dans cette interview, Sèdami Agboton, coach certifié John
Maxwell, formateur en leadership et mentor pour les femmes entrepreneures,
partage son analyse des politiques publiques, des obstacles et solutions pour
promouvoir une égalité des chances.
Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les jeunes et les femmes dans leur quête d’autonomie ?
L’accès
limité à l’éducation est un problème récurrent, en particulier pour les filles,
qui sont souvent victimes de stéréotypes culturels et de normes sociales
notamment en milieu rural. Les jeunes, en particulier les diplômés, font face à
des difficultés pour s’insérer sur le marché de l’emploi en raison de la
discrimination et du manque d’opportunités. Les femmes sont souvent cantonnées
à des rôles subalternes et ont moins d’opportunités de leadership ou
d’avancement.
Enfin, les stéréotypes culturels qui attribuent aux femmes des rôles traditionnels, comme la gestion du foyer, les limitent également dans leurs ambitions professionnelles et sociales.
Les politiques publiques actuelles sont-elles adaptées, selon vous, pour promouvoir l’autonomisation des jeunes et femmes ?
Au
Bénin, les politiques publiques en faveur de l’autonomisation des jeunes et
femmes montrent des progrès significatifs, mais des défis importants
persistent. Par exemple, le Programme Spécial d’Insertion dans l’Emploi (Psie)
au Bénin est une initiative gouvernementale visant à lutter contre le chômage
des jeunes.
Cependant,
la couverture reste insuffisante, surtout dans les zones rurales, où les
infrastructures éducatives et professionnelles manquent encore cruellement. En
2021, le lancement du programme Microcrédit Alafia a été une initiative phare
pour soutenir les femmes dans leurs activités génératrices de revenus.
Malgré
cela, des études locales, notamment celles de l’Insae, révèlent que l’accès au
financement reste difficile pour de nombreuses bénéficiaires, souvent en raison
du manque de garanties et de faibles niveaux d’éducation financière. Le
parlement béninois a vu passer la représentation féminine de 7 % à 11 % en
2023.
Toutefois, cette évolution demeure en deçà des attentes, car de nombreuses femmes continuent de faire face à des obstacles structurels, tels que les normes culturelles et le manque de soutien familial ou institutionnel.
Comment l’éducation joue-t-elle un rôle clé dans l’autonomisation?
L’éducation
est fondamentale dans l’autonomisation des jeunes et femmes, car elle constitue
la base sur laquelle repose leur capacité à s’intégrer pleinement dans la
société et à contribuer au développement économique. Elle permet de développer
des compétences professionnelles, ce qui accroît l’employabilité des jeunes,
tout en offrant aux femmes les outils nécessaires pour prendre part activement
à la vie économique et politique.
Quels types de soutiens sont essentiels pour développer les entreprises dirigées par des femmes et jeunes ?
L’accès
au financement demeure un des principaux obstacles, et des initiatives comme
des programmes de microfinance, peuvent aider à surmonter ce défi.
En
outre, l’accompagnement technique et la formation sont cruciaux pour permettre
aux entrepreneurs jeunes et femmes de se former à la gestion d’entreprise, au
marketing et à l’utilisation des nouvelles technologies.
Des programmes de mentorat pour les entreprises dirigées par des femmes, peuvent aider celles-ci à surmonter les défis et atteindre leurs objectifs. Enfin, les réseaux d’entrepreneurs jouent également un rôle clé en facilitant l’accès à des opportunités de partenariat et de marché.
Comment encourager les jeunes et femmes à occuper des postes de responsabilité ?
Tout
d’abord, il faut créer de réels programmes de leadership dédiés aux femmes et
jeunes en Afrique. Des programmes crédibles et pratiques visant à leur fournir
les compétences et la confiance nécessaires pour assumer des rôles de
responsabilité. L’instauration de quotas dans les parlements et autres
instances décisionnelles, comme l’exemple du Rwanda, qui a réussi à atteindre
un taux élevé de représentation féminine au sein de son parlement, est
également une mesure efficace pour garantir une meilleure représentation.
Enfin, la promotion de modèles de rôle, notamment des femmes et jeunes leaders dans les secteurs public et privé, peut inspirer et motiver d’autres jeunes et femmes à aspirer à ces positions de leadership.
Comment les nouvelles technologies peuvent-elles être des leviers pour l’autonomisation?
Les nouvelles technologies facilitent l’accès à l’information, à l’éducation, et au marché, ce qui permet à ces groupes de développer de nouvelles compétences et d’exceller dans des activités économiques. L’utilisation des technologies numériques, telles que les sites de commerce en ligne ou les réseaux sociaux, permet aux jeunes et femmes de développer leur propre entreprise, d’élargir leur réseau professionnel et d’avoir une visibilité à l’échelle nationale et internationale.
Comment les mentalités peuvent-elles évoluer pour favoriser l’égalité des chances ?
Faire
évoluer les mentalités pour favoriser l’égalité des chances nécessite des
changements profonds au niveau des perceptions culturelles et sociales.
La
sensibilisation à l’égalité des sexes, à travers des campagnes éducatives dans
les écoles, les médias et les communautés est essentielle.
Il est également important de promouvoir des modèles positifs de femmes et de jeunes leaders dans différents secteurs. Aussi, des actions concrètes au sein des familles et dans la société en général, pour encourager l’égalité des genres, sont nécessaires pour réduire les préjugés et promouvoir une véritable égalité des chances.
Quels sont les bénéfices collectifs (économiques, sociaux, politiques) liés à l’autonomisation des jeunes et femmes ?
D’un point de vue économique, l’autonomisation des jeunes et femmes conduit à une croissance inclusive et à une meilleure répartition des richesses. Socialement, elle favorise une société plus stable, moins sujette aux conflits sociaux, et valorisant la diversité. Sur le plan politique, l’implication accrue des femmes et jeunes dans la prise de décision mène à une gouvernance plus équitable et à des politiques publiques plus inclusives.
Que faites-vous à votre échelle pour l’autonomisation des jeunes et femmes ?
À mon échelle, je m’engage activement dans des initiatives qui soutiennent l’autonomisation des jeunes et femmes, en particulier dans les domaines du leadership et de l’entrepreneuriat. Par exemple, à travers l’Académie du Leadership, je forme des jeunes et femmes afin qu’ils développent leurs compétences en gestion, en leadership, en développement personnel et en communication. Je participe également à des programmes de mentorat pour aider les femmes à démarrer et à gérer leurs entreprises, en fournissant un accompagnement pratique et des ressources pour surmonter les défis liés à l’entrepreneuriat. Mon objectif est de contribuer à créer un environnement où les jeunes et femmes peuvent pleinement réaliser leur potentiel.